Le scénario de la course en Class40 a été fantastique et cette classe mérite qu’on s’y intéresse davantage. Les marins eux-mêmes n’en reviennent pas. Après une traversée supersonique de l’Atlantique avec des records de vitesse, ils retrouvent à quelques milles de l’arrivée, les mêmes protagonistes, et les mêmes conditions de vent faibles et erratiques du golfe du Saint-Laurent avec une arrivée incroyable où tout s’est joué à seulement 15 miles de l’arrivée.
Le dernier acte du formidable spectacle livré par les 19 Class40 s’est montré toute la journée, en suspens et en rebondissement, à la hauteur du féroce combat livré en Atlantique. Après quelques frayeurs, le formidable Espagnol Gonzalo Botin et ses hommes du Real Club Maritimo de Santander ont franchit la ligne d’arrivée à 18h. Son temps de course sur les 2 897 milles du parcours est de 11 jours, 22 heures, 42 minutes et 56 secondes, à la moyenne de 10,64 nœuds. Il a parcouru sur le fond la distance de 3 000,05 milles nautiques, à la moyenne de 10,81 nœuds.
Dans son sillage, ce sont deux femmes Isabelle Joschke et Catherine Pourre qui prennent la deuxième et troisième place sur Generali et Earendil. Un podium qui fait écho à l’article que nous avions écrit dans le dernier Course au Large sur la Course au Large au féminin.
Isabelle Joschke, grande animatrice en mai dernier de The Transat grimpe pour la première fois sur le podium à bord de son Generali Horizon Mixité, un Akilaria RC3 de 2013 en passant à 10 miles de l’arrivée les deux redoutables Mach 40 Solidaires en Peloton – ARSEP (Thibaut Vauchel-Camus) malheureux sur cette fin de course, et Eärendil (Catherine Pourre). L’autre belle surprise est aussi de voir aux avant postes, les jeunes malouins de Jules Bonnier à bord de Cora Moustache Solidaire, un Tyker 40 de 2010 qui prend la 4è place.
Ils ont dit
Jules Bonnier – Cora – Moustache solidaire
« C’est la grande bagarre! Nous sommes à 10 longueurs d’Eärendil, et 30 derrières Generali-Horizon Mixité. On est bien revenu cette nuit. On a eu de bonnes phases. On est resté sur un cap plein est, avant de tomber ce matin dans la pétole. Je pense qu’on a eu de la pression un peu plus longtemps. Quel bonheur quand on les a vus juste devant au petit matin. C’est fou! cette course se termine comme elle a commencé. Il y a deux bateaux plus au nord, Phil Sharp et Armel Tripon. On avance à petite vitesse. On fait un drôle de près, sous code O! On suit la progression de nos adversaires à l’AIS. On surveille leur cap et leur vitesse. On avait 70 milles de retard en sortant du Saint-Laurent. On est super content. »
Benoit Charron – Région Normandie
« Atelier couture à bord. On essaie de réparer ce qu’il reste de notre spi. On progresse sous gennaker, dans un petit souffle venu du sud-ouest. On a eu du vent cette nuit, et ce matin, tout est tombé. Il y a un très fort courant à la terre, à cause du gros coefficient de marée. De toute façon, on n’a plus de spi après en avoir perdu un dès Saint-Pierre. On s’était bien habitué à la grande cavalcade dans l’Atlantique. Et tout à coup, on n’avance plus qu’à 5 nœuds! Ça fait drôle ! Mais c’est la régate. On passe vite à autre chose. L’espagnol (Gonzalo Botin ndlr) est formidable. Il nous donne une belle leçon. Chapeau aussi à Isabelle, et aux jeunes malouins de Cora Moustache solidaire. »
Antoine Carpentier – Eärendil
« On est au contact! C’est lent, mais c’est chaud quand même. Les places de 2ème à 7ème se jouent en deux milles! On essaie d’enlever les paquets d’algues qu’on traine, afin de préserver le peu de vent que l’on crée. On est à côté des Malouins de Jules Bonnier! Ils sont super à l’aise dans le petit temps. C’est assez désarmant de se retrouver au contact dans la molle avec des bateaux beaucoup plus anciens. On a arrêté de regarder l’espagnol (Gonzalo Botin). Il va vraiment vite. On doit encore négocier le courant. Il faut se faire mal pour avancer. On est fatigué, mais la fin est proche… » Phil Sharp – Imerys
« On a un peu perdu le contact avec le groupe leader. Cette course est « amazing »! On a peur de reculer tant le vent est faible, et le courant fort. Je préférerai être plus à terre, mais c’est ainsi que nous sommes arrivés, avec un bon angle, de l’Atlantique. On reste concentré jusqu’au bout. L’équipage est très fort moralement. On est surpris de voir revenir tant de bateaux. On sera là ce soir pour l’apéro… »