Éric Bellion fait le dos rond

Illustration of Eric Bellion (FRA), skipper Comme Un Seul Homme, prior to the Vendee Globe 2016, solo circumnavigation race starting on november 6, in Lorient, south brittany, training off Groix on september 24, 2016 - Photo Jean Marie Liot / DPPI / Vendee Globe

C’est il y a une semaine, déjà, qu’Éric Bellion a connu ses problèmes de safran mais les stigmates sont toujours là. « Ces deux vracs m’ont beaucoup marqué » rappelle le skipper qui note que cet Océan Indien est imprévisible, avec des vents passant du simple au double – de 20 à 45 nœuds – sans crier gare. La dépression qui va bientôt cueillir Éric et ses camarades (Alan Roura, Rich Wilson, Enda O’Coineen) est sans doute la plus violente de ce début de Vendée Globe et le skipper de COMMEUNSEULHOMME privilégie la prudence. Il cherche donc à se positionner le plus nord possible, quitte à rallonger la route de manière significative pour atténuer l’impact. Il s’attend tout de même à des vents de 50 nœuds lorsqu’il croisera à la longitude des Kerguelen, d’ici 24 heures.

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« J’ai des conditions pas terribles et très changeantes, entre 25 et 40 nœuds. Je suis en train de faire du Nord. Je ne vais pas du tout dans la bonne direction, mais je dois aller manœuvrer la dépression qui arrive. Ce n’est pas des conditions idéales car de temps à temps tu passes de 12 à 22 nœuds avec la toile que tu portes et tu plantes jusqu’au mât ! La dépression qui vient d’Afrique du Sud est très Nord, donc il faut beaucoup remonter pour aller la surfer en haut. J’ai empanné vers 1h du matin car elle va être à mon avis assez agressive. Je préfère monter quitte à perdre beaucoup de route. J’essaie de naviguer en bon marin. Déjà être là, dans le Vendée Globe sur ces bateaux-là c’est quelque chose que je mesure comme étant exceptionnel pour un marin comme moi. Donc je fais mon boulot de marin, j’essaie de me préserver et de préserver le bateau et de naviguer le mieux possible. Depuis le début le classement n’a pas été mon histoire et là dans le Sud, encore moins… »

« Mon alarme de vent n’arrête pas de sonner : t’as 20 nœuds de vent et tout d’un coup c’est 30 nœuds ! Je viens de faire un petit départ au tas avec toutes les écoutes qui ont fait un imbroglio et j’ai dû aller à l’avant tout défaire. Mais bon voilà, c’est le Vendée Globe, c’est l’Indien ! Tous les jours tu as la trousse à outils sortie, mais tout le monde a ses petits soucis. Le Vendée Globe est une course par élimination et tu ne peux pas laisser un problème au lendemain… car tu sais que demain tu auras un autre problème ! Le moral est bon même si de temps en temps j’ai un petit coup de vertige en me disant qu’il reste deux mois de mer et qu’est-ce que je fous là ? D’un autre côté on est là pour ça, pour vivre des choses comme ça et je suis content d’être là. Je ne donnerais pas ma place, j’ai envie de continuer. Je vis au jour le jour, je vise la fin de la journée. Déjà, le cap Leeuwin est le seul grand cap qui me manque dans ma vie de marin et je fais de mon mieux pour y arriver. »