Le passage du redouté Pot au noir a bien été négocié par les deux MOD70. Ils n’ont pas tellement souffert des calmes et des grains, même si Sidney Gavignet racontait s’en être pris un « monstrueux » à la vacation ce midi. Mais ça y est, cette zone de convergence intertropicale est désormais dans les tableaux arrières des deux trimarans monotypes. Ils touchent des alizés de Sud-Est et progressent au près vers l’équateur, dont le leader était à environ 80 milles au pointage de 17h. A plus de 20 nœuds de vitesse moyenne, les MOD70 devraient naviguer dans l’hémisphère sud dans la soirée. Sébastien Josse et Charles Caudrelier (Edmond de Rothschild) stabilisent leur avance (environ 80 milles) sur Sidney Gavignet et Damian Foxall (Oman Air – Musandam). Il reste plus de 2000 milles avant l’arrivée mais à l’échelle de ces bolides, Itajaí n’est déjà plus si loin. On parle d’une ETA le 18 ou 19 novembre…
Plus de 15 nœuds de moyenne sur 24 heures, des pointes à 19 nœuds, ça glisse pour FenêtréA Cardinal (Erwan Le Roux/Yann Eliès) qui pointe ce soir toujours en tête à 94 milles d’Actual (Yves Le Blevec/Yann Eliès). La navigation dans les grains reste toujours aussi stressante, les marins n’ont eu que peu de répit durant cette semaine de course. Il va falloir maintenant doubler les îles du Cap Vert et s’engouffrer dans le Pot au Noir en trouvant la meilleure porte d’entrée… et de sortie. Gilles Lamiré et Andrea Mura (Rennes Métropole/Saint-Malo Agglomération) naviguent à la même latitude que les trois derniers IMOCA, avec une vitesse légèrement supérieure (13 nœuds contre 10 nœuds pour Team Plastique par exemple). Erik Nigon et Samy Villeneuve (Vers Un monde sans Sida) reprennent des couleurs et filent à 15 nœuds à 130 milles de trimaran de Gilles Lamiré.
A bord d’Actual
IMOCA : Navigations en groupes
Alors qu’il caracolait en tête de la flotte des 60 pieds depuis 24 heures, l’équipage de PRB (Vincent Riou/Jean Le Cam) vient d’annoncer son arrêt au Cap Vert cette nuit pour effectuer une réparation sur le safran bâbord. Un pit-stop qui devrait être ultra rapide puisque déjà l’équipe technique est sur place à Sao Vicente. Une escale forcée qui forcément va relancer le jeu déjà bien serré ! En arrière de la flotte, dans le Sud-Ouest des Canaries, Energa (Zbigniew Gutkowski et Maciej Marczewski), Team Plastique (Alessandro di Benedetto/Alberto Monaco) et Initiatives-Cœur (Tanguy de Lamotte/François Damiens) se tiennent en à peine dix milles. Autres inséparables, plus haut dans le classement : Maître CoQ (Jérémie Beyou/Christopher Pratt), Cheminées Poujoulat (Bernard Stamm/Philippe Legros) et Safran (Marc Guillemot et Pascal Bidégorry). Tous trois ont vécu la même infortune en se retrouvant piégés dans des molles que n’aurait pas renié le Pot au Noir. Ce soir, les trois tandems ont six petits milles d’écart et il faut bien zoomer sur la cartographie pour les distinguer. Impossible de lâcher prise dans ces conditions, naviguer à vue incite à une activité accrue sur le pont. Toujours en tête, PRB (Vincent Riou/Jean Le Cam) reste sous la menace de MACIF (François Gabart/Michel Desjoyeaux), à 19 milles. Seuls Bureau Vallée (Louis Burton/Guillaume Le Brec) et Votre Nom Autour du Monde (Bertrand de Broc/Arnaud Boissières) semblent relativement seuls. Et encore, de Broc et Boissières grappillent des milles et se rapprochent petit à petit ! Les bateaux de tête pensent désormais à la meilleure manière d’aborder l’archipel du Cap-Vert : une traversée au milieu des îles ou un passage plus au large ?
Maître CoQ se bat pour la troisième place provisoire
Class40 : De belles remontées !
Chassé-croisé à Cascais : Solidaires en Peloton (Victorien Erussard /Thibaut Vauchel-Camus) est en passe de repartir après avoir réparé ses voiles, tandis que Dunkerque – Planète enfants est arrivé au port (Thomas Ruyant/Bruno Jourdren) dans l’après-midi, une ambulance déjà prête à emmener Bruno à l’hôpital. L’équipage a annoncé son abandon ce soir à la direction de course de la Transat Jacques Vabre. Alors que la tête de flotte demeure chasse gardée de GDF SUEZ (Sébastien Rogues/Fabien Delahaye) et de Mare (Jorg Riechers/Pierre Brasseur), derrière les équipages ne baissent pas les bras, loin de là ! ERDF – Des pieds et des mains (Damien Seguin/Yoann Richomme) grignote chaque jour quelques milles pour réduire l’écart. Les marins, malgré la grosse mer et le vent toujours soutenu sont contraints de barrer au maximum et de contrôler en permanence les réglages pour ne pas partir au tas. Aujourd’hui, deux palmes des plus belles remontées sont à décerner à Campagne de France (Halvard Mabire et Miranda Merron) et à Phoenix Europe (Louis Duc et Stéphanie Alran) pour avoir respectivement gagné 4 et 2 places au classement ! Et pourtant leurs options étaient radicalement différentes. L’Est a payé pour Phoenix Europe, tandis que pour Campagne de France, aux dires d’Halvard à la vacation, ce sont les heures passées sur le pont et à la barre à maîtriser le spi « dans une mer affreuse » qui leur ont permis d’avaler les milles et doubler les petits camarades.
