Mini 6.50, Class40, Figaro : tu as suivi le cursus complet pour prétendre au Vendée Globe !
Thomas Ruyant : J’ai effectivement goûté à beaucoup de supports, avec quelques belles victoires en solo à la clé. Des victoires qui renforcent ma volonté de franchir un nouveau palier. Quand on fait du solo, on vise toujours plus haut. Et quoi de mieux que le Vendée Globe ? Malgré mon jeune âge, cette course me fait rêver depuis longtemps. Si j’avais pu être au départ en 2012, j’y serais allé sans la moindre hésitation. Le développement technique des bateaux me passionne. Je m’éclatais déjà en Mini 6.50 et je veux pousser beaucoup plus loin cet aspect en naviguant en 60 pieds. Aujourd’hui, grâce à mes expériences sur différents supports, j’ai de sérieux atouts pour intégrer le circuit IMOCA.
Le Vendée Globe est pour toi une aventure ou une régate planétaire ?
T.R. : Quand on prend le départ du Vendée Globe, il faut effectivement savoir où placer le curseur entre aventure et sport. Je reste un compétiteur dans l’âme donc j’aurais plutôt tendance à pencher vers l’aspect sportif. Mais tout dépendra du budget et du bateau dont je disposerai. Que l’on soit devant ou derrière, cette épreuve reste une aventure hors-norme : quand François Gabart et Armel Le Cléac’h se tiraient la bourre dans les mers du Sud, ils vivaient quelque chose d’insensé à la fois sportivement et humainement. Cette édition 2012-13 n’a d’ailleurs fait que renforcer ma volonté d’être au départ en 2016. J’en ai envie au fond de mes tripes. J’ai énormément de choses à faire vivre dans un tour du monde. Dans ma tête, je serai au départ du prochain Vendée Globe. Reste à finaliser quelques « détails » qui n’en sont pas : trouver des partenaires prêts à me suivre.
As-tu des pistes de financement sérieuses ?
T.R. : J’ai des contacts mais rien de calé. Des sponsors secondaires pourront s’engager le moment venu, mais il faut que je trouve un partenaire principal. Cette phase de démarchage est sans doute la partie la plus difficile du métier de skipper. Mais je ne délègue pas cet aspect du job car le Vendée Globe reste une histoire entre le marin et l’entreprise qui le soutient. Le skipper est clairement le meilleur ambassadeur quand il s’agit de rencontrer des sponsors. En revanche, je me fais aider dans la réalisation et la diffusion des supports de communication : plaquettes, vidéos, web, réseaux sociaux… En parallèle de mes recherches, je continue à beaucoup naviguer pour ne pas perdre le contact avec l’eau et le haut niveau.
En attendant d’intégrer le circuit IMOCA, tu as annoncé ta volonté de défendre ton titre dans la Route du Rhum en Class40. C’est un rendez-vous incontournable pour toi ?
T.R. : Tout à fait. L’idéal aurait été de s’engager en IMOCA mais il est trop tard maintenant. Défendre mon titre en Class40 demeure un objectif sportif relevé et motivant. Pour des partenaires, cela pourrait être l’occasion de mettre un pied dans la course au large sur un événement d’envergure. De quoi leur donner ensuite envie de voir plus grand je l’espère. Car mon but est bien de naviguer au plus vite en 60 pieds.
Quels enseignements tires-tu de tes deux saisons sur le circuit Figaro ?
T.R. : Je savais que je serai attendu au tournant après mes victoires en Mini et en Class40. Je tire un bilan positif de mon passage en Figaro. Je n’ai pas gagné la Solitaire, certes, mais j’ai obtenu quelques bons résultats comme une quatrième place dans le Tour de Bretagne 2013. Le Figaro m’a permis de franchir un nouveau palier sportif et technique. Je me sentais de plus en plus à l’aise à bord de mon bateau. En monotypie, on pousse très loin les détails pour tenter de faire la différence. C’est un circuit très spécifique avec des courses au contact, des étapes courtes, intenses. C’était intéressant d’en passer par là pour enrichir ma palette de navigateur. J’y reviendrai sans doute un jour.
Vers quel bateau t’orienteras-tu si tu parviens à réunir le budget nécessaire à une participation au Vendée Globe ?
T.R. : Construire un bateau ne semble pas réaliste compte tenu du timing dont je dispose. Acquérir un IMOCA d’avant-dernière génération serait déjà très satisfaisant pour un premier Vendée Globe. Quitte à imaginer un monocoque encore plus performant pour une éventuelle deuxième participation. Beaucoup de bateaux sont ou seront prochainement sur le marché. Je commence à me renseigner. D’emblée, certains voiliers m’intéressent plus que d’autres. Mais j’étudierai plus sérieusement la question quand j’aurai bouclé un budget. J’espère que cela viendra vite. Car pour faire vivre un beau projet, il faut du temps. Cela implique de trouver un partenaire assez rapidement. Fin 2014-début 2015 me semble un délai raisonnable. Je ne veux pas partir à l’arrache !
Source : Vendée Globe