« Je viens d’affaler la grand-voile. Je suis à une demie heure de Bluff. Fin de l‘histoire, ça se termine là. J’ai eu un lever de soleil incroyable, je ne sais pas d’où il sortait. En ce moment, les sentiments sont compliqués. Ca se bouscule dans ma tête. D’un côté, je suis triste d’arrêter là, de l’autre, je suis heureux d’avoir réussi à ramener mon bateau. Les dernières heures n’ont pas été faciles. Les conditions ont été dures. J’ai plusieurs fois eu le doigt sur le bouton de la balise, car je n’arrivais plus à faire route. J’avais 45 nœuds, 50 nœuds régulièrement. A un moment, j’ai cru que j’allais le perdre. C’était la dernière chose dont j’avais envie, même si ça va être compliqué de le réparer. Je suis content d’arriver dans un port et de ne pas rentrer en hélico.
Ce choc d’il y a trois jours, c’est vraiment la hantise de tous les marins, je comprends mieux pourquoi. On se dit que ça peut arriver, mais on se dit surtout que ça peut arriver aux autres. C’est ma première grosse avarie en mer. C’est violent, je ne le souhaite à personne. Il va falloir du temps pour digérer. J’ai eu beaucoup d’avaries mais dans ma tête j’ai toujours été en course. Je savais que c’était terminé au moment de l’impact. Tu bascules dans un autre mode. Je suis fatigué.
Il faut que je prenne du recul. Je reçois beaucoup de messages d’encouragement. Je sais que les gens vont vouloir me rassurer, mais je suis tellement déçu de ne pas finir ce tour du monde… J’aurais tellement voulu arriver aux Sables d’Olonne avec mon bateau. C’est dur d’arrêter un projet comme ça qui demande de l’énergie et du cœur. Tout ça s’arrête aujourd’hui. »
” J’ai plusieurs fois eu le doigt sur le bouton de la balise ” Thomas Ruyant
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