Ils ont dit :
Halvard Mabire, skipper de Campagne de France (Class40) : « Nous sommes bien remontés car la brise au portant correspond bien au bateau, il marche bien dans ces conditions. Après avoir été encalminés au cap Finisterre, le front est arrivé assez violemment. Nous avons donc commencé avec le génois mais nous sommes maintenant sous spi et nous avançons bien. La mer est absolument affreuse, avec des vagues monstrueuses. Nous sommes assez fatigués, mais c’est normal et tous nos concurrents sont dans le même cas je pense. Nous avons plus souffert de la mer que du vent ces deux derniers jours. Nous sommes remontés au classement mais il y a encore de la route. C’est un peu frustrant parce qu’avec l’histoire des départs de Roscoff, les écarts actuels étaient courus d’avance. Objectivement, nous ne sommes tous dans la même course, donc c’est un peu rageant…. ».
Denis Van Weynbergh, skipper de Proximedia-Sauvez mon enfant (Class40) : « Toute la nuit on a eu une mer assez plate avec de bons surfs, là elle est un peu plus croisée. Nous nous sommes un peu éloignés du Portugal par rapport à d’autres qui ont certainement eu quelques petites casses.Juste avant le début du coup de vent, nous avons fait un joli départ au tas, quelques bouts ont cassé, mais ça y est c’est réparé ! Nous descendons dans le Sud, ce sera plus clément. On commence à avoir une bonne vitesse donc c’est chouette. Certains sont partis à l’Ouest d’autre à l’Est, nous on estime qu’on aura plus de vent à l’Ouest. Mais nous verrons d’ici trois jours. »
Christopher Pratt, co-skipper de Maître CoQ (IMOCA) : « Nous sommes entre les Canaries et le Cap Vert avec des alizés faibles et très perturbés. Hier nous sommes tombés avec Safran dans un énorme grain. Un nuage ne nous a pas lâchés, nous n’avions jamais vu ça avec Jérémie (Beyou). Bernard Stamm et Philippe Legros (à bord de Cheminée Poujoulat) ont vécu la même mésaventure la nuit dernière : les trois bateaux sont maintenant à vue ! Cheminée Poujoulat est à 4 milles dans notre Sud et Safran à 4 milles dans notre Nord ! Ces conditions instables sont très exigeantes sur le pont, nous réglons les voiles en permanence, les ajustements sont incessants. Finalement, on ne sera pas trop dépaysé dans le Pot au noir. Le cap et la vitesse de Safran et Cheminées Poujoulat nous obsèdent : on se jauge, on se compare. Naviguer si proches nous aide pour les trajectoires. Si les autres bateaux se prennent un mauvais nuage, on le voit ! »
Sidney Gavignet, skipper d’Oman Air-Musandam :« Nous venons de prendre un grain monstrueux : on vous enverra des images, ça en vaut la peine. Ça vient tout juste de se passer, je suis trempé, je laisse Damian comme un pauvre Irlandais dehors sous la pluie. Mais ça y est nous voyons le ciel clair devant et le noir derrière, splendide. Ce devait être le dernier grain du Pot au noir puisque nous sommes au près maintenant : l’alizé de Sud-Est. Nous verrons si notre décalage à l’Est par rapport à Edmond de Rothschild jouera en notre faveur. Les derniers jours, avant le Pot au noir ont été incroyables. Finalement, on arrive à s’y faire tout seul sur le pont à 30 nœuds. »
Classement de 16h
MOD70
1 – Edmond de Rothschild à 2083,64 milles de l’arrivée
2 – Oman Air-Musandam à 81,12 milles du premier
Multi 50
1 – FenêtréA Cardinal à 3048,00 milles de l’arrivée
2 – Actual à 94,07 milles du premier
3 – Rennes Métropole/Saint-Malo Agglomération à 575,15 milles du premier
IMOCA
1 – PRB à 3243,14 milles de l’arrivée
2 – MACIF à 18,98 milles du premier
3 – MAITRE COQ à 86,56 milles du premier
Class40
1- GDF SUEZ à 4118,19 milles de l’arrivée
2 – Mare à 36,36 milles du premier
3 – ERDF-des Pieds et des Mains à 97,05 milles du premier



















