Quand la tactique prend le pas sur la vitesse
On le sait, les régates en flotte sont un exercice bien différent du match racing. Il ne s’agit plus d’affronter un adversaire unique, mais un groupe de concurrents. Avec 12 géants de 24 tonnes sur la même ligne, le départ est tout d’abord primordial, le but étant de s’élancer avec du vent frais en évitant d’être gêné par les autres bateaux. La stratégie par rapport au vent est également cruciale. Or, les conditions de navigation sont très comparables à celles rencontrées pendant l’Acte 10 où l’on a vu que dans un vent faible et très fluctuant, la tactique prenait le pas sur la performance pure. Difficile, donc, de revenir au contact de la tête de course en comptant seulement sur sa vitesse. Dans ce contexte, tout le monde peut gagner et tout le monde peut faillir. Les deux manches du jour, très tactiques, en ont apporté la preuve.
La première pour Victory Challenge
Victory Challenge a survolé la première course grâce à une stratégie parfaite. Magnus Holmberg et sa cellule arrière composée des frères Rahm et de Johan Barne ont vu juste en pariant sur le côté droit du plan d’eau. Le vent basculera effectivement de 40 degrés au cours de la régate, permettant aux Suédois de contrôler la course et d’accrocher leurs premiers points. De quoi réjouir Sébastien Coe – quadruple médaillé olympique sur 1500 et 800 mètres, et actuel Président de l’organisation des J.O de Londres en 2012 – invité sur le bateau Suédois en tant que 18e homme.
Le fait exceptionnel de cette première course en flotte est que le reste du podium est exclusivement composé d’outsiders. Mascalzone Latino-Capitalia Team et +39 Challenge – qui vole la troisième place à Emirates Team New Zealand sur la ligne d’arrivée- réalisent une régate remarquable.
A contrario, les ‘big four’ n’ont pas brillé. Alinghi termine en 6e position, BMW ORACLE Racing est 9e. L’équipage de Luna Rossa, pénalisé à la bouée au vent pour avoir gêné les bateaux prioritaires, passe complètement à côté de sa régate malgré un très bon départ.
La deuxième pour Alinghi
Le scénario de la deuxième manche est pratiquement inverse. Cette fois, ce n’est pas le côté droit du plan d’eau qui paye mais le gauche. Cette fois, le tiercé gagnant de la manche 1 se trouve relégué dans les profondeurs, tandis qu’Alinghi et Luna Rossa Challenge reprennent des couleurs.
Après un départ superbe de China Team collé à la bouée, le Defender ne tarde pas à prendre les commandes. Comme Victory Challenge quelques heures plus tôt, Alinghi réalise un cavalier seul pendant les quatre bords du parcours et accroît son avance sur son poursuivant Luna Rossa de 13 secondes à 1min 52 !
Débuts difficiles pour trois des poids lourds du circuit
Des quatre gros syndicats, seuls les Suisses sortent de cette journée la tête haute.
L’équipe Américaine qui testait son gréement original dépourvu de ‘jumper’ (petites barres de flèches situées à l’étage supérieur du mât) essuie aujourd’hui un revers cuisant : deux mauvaises manches pour cause d’erreurs stratégiques. soit une dixième place au classement provisoire. Emirates Team New Zealand et Luna Rossa Challenge occupent respectivement la 6e et la 7e position, laissant le champ libre à quatre petites équipes qui n’en demandaient pas tant.
Le classement provisoire récompense logiquement les équipages les plus consistants : Victory Challenge, Team Shosholoza (deux manches de 5e), le Desafío Español et enfin Areva Challenge. Ce Valencia Louis Vuitton Act 11 promet d’être extrêmement serré.
Premiers tirs groupés
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