Les solitaires sont actuellement à la lisière de la dépression située entre les Açores et Madère. Si le vent n’est pas ultra violent, les grains orageux sont présents et la mer, chaotique, rend la progression des bateaux très délicate et la vie des marins particulièrement inconfortable. « A chaque fois que le bateau retombe d’une vague, c’est comme un coup de canon (…) Impossible de se tenir debout. Même à quatre pattes, c’est compliqué » nous dit Bernard Stamm à la vacation. « La mer est complètement désordonnée c’est une énorme marmite, ça secoue dans tous les sens, je suis plein de bleus et de bosses » enchaîne Dominique Wavre. Difficile dans ces conditions de faire parler toute la puissance des bateaux sans casser. Toutefois, l’état de la mer devait s’améliorer progressivement à mesure que les grands monocoques descendront vers le sud.
Les différentes options, ou plutôt les différents timings pour aller chercher cette fameuse dépression, ont accouché d’un nouveau classement. Mais la véritable hiérarchie ne sera significative qu’une fois tous les bateaux revenus sur un même axe pour faire cap au sud. Pour l’instant, seuls quatre d’entre eux ont passé la surmultipliée et glissent à des vitesses comprises entre 16 et 21 nœuds à l’arrière du front. Vincent Riou (PRB) a retrouvé sa place dans le quatuor de tête, mais doit peut-être regretter son décalage prématuré dans l’ouest puisqu’il accuse désormais 127 milles de retard sur le leader. En troisième position, Bernard Stamm, à bord d’un bateau taillé pour le reaching, fait partie cet après midi des plus rapides (20 nœuds de moyenne). Il est à la lutte avec Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) qui a extrêmement bien calculé ses placements ces dernières 24 heures. Enfin, François Gabart (Macif) mène toujours remarquablement le bal. Au sud, dans une zone où la mer était certainement moins désordonnée, il a été le premier, ce matin, à accélérer.
Les écarts vont se creuser
Au nord et à l’est de cette bande des quatre, la situation est plus compliquée. Mike Golding (Gamesa), Jean Le Cam (SynerCiel) et Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) naviguent actuellement dans un dédale de grains orageux et des vents très instables. Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Jérémie Beyou (Maître CoQ), Alex Thomson (Hugo Boss), Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered) et plus loin Dominique Wavre (Mirabaud) doivent attendre que la mer se range avant de pouvoir faire parler la poudre. Cet après midi, trois concurrents n’avait pas encore passé le front : Samantha Davies (Savéol), Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et Alessandro di Benedetto (Team Plastique). Résultat, les écarts déjà importants – 428 milles entre le 1er et le 15e – vont encore se creuser. Enfin, les deux derniers solitaires, Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) et le Polonais Gutek (ENERGA), au grand large du cap Finisterre, sont en train de contourner la dépression par le nord.
Ils ont dit
Arnaud Boissières (Akena Verandas) : « Cette nuit a été laborieuse, vent faible comme je m’y attendais et puis c’est reparti vers 4h. Hier, super journée au soleil avec maillot de bain. Là, il fait beau mais dehors ça mouille. Tout va bien sur le bateau, j’ai juste bricolé pour vérifier mais c’est plutôt satisfaisant. J’ai tendance à dire RAS. Je passe de l’autre côté du front d’ici 2 à 4h. J’aurai une route plus directe et j’irai plus vite. »
Javier Sanso (Acciona) : « Je passe une bonne journée aujourd’hui. Les conditions ont pas mal changé à cause du front, je suis proche du centre et du coup, ça devient plus difficile. Il n’y a pas de vraies bourrasques, le vent est à 14 ou 15 nœuds de moyenne et le ciel est très couvert. Je suis vraiment fatigué, j’ai dû changer de voile tellement de fois depuis hier ! Je suis passé du génois au solent, puis à la grand voile… J’ai vraiment besoin de dormir. Vu que je n’avais pas d’expérience à ce niveau-là de compétition, il m’a fallu un petit peu de temps pour être au maximum mais ça va. »
Mike Golding (Gamesa) : « Je regarde toujours où sont les autres, c’est un bon indicateur de ce qui se passé sur le parcours. Il y a tellement de grands navigateurs dans le Vendée Globe qu’il faudrait être fou pour ne pas jeter un coup d’oeil à ce que font les autres. Et en même temps, je prends mes propres décisions, je fais mes propres choix. Et quand ce sont les bons, comme ceux de Gabart ces derniers jours, vous pouvez gagner rapidement des places sans pour autant avoir le bateau le plus rapide. »
Classement de 16h
1 François Gabart Macif à 22 909.4 nm
2 Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 52.9 nm
3 Bernard Stamm Cheminées Poujoulat à 57.5 nm
4 Vincent Riou PRB à 127.0 nm
5 Mike Golding Gamesa à 131.8 nm
6 Jean Le Cam SynerCiel à 139.3 nm
7 Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 141.1 nm
8 Alex Thomson Hugo Boss à 147.4 nm
9 Jérémie Beyou Maître CoQ à 147.6 nm
10 Arnaud Boissières Akena Verandas à 173.1 nm