Multis 60 pieds : un grand chantier

Grand Prix de Portimao
DR

Un an après une transat Jacques Vabre, qui les avait malmenés et affaiblis , les multis sont sortis grandis d’une magnifique Route du Rhum. 11 bateaux sur douze ont rallié Pointe à Pitre au lieu de trois sur 18 en 2002. Une seule unité avait été perdue, Orange Project de Steve Ravussin.  Derrière un Gitana 11 , mené par un Lionel Lemonchois intenable, neuf concurrents avaient amélioré le record de Laurent Bourgnon.
 
Le clocher au centre du village
"Ces bateaux sont les engins les plus fabuleux de la planète, les plus fins les plus beaux, les plus subtils. Nous sommes arrivés à une génération de machines qui volent littéralement sur l’eau", confiait Thomas Coville troisième avec Sodebo. Et Michel Desjoyeaux de renchérir quelques minutes plus tard :"  Ces bateaux ont montré qu’ils étaient bien les rois de l’Atlantique. J’espère que cela va définitivement réhabiliter cette classe et remettre le clocher au centre du village. "   Mais ces deux marins quittent le circuit  60 pieds. Thomas Coville va aller chasser les records sur un trimaran de 32 mètres en construction en Australie.  Quand Michel Desjoyeaux, son partenariat avec Géant s’est achevé fin 2006.  Le roi du solitaire désormais dans l’écurie Foncia  est à nouveau tourné vers le Vendée Globe. Même s’il ne cache pas qu’il aimerait ensuite revenir au multicoque.
 
Un sursaut de la classe
Alors cette Route du Rhum n’a t’elle été qu’un dernier baroud d’honneur , le crépuscule de ces bateaux d’exception ? Paradoxalement, l’avenir de ce circuit est apparu très  incertain lorsque le rideau est tombé sur cette transat magique. L’annonce de la suppression du circuit des Grands Prix ( Multicup ), la veille de l’ouverture du salon nautique  n’a fait que compliquer les choses et obscurcir l’horizon.
Au sein de la classe, on ne peut imaginer un tel déclin.  Pendant le salon nautique un sursaut s’est produit.  Une concertation entre les différents acteurs  s’est engagée afin de bâtir un programme cohérent qui permette d’aller jusqu’à la transat Jacques Vabre en Novembre. Celle-ci, garantie d’indéniables retombées, ne suffit pas à faire exister médiatiquement : " L’idée est de se raccrocher à un calendrier d’épreuves existantes , d’en créer d’autres sans moyens démesurés et de renforcer le plateau avec des marins du circuit de l’Europe du Nord ( Nokias Cup ) lui aussi tombé à l’eau. Il faut ne pas perdre de vue que derrière le spectacle, l’aspect sportif il y a aussi une filière économique en jeu " explique Vincent Borde chargé de la communication de Groupama qui a pris l’initiative de cette action.
 
Esprit constructif
Cet état d’esprit  s’est traduit il y a un e  semaine lors de l’assemblée générale extraordinaire de la classe. " Nous étions au pied du mur mais cette assemblée a été très constructive. L’heure n’est plus à pointer  les erreurs qui ont été commises ces dernières années mais à construire. Il est impensable que les plus beaux bateaux du monde ne puissent plus courir ", explique Thierry Bouvard responsable du sponsoring à la Banque Populaire. Cet acteur majeur du monde de la voile a lancé la construction d’un trimaran de 40 mètres mais ne se désintéresse pas du circuit des 60 pieds. Pour assurer la survie de cette classe menacée, armateurs, coureurs et aussi organisateurs ont tous intérêt à se serrer les coudes.
 
Gilbert Dréan

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