Aujourd’hui, même s’il fait gris et un peu frisquet, les conditions sont devenues plus maniables. Et en même temps que la mer s’aplatit, les langues se délient. Plusieurs navigateurs sont revenus sur leur navigation dantesque au large du cap Finisterre et sur la fatigue accumulée depuis le départ de Concarneau. « On manque de sommeil » avoue Kito. Côté matériel, tout le monde n’est pas ressorti indemne de ces 850 premiers milles de course : à bord de La Cornouaille, Martin Le Pape déclarait un spi lourd déchiré, en plus du solent déralingué lors du passage du front. Sur Guadeloupe 2, il a fallu monter au mât pour fixer l’antenne VHF, puis, c’est le petit spi qui a explosé. Nicolas Thomas et François Guibourdin font actuellement route sous génois, le temps de reprendre des forces.
La flotte évolue à équidistance des Açores et du cap Saint-Vincent sur la bordure ouest d’une dépression. Au programme de la journée : un long bord de spi tribord amure dans un vent de nord (20/25 nœuds) mollissant, puis, un empannage à caler en début de soirée pour faire (enfin) route vers Les Canaries. Depuis deux jours, les 14 équipages se sont placés pour aborder cette marque de parcours. Et chacun croise les doigts pour que son option soit la bonne. Avec 70 milles de décalage ouest-est, les stratégies commencent à être très marquées. Et leurs conséquences seront sans doute importantes d’ici 48 heures, quand les duos navigueront entre les archipels de Madère et ceux des Canaries, où la situation météo est très confuse.
Les hommes les plus à l’Ouest, Bretagne-Crédit Mutuel Performance, Scutum et Entreprendre en Cornouaille, se sont passablement rallongé la route. Ils tablent sur un vent plus soutenu et un meilleur angle d’attaque après avoir empanné. Les bateaux les plus à l’Est, Made in Midi, 30 Corsaires et Skipper Macif, misent sur le bord rapprochant, au risque de trouver des vents plus faibles, près du cœur de la dépression. La vérité se situera peut-être au centre, où Safran-Guy Cotten, Interface Concept et Generali ont décidé de jouer le compromis. Pour l’instant, les classements favorisent forcément les concurrents situés plus près de la route directe, avec en tête de liste, Skipper Macif. Toutefois, la véritable hiérarchie ne devrait apparaître qu’au passage de La Palma dimanche prochain. En approche, la navigation sera perturbée par l’arrivée d’une autre dépression dont le centre génèrera des vents erratiques et de secteur indéterminé…
Ils ont dit
Yoann Richomme, Skipper Macif : « On a bien cravaché ces deux derniers jours. On va chercher un point d’empannage qui aura lieu la nuit prochaine. C’est difficile de se faire une idée du classement réel tant que tout le monde n’a pas recroisé. Ce qui est sûr, c’est que rien n’est joué, loin de là. Il y a deux jours, on avait 15 milles de retard, là on réintègre le paquet de tête. Ca va, ça vient, il y aura d’autres nouveaux départs. »
Laurent Pellecuer, 30 Corsaires : « Les conditions étaient terribles il y a deux jours. C’était très dur. Là, c’est paisible, la mer est peu agitée. On peut prendre un rythme plus sympathique. On s’est pris un coup de pied aux fesses au cap Finisterre. C’était phénoménal, des surfs à n’en plus finir. La mer est toujours la même, elle nous en fait souvent baver, mais elle nous donne aussi du plaisir quand elle est conciliante Je me surprends toujours à résister, même quand c’est dur. »
Classement de 16h
1 Skipper Macif Fabien Delahaye – Yoann Richomme à 3031,91 milles de l’arrivée
2 Made in Midi Gwenael Gbick – Kito De Pavant à 4,79 milles du leader
3 Generali Nicolas Lunven – Eric Peron à 4,82 milles
4 30 Corsaires Alexia Barrier – Laurent Pellecuer à 5,35 milles
5 Safran – Guy Cotten Gwenolé Gahinet – Paul Meilhat à 6,02 milles