TEMENOS, plan Owen Clark design, premier 60 pieds Imoca "nouvelle génération" à être mis à l’eau, a donc l’honneur d’ouvrir le bal. Plusieurs monocoques devraient dans le courant de ces prochains mois, venir étoffer les rangs de la classe Imoca qui s’affirme comme l’une des classes les plus actives de la course océanique internationale.
En matière d’avancées technologiques, TEMENOS résulte d’une intense et étroite collaboration entre le cabinet Owen Clark Design (Ecover, Pindar, Kingfisher…) et Dominique, qui fort de l’expérience de ses deux dernières campagnes Vendée Globe a souhaité s’impliquer dans l’ensemble des étapes de construction. De la conception à la réalisation, le skipper qui a passé plusieurs mois en Nouvelle-Zélande, a pris une part très active à la naissance du nouveau TEMENOS. Le monocoque s’inscrit dans la tendance déjà observée sur les 60 pieds les plus récents mais aussi dernièrement au sein de la flotte des volvo 70. Plus de raideur pour des bateaux plus puissants, TEMENOS ne déroge pas à ce cahier des charges.
Durant près de 8 mois, l’équipe du chantier Southern Ocean Marine a travaillé sans relâche et le résultat est à la hauteur des espérances du skipper. Un planning respecté mais aussi et surtout un travail de qualité, qui mettent en lumière le savoir-faire et les compétences des différents intervenants du projet.
Sorti du hangar en début de semaine, le bateau paré de ses nouvelles couleurs, a ensuite été quillé avant de rejoindre l’élément liquide. Cette mise à l’eau dans les temps est de bon augure pour la suite du programme qui s’avère chargé, Outre son aspect symbolique important, c’est une nouvelle étape franchie dans le long processus de construction qui n’en est pas moins terminé pour autant. Le bateau va devoir passer les tests de jauge imposés par la règlement de la classe Imoca, dont le toujours très spectaculaire test à 180° durant lequel le bateau retourné à l’aide d’une grue doit revenir à l’endroit par la seule intervention de son skipper situé à l’intérieur.
Très vite il s’agira ensuite de mâter le monocoque afin de lui faire passer un autre test d’importance, celui des toutes premières sorties en mer. Ces navigations permettront de valider l’ensemble des installations, avant le grand départ pour l’Europe prévu par cargo, à la mi-juillet.
Si ces derniers mois ont été particulièrement bien remplis pour le skipper et son équipe, c’est une nouvelle course contre la montre qui démarre avant le départ de la prochaine Route du Rhum, le 29 octobre prochain.
Entretien avec Dominique Wavre
TEMENOS vient d’être mis à l’eau, dans quel état d’esprit te trouves-tu ?
« Je suis un marin heureux, TEMENOS est magnifique, il est exactement comme je l’avais pensé. La récompense est à la hauteur des efforts fournis depuis plus d’un an. Je piaffe d’impatience à l’idée d’aller tirer mes premiers bords au large, depuis le temps que l’on réfléchit à ce que sera le bateau, j’ai hâte de vérifier que les calculs et le rêve correspondent à la réalité. »
Comment se sont passées ces 8 derniers mois. Content de retrouver le grand air ?
« Oui, après ces 8 mois de chantier et de bureau, nous avions vraiment besoin de grand air et puis c’est génial de contempler TEMENOS posé sur l’eau qui tire sur ses amarres ! Il faut le reconnaître, ces derniers mois ont été excitants et laborieux, à traquer le détail, à travailler sur énormément de considérations techniques high-tech, à s’assurer que le bateau soit construit exactement selon nos souhaits. C’est une somme considérable de travail et de détails cumulés. Si je me retourne sur ces 8 derniers mois, je me rends compte avec un peu de recul de l’importance de la tâche réalisée. Mais galvanisés par un tel objectif, nous n’avons pas vu filer le temps. »
C’est la première fois que tu es amené à suivre la construction d’un bateau en Nouvelle-Zélande. Que dire de ta collaboration avec le chantier Southern Ocean Marine ?
« Cela a été un réel plaisir de travailler avec cette équipe. Les ouvriers du chantier et d’ailleurs l’ensemble des intervenants néo-zélandais sont passionnés par ce qu’ils font et ils ont une force de travail colossale. J’ai vraiment apprécié le coté humain et relationnel tout au long de cette belle expérience. »
Côté technique comment s’est passée la construction de TEMENOS ?
« Extrêmement bien ! Il y a bien eu quelques petites anicroches, qui sont inévitables dans une opération d’une telle envergure et d’une telle complexité mais dans l’ensemble à chaque fois qu’un petit souci technique s’est présenté il a été résolu avec compétences. C’est impressionnant d’observer la réactivité des équipes, ils sont concentrés sur ce qu’ils font, ils prennent les problèmes de front et les surmontent avec efficacité. »
Autre aspect très important dans ce type de projet, la gestion du calendrier, parvenez-vous à respecter les échéances fixées ?
« On est a peu près dans les temps, on respecte le calendrier que l’on s’était fixé et c’est une bonne chose car nous n’avons pas énormément de marge d’ici la mise sur cargo du bateau, nous travaillons à flux tendu, et beaucoup de choses se passent en même temps. On finit actuellement de monter l’hydraulique, l’électricité, une partie de la mécanique, le gréement etc, mais c’est visiblement la manière normale de travailler ici et personne ne semble vraiment sous tension. »
Que reste t-il à faire sur le bateau avant sa mise sur cargo au mois de juillet prochain ?
« La mise à l’eau ne signifie pas que les travaux sont terminés. Le circuit électrique primaire est partiellement installé, et il reste pas mal d’accastillage à installer pour terminer le plan de pont. La mise à l’eau va également nous permettre d’effectuer le test de retournement du bateau d’ici quelques jours, après ça il nous restera encore pas mal à faire avant de mettre le moteur en route, mâter le bateau, installer les voiles… La liste est encore longue avant de pouvoir aller tester TEMENOS en navigation, et nous sommes très impatients. »
Quelles innovations as-tu souhaité sur le nouveau TEMENOS ? De quoi peux-tu nous parler qui ne soit pas marqué du sceau du secret ?
« Le nouveau TEMENOS est différent de l’ancien de par sa quille mobile, et par sa puissance. Les appendices ont été optimisés par rapport aux dessins précédents. Pour le reste c’est une série de points que l’on a étudiée avec Merfyn Owen, en particulier les lignes de coque que l’on a testées en bassin de carène. »
De manière plus générale quels sont les progrès attendus sur les bateaux nouvelle génération ?
« Ces bateaux ne seront pas totalement révolutionnaires par rapport à la génération précédente, C’est plutôt une somme de détails technologiques qui fait qu’ils seront un peu plus rapides, un plus peu plus puissants, et ergonomiquement mieux étudiés. »
Quelle est la suite du programme à court et moyen terme ?
« A court terme, une fois la "job list" terminée nous allons devoir passer les différents tests de jauge, mâter le bateau, monter les voiles puis nous allons nous concentrer sur les essais en mer afin de vérifier que tout fonctionne bien et valider le premier jeu de voiles. Puis TEMENOS sera chargé sur cargo qui l’emmènera en Belgique. Nous aurons ensuite un mois et demi de mise au point à La Rochelle, durant lesquels s’enchaîneront les sorties techniques et d’entraînement, avant de rallier Saint Malo pour prendre le départ de la route du Rhum le 29 Octobre prochain… »