Marc Guillemot blessé, Safran contraint à l’abandon

Marc Guillemot
DR

A deux heures du matin, le duo composé de Marc Guillemot et de Morgan Lagravière décidait de réduire la voilure alors qu’il naviguait face au vent à 64 milles dans l’ouest de Tarifa, situé sur la pointe ouest du détroit. Dans un vent qui soufflait entre 35 et 40 noeuds, générant une mer courte et très forte, avec des déferlantes, Marc Guillemot s’est blessé après avoir été projeté sur le disque de l’enrouleur de la voile d’avant intermédiaire qu’il tentait de débloquer à l’avant du pont de l’IMOCA 60. Dans sa mauvaise chute, il s’est sévèrement blessé aux côtes.

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Après l’incident, Morgan Lagravière a pris seul les commandes du bateau et a viré vers le nord en s’écartant des rails marchands. Tout en se rapprochant de la côte espagnole, pour y chercher une mer plus maniable, Morgan Lagravière – dont c’est la toute première course IMOCA – déclarait l’incident à la direction de course et confirmait que la blessure de Marc Guillemot était très sérieuse, qu’une hospitalisation était nécessaire et qu’il cherchait à rejoindre le port le plus proche, en l’occurence Cadix, dans le nord-ouest de Gibraltar. L’équipage de Safran annonçait officiellement suspendre sa course à 8h.

Tout en restant en liaison avec le comité de course, Safran remontait donc vers Cadix, à 25 milles dans son nord pour accoster dans le port de Puerto Sherry à 15h.

Ils ont dit

Marc Guillemot : « Un abandon sur blessure ça fait toujours mal et c’est difficile à accepter mais nous sommes très contents de la course que nous avons faite. Morgan a vraiment assuré pour s’occuper du bateau et de moi qui ne suis pas en très bon état. On renonce bien malgré nous. Il y avait de la mer, 30 – 35 nœuds de vent et il y a eu une grosse vague, le bateau est monté, et moi aussi. Le bateau étant plus lourd, il est redescendu plus vite. Je me suis retrouvé à un mètre au-dessus et me suis écrasé sur l’angle de l’emmagasineur de la voile avant. Heureusement que Morgan a vu qu’il se passait quelque chose, il a pu m’aider à revenir à l’arrière. J’étais plié en quatre. Une fois que j’étais en sécurité, il a remis le bateau en état pour continuer à naviguer jusqu’à Gibraltar. »

Morgan Lagravière : « J’ai vu l’action à 10 mètres de moi. J’étais à l’arrière du bateau et Marc à l’avant. J’ai eu très peur car j’étais persuadé qu’il allait finir à l’eau. La puissance de la vague était tellement monstrueuse que je me suis dit qu’il n’était plus là. Ensuite, il était sous l’effet du choc, je l’ai trainé pour revenir à l’arrière tellement c’était douloureux. Une fois assis dans le cockpit, il souffrait beaucoup. Moi, j’ai géré la crise. On a réussi à virer de bord et je suis allé m’abriter pour réparer l’enrouleur. On s’est dit que j’allais finir la course en solo avec Marco dans la bannette et qu’on pouvait finir avant les autres. Mais c’était trop douloureux pour lui. Lui et moi avons décidé d’abandonner la course parce qu’on ne sait pas ce qu’il y a derrière ses douleurs: si c’est une côte cassée qui perfore autre chose, ça devient compliqué. La course on l’a mené du début à la fin et nous étions encore en tête. On pouvait penser qu’on allait la gagner. On en gardera un bon souvenir même si ce n’est pas facile à accepter. »