
Ils seront quatre sur la ligne de départ de la Brest Atlantiques. Quatre trimarans Ultim 32/23, soit douze coques, et autant de bonshommes. Un long run qui se court en double avec un mediaman et qui partira ce dimanche 3 novembre de Brest. Les conditions météos attendues s’annoncent musclées avec des vents à 40 nds, de quoi peut-être envisager de retarder le départ de 24h ou de quelques heures, le temps de laisser passer la dépression.
Au trimaran MACIF, François Gabart, Gwénolé Gahinet et donc Jérémie Eloy, feront face le trimaran Sodebo Ultim, le maxi Edmond de Rothschild et Actual Leader. Les trois teams, aux arguments différents, se questionnent sur la vitesse et la fiabilité, du trimaran MACIF, et cela suscite la vigilance de François Gabart. « Je suis ravi qu’ils s’interrogent sur le potentiel du trimaran MACIF car, nous aussi, nous les regardons de près, explique le skipper. Nous avons face à nous les meilleurs marins du large de la planète. Sodebo a un potentiel de progression énorme et, dans une course aussi longue que la Brest Atlantiques, Actual Leader, qui a plusieurs tours du monde au compteur, peut nous surprendre parce qu’il est le bateau le plus fiabilisé. Quant à Edmond de Rotshchild, c’est un bateau fabuleux, capable d’aller très vite. Il était le plus rapide lors de la préparation de la Route du Rhum 2018. Est-ce que nous pouvons réduire l’écart ? Peut-être, mais pas au point de faire du trimaran MACIF le plus rapide des quatre. Et ce n’est pas ça qui va me faire croire qu’on ne peut pas gagner ».
Objectif fiabilisation
Cet été, le trimaran MACIF a été l’objet de bien des soins, principalement tournés vers la fiabilisation, et qu’il en est ressorti quelques heureuses progressions. « Les modifications liées à la performance de MACIF paraissaient marginales sur le papier, mais j’ai été surpris de certains gains, s’enthousiasme François Gabart. Ce n’était pas attendu parce que l’objectif initial était d’être capable de maintenir le trimaran MACIF dans la performance sur des temps longs. Ce qui est génial à vivre, c’est que chaque navigation nous permet de poursuivre nos objectifs de progression. Et je parie que, sur la course, nous allons continuer à apprendre sur les capacités du trimaran MACIF. C’est chouette techniquement, ça l’est aussi humainement parce que la marge de découverte reste ouverte ».
François connaît son bateau MACIF depuis quatre ans, ses nouveaux foils depuis un an et demi… « et Gwénolé et Jérémie, c’est plus récent. On va maintenir une dynamique de découverte d’un bout à l’autre de la Brest Atlantiques : sur une telle course, le potentiel de l’équipage dans le maniement du bateau est fondamental. Ceux qui gagneront seront ceux qui auront su préserver cette dynamique ».
Le trimaran MACIF va aussi voler
Souvent. Beaucoup ? 50% du temps, comme l’estiment certains parmi les autres skippers ? « Ce n’est pas simple d’estimer ce temps, juge François Gabart, parce que les coques du trimaran MACIF touchent l’eau régulièrement. Je veux bien accepter ce chiffre à condition que, en bon ingénieur, j’y ajoute ou retire 25% d’incertitude. Si on devait passer 50% du temps au-dessus de l’eau sur près d’un mois, cela nous offrirait environ 360 heures de vol. Même les marins de la Coupe de l’America ne sont pas arrivés à ça, entraînements compris ! » Pour y parvenir, il faudra bien sûr compter sur une mer et une météo favorables, et aussi sur une approche la plus juste d’un parcours qui, s’il offre une première partie connue de tous, jusqu’à Rio de Janeiro, ouvrira ensuite quelques nouvelles portes.