Gildas, allons-y franco : es-tu oui ou non intéressé par le Vendée Globe?
“C’est très clair : l’objectif est d’être au départ en novembre 2016. J’ai une énorme envie de large, d’aller loin autour du monde… j’ai envie d’extrême ! Jusqu’ici, j’ai réussi à faire des courses extraordinaires : les Jeux Olympiques, la Coupe de l’America avec Marc Pajot, la Transat Jacques Vabre, la Solitaire du Figaro, la Transat Ag2r, la Route du Rhum… L’idée est de boucler la boucle en partant maintenant autour du monde. Ce qui me titille aussi c’est d’aller jouer avec mes copains, avec Armel (Le Cléac’h), Morgan (Lagravière), Jérémie (Beyou), Sébastien Josse… Je veux partir me battre avec eux autour du monde !”
Qu’en pense Cercle Vert, ton fidèle sponsor en Figaro ?
“Cette volonté a été actée avec Cercle Vert. Maintenant, il faut arriver à trouver le ou les partenaires pour boucler l’affaire. Je me suis donné tout cet hiver pour bosser à fond sur le dossier. Jusqu’ici j’ai toujours eu de la chance dans ma vie de marin : à chaque fois que j’ai eu un projet, j’ai réussi à le concrétiser. Dans ma tête les choses sont nettes : je serai au départ en 2016, point barre ! Avec le bateau de Pierre, Paul ou Jacques, un bateau plutôt comme ceci ou plutôt comme cela, je ne sais pas, mais j’y serai ! Comme dit mon fils, si je pouvais y aller en Caravelle ou en Figaro Bénéteau, à la limite je partirais quand même ! Bon, on ne peut évidemment pas y aller avec ces bateaux-là, il en faut un de 18 mètres, mais c’est pour dire ma motivation et le fait que ma famille soit d’accord pour que j’y aille.”
C’est une donnée importante dont on parle peu, l’accord de la famille…
“J’en ai parlé à madame, aux enfants. C’est important, car un Vendée Globe c’est très engageant ! Pour la petite histoire, j’ai reçu un coup de fil sur le sujet dans ma voiture et il y avait le kit mains libres et les haut-parleurs. Mon fils de 12 ans est avec moi et il entend la conversation. Je raccroche, il me regarde et me dit : ‘Papa… c’est quoi ça ? Tu veux faire le Vendée Globe?’ Il venait de comprendre. Ce n’était pas vraiment la manière dont je voulais lui annoncer, mais c’était fait. Tout de suite il a écarquillé les yeux et a dit : ‘mais papa c’est fabuleux ! Faut que tu y ailles à fond!’ De là, j’ai validé avec madame et mes autres enfants. L’histoire démarre, la balle est dans mon camp pour arriver à emmener des partenaires avec moi dans ce rêve.”
Cercle Vert pourrait faire partie de ton volant de sponsors ?”
“A condition de trouver d’autres financements c’est possible, oui. Tout dépend avec qui. Mais j’ai leur accord de principe pour partir sur le Vendée Globe et ils seront de la partie si d’autres co-partenaires sont intéressants pour eux.”
« Je travaille le dossier avec Mer Agitée »
On imagine que tu regardes déjà les bateaux qui sont à vendre ?
« Ah oui, j’ai ça bien en tête ! Et je suis en discussions, en études avec Michel Desjoyeaux : son équipe de Mer Agitée – avec qui j’ai travaillé sur mon Figaro – est sur mon dossier. Cela peut me faire gagner beaucoup de temps et d’efficacité. J’en ai parlé à Michel et on a établi un plan de charge, une étude de faisabilité. On regarde ce qu’on peut faire avec les bateaux qui sont sur le marché, ceux qu’on peut optimiser ou pas… Quant à l’éventualité de construire un bateau neuf, c’est encore envisageable mais ça commence à être chaud en timing.”
Tu fais travailler à fond ton réseau?
“Exactement. Le dossier est fini, maintenant il faut avancer sur le budget. Côté sportif je me suis engagé à courir encore la Solitaire du Figaro en 2015 mais l’un n’empêche pas l’autre. Jérémie Beyou fait ça très bien entre le Figaro et l’IMOCA, par exemple. Si on résume, mon projet Vendée Globe est acté de partout, maintenant il faut que ça aille au bout. Jusqu’à présent, tout s’est bien goupillé pour moi, j’espère que ça va être le cas aussi sur ce projet. Quand tu as une envie aussi importante que la mienne, ça parle aux gens. Pour moi le train est parti !”
Les foils sur les IMOCA, qu’en penses-tu?
“Ah, les ailes ! Et bien c’est justement un des aspects de l’étude avec l’équipe de Mer Agitée : quels bateaux sont modifiables en tenant compte de cette nouvelle donne? C’est une vraie question – qui dépend aussi du budget dont je disposerai. L’équipe de Michel Desjoyeaux a les compétences techniques et les moyens humains pour bien faire évoluer un bateau existant. Les foils vont être délicats à mettre en place, à mettre au point. Il faudra du temps et ça ne marchera pas dans toutes les conditions, c’est un sujet un peu compliqué, voilà pourquoi aussi je travaille avec Mer Agitée.”
Comment espères tu réunir le budget nécessaire?
“Je travaille mes réseaux, je ne peux pas donner trop de détails, mais j’ai des rendez-vous un peu partout. Le budget serait aux environs de 2 millions d’euros par an – 4 au total d’ici le départ donc – pour avoir un bateau compétitif, ce qui est plutôt mon optique. Après, on peut faire le Vendée Globe pour moins cher avec un vieux bateau, on verra bien, mais mon envie va toujours vers un projet potentiellement gagnant.”
Tu as déjà de l’expérience en IMOCA…
“Oui, j’ai fait le Tour des iles britanniques et la Transat Jacques Vabre avec Jean Le Cam, le Tour de l’Europe avec Bilou (Roland Jourdain)… Je connais ces bateaux qui sont fantastiques. Je connais aussi la haute vitesse, notamment en multicoques. Quand avec Armel Le Cléac’h on a ramené de New York le maxi Banque Populaire (qui vient de gagner la Route du Rhum avec Loïck Peyron à la barre, ndr), c’était bluffant. On s’est éclatés sur la traversée de l’Atlantique… C’était tellement bon que je n’avais pas envie d’arriver à Lorient ! »
Donc si je résume, tu fais le Vendée Globe 2016 et un an plus tard tu fais construire un trimaran de 100 pieds, au hasard chez Multiplast?
(Gildas éclate de rire et répond sur le ton de la plaisanterie) “Oui oui, voilà, c’est tout à fait ça ! C’est très légèrement ambitieux, mais ce serait une suite logique ! Fais attention à ce que tu vas écrire mais l’idée est bien celle-ci : en 2016 je fais le Vendée Globe, je le gagne évidemment, et après je passe au multicoque. C’est pas mal comme programme, ça me va très, très bien !”
Propos recueillis par Bruno Ménard




















