La route nord se ferme

Bretagne Crédit Mutuel Transat AG2R 2014
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Petit moral ce matin pour le groupe du Nord. Les bonshommes commencent à fatiguer en ce douzième jour de course. Il faut sans cesse régler les voiles, transporter le matériel d’un bord sur l’autre à chaque virement, rester attentif au vent très variable en force et en direction. « Il y a entre 40 et 45° de bascule et une force de vent entre 6 et 10 nœuds » racontait Gildas Mahé (Interface Concept). Et puis, il y a cette météo des jours à venir pas franchement compatissante. Dans un message reçu cette nuit, Kito de Pavant et Gwen Gbick (Made in Midi) annonçaient la couleur : « Une zone sans vent nous interdit le passage et l’alizé sera moins fort que prévu. La donne a changé.» Thierry Chabagny à bord de Gédimat est quant à lui plus radical et annonce que le groupe du Sud devrait arriver à Saint-Barth avec un wagon d’avance : “Il n’y a pas grand-chose à faire. La route nord s’est fermée au fur et à mesure.(…) Il n’y a pas photo, c’est sans espoir en termes de classement “.

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Mais les Figaristes, même dans l’adversité, restent des compétiteurs. Preuve en est le match que se livrent actuellement les quatre compères du Nord. Deux duels se sont désormais formés : Made in Midi et Gédimat depuis quelques jours et Interface Concept et Bretagne – Crédit Mutuel Performance depuis ce matin. « C’est bien de retrouver Michel pour avoir un repère en vitesse. Quand on est tout seul, on a plus de mal à faire avancer le bateau » soulignait Gildas Mahé. “On ne va pas remettre les choix en question. Il reste de la route à faire. C’est sur ce qui va se passer maintenant qu’il faut travailler” poursuit le co-skipper d’Interface Concept bien déterminé à ne rien lâcher. Chacun veut sa part du gâteau : Thierry Chabagny (Gédimat) qui ne croit plus en ses chances de victoire reste bien décidé à arriver premier des Nordistes à Saint-Barthélemy.

Au sud : sur un seul bord jusqu’à l’arrivée ?

Le groupe des six bateaux de tête de l’option sud glisse rapidement poussé par 20 nœuds de vent bien établis. Les distances avalées sur 24 heures reprennent des couleurs. 30 Corsaires, positionné le plus à l’est, reste encore le plus rapide de la flotte avec 177 milles depuis hier matin.  Sous spi tribord amures, les équipages se sont recalés cette nuit à coups d’empannage. Les trajectoires et les placements demeurent le nerf de la guerre. Programme des prochains jours : de la glisse, rien que de la glisse. « On va faire 100%  de la route vers Saint-Barth sur le même bord en tribord. On va faire une grande cuillère vers le sud pour contourner l’anticyclone » expliquait Paul Meilhat (Safran-Guy Cotten).

Ils ont dit

Thierry Chabagny, Gédimat : “Depuis hier, dans la journée, on a repris des fichiers globaux sur l’Atlantique et on a routé un peu tout le monde. Le résultat final, c’est mort. Le groupe du sud va passer avec un wagon d’avance devant nous. Il n’y a pas grand-chose à faire. La route nord s’est fermée au fur et à mesure. La route optimale maintenant pour nous doit nous ramener vers l’alizé car au nord ça ne passe pas. Il n’y a pas photo, c’est sans espoir en termes de classement. Ce n’est pas très rigolo, il faut continuer à faire marcher le bateau même si on est derrière. On a plus de vent que les fichiers mais ça a bougé. Entre le moment de la décision à Palma et les jours d’après, ça s’est inversé. Les différentes prévisions ont changé de configuration. Au final, on va faire beaucoup de route et se faire doubler par le sud. Et largement. On risque d’avoir entre 200 et 300 milles de retard sur les mecs du sud. La course risque d’être longue pour nous. “

Jeanne Grégoire, Scutum : « On va vite. On a du vent, ça glisse. C’est cool. Le routage prévoit un grand bord tout droit pour traverser l’Atlantique mais en général, les alizés, c’est rarement tout droit. Il va y avoir plein de petits recalages. »

Gildas Mahé, Interface Concept : « Ca se resserre. C’est la bagarre sur l’Atlantique. On va se retrouver en paquet. On essaye d’exploiter toutes les bascules. c’est l’essentiel du boulot. C’est tordu. Il y a entre 40 et 45° de bascule et une force de vent entre 6 et 10 nœuds. Il faut régler tout le temps, être attentif. On a trainé au maximum avant de router les concurrents du sud. On vient de le faire et ce n’est pas encourageant. On ne va pas remettre les choix en question. Si la situation météo se confirme, ça va être compliqué mais ce qu’on a sur le plan d’eau ne ressemble pas au fichier. »

Paul Meilhat, Safran – Guy Cotten : ” On va faire le tour de l’anticyclone assez naturellement, on va faire 100%  de la route vers Saint-Barth sur le même bord en tribord. Cette nuit, il y avait quelques empannages. Il y a eu des petits calages. Nous sommes avec Macif et La Cornouaille, on va voir ce matin comment ça se passe. Depuis qu’on a passé Les Canaries, les conditions pour nous sont très bonnes. On n’a pas beaucoup de manœuvres, on a du beau temps, le bateau est à plat. On est plutôt en forme, le rythme à bord est bien installé.”

CLASSEMENT DE 5H

1 Bretagne – Crédit Mutuel Performance Corentin Horeau – Michel Desjoyeaux à 2015,15 milles de l’arrivée
2 Interface Concept Jean Le Cam – Gildas Mahé à 3,19 milles
3 Gedimat Thierry Chabagny – Erwan Tabarly à 5,38 milles
4 Made in Midi Gwenael Gbick – Kito De Pavant à 5,86 milles
5 Guadeloupe Grand Large 1 Mathieu Forbin – Arthur Prat à 152,33 milles