Nous avons eu la chance de rencontrer Morgan Lagravière ce matin au PC Course du Vendée Globe. Le Skipper de Safran s’est confié sans langue de bois après son abandon suite à une collision avec un Ofni au large du Cap de Bonne-Espérance. Rentré à Paris, il n’est plus dans la course mais une part de lui-même y est encore un peu. Un passage difficile pour un marin que Morgan mieux qu’un autre parvient à décrire avec l’émotion qu’on lui connait ou que l’on a découvert à travers cette édition.
“Soulagement que cela s’arrête“, c’est les mots qu’il a prononcé quelques heures après son avarie. Des mots qui peuvent laisser perplexes un sponsor ou le public mais qui ont le mérite d’être dits tout hauts quand tous les marins du Vendée Globe le pensent tout bas. Sur un Imoca à foil, naviguer à bord est presqu’inhumain, voir surhumain. Passer le moment de l’avarie, de la décision d’abandonner, on peut comprendre le soulagement. A défaut de pouvoir continuer, on y gagne au moins un retour à la vie normale après “l’enfer”.
Comme toutes le courses, il y a des hauts et des bas et Morgan les aura tous vécus. Comme tous les autres concurrents, il a eu son lot de problèmes à gérer au quotidien sur ses voiles, son informatique. Des problèmes sur lesquels il n’aura pas voulu communiquer pendant sa course parce que c’est le lot quotidien finalement des skippers.
Forcément il est déçu, une déception parfois surprenante : celle du compétiteur à qui il a manqué de pouvoir régater au contact. Le moment où le solitaire en course doit faire avancer au mieux son bateau seul au monde des centaines de milles derrière les leaders, des centaines de milles devant des poursuivants. Dans ces moments-là, les vacations deviennent des moments sympas où l’on peut parler à la terre, se réveiller le matin et penser à ce que l’on va dire après et même parodier l’une des émissions connues de la Réunion, son île natale.
Morgan est rentré en avion. Il aurait pu faire le convoyage retour mais il en a laissé le soin à son équipe, à Roland Jourdain qui en avait l’envie et aux autres membres de l’équipe qui vont pouvoir préparer la suite et travailler dessus.
La suite, Morgan ne la connaît pas encore. Il est trop tôt, il est encore marqué par ce qui pour lui ressemble pour le moment encore à un échec quand tous le monde salue sa performance. La relation nouée avec Roland Jourdain prend tout son sens. Celle de la transmission de l’expérience en course au large. Une transmission qui pourrait se faire également sur la prochaine Jacques Vabre en vue d’une Route du Rhum. L’étincelle du compétiteur brillant est encore là.