Bernard Stamm : “avant de gagner… il faut finir”

Bernard Stamm Cheminées Poujoulat
DR

Bernard Stamm vise la victoire dans ce Vendée Globe après sa déception lors de la dernière édition, lorsqu’il a été contraint d’abandonner aux Kerguelen. « J’ai toujours pris le départ d’une course pour essayer de la gagner. Sinon, ça n’a aucun sens de partir selon moi. Après, les chances de gagner dépendent aussi des autres concurrents. Mais avant de gagner… il faut finir ! » En effet, la carrière du skipper suisse a des hauts et des bas. Ses deux victoires dans le tour du monde avec escales figurent parmi ses meilleurs souvenirs, et l’abandon lors du Vendée Globe reste parmi ses moins bons. « Ce n’est pas un très bon souvenir mais ça m’a permis de voir les Kerguelen. Je ne serais sûrement jamais allé là-bas sinon ! (rires) Dans du mauvais, il y a du bon. Le pire souvenir, c’était aussi pendant la première étape d’Around Alone en 2002-2003. Je suis monté en haut du mât avec ma télécommande de pilote. Il y avait un dispositif qui mettait le pilote en vrac quand je m’éloignais du bateau. Ce n’était pas vraiment au point et quand je suis monté au mât, le pilote a cru que j’étais tombé à l’eau. Il a mis la barre dans le coin et le bateau s’est couché. Je me suis retrouvé en haut du mât avec les pieds dans l’eau. »

- Publicité -

Si Bernard a hâte de revoir les mers du Sud, car « c’est un endroit où on est directement lié à la nature », le Pot au Noir est une zone qu’il n’aime pas du tout. « S’il y a un endroit que je redoute, c’est celui-là. On peut traverser des orages terribles et on n’a pas de vitesse parce que près des orages, il n’y a pas de vent. Il y a déjà eu des éclairs qui sont tombés assez près du bateau pour que ça sente le souffre. On se dit qu’on va se prendre le prochain, qu’on n’aura plus d’électronique alors qu’il reste encore 17 000 milles avant de boucler le tour du monde. Il y a une question de chance aussi à cet endroit, ce qui est beaucoup moins le cas sur le reste du parcours. »

Quant à la décision de mettre en place des portes de glaces, le skipper de Cheminées Poujoulat n’apprécie pas totalement. « Dans l’absolu, je suis contre les portes des glaces. Je comprends qu’ils en mettent mais ça signifie qu’ils mettent en doute notre capacité à faire les bons choix. Ils pensent qu’on ne peut pas décider de nous-mêmes de ne pas y aller. »

Si certains skippers embarquent beaucoup de musique pour ces trois mois de mer, Bernard préfère « écouter » son bateau. « Si j’écoute une dizaine d’heures de musique sur le Vendée Globe, c’est un grand maximum. Je ne mets jamais de musique en fond sonore. Il faut que j’entende le bateau, je veux entendre le moindre petit bruit. Donc si j’écoute de la zik’ à fond, je ne vais pas entendre s’il y a un problème » .

Le grand débat fait rage entre les skippers sur l’avenir de la classe IMOCA. Si certains plaident en faveur de monotypie, Bernard fait partie de ceux qui sont contre cette décision. « Dans le cadre de l’IMOCA, je pense que ce n’est pas une bonne chose. Je ne pense pas que la classe soit prête à gérer une monotypie. On dit que ça permet de maîtriser les coûts, ce qui est à peu près vrai en ce qui concerne le bateau, mais ce n’est pas ça qui réduit les coûts de fonctionnement, au contraire. Et puis les bateaux ont des performances différentes à certaines allures, ils ne se suivent pas comme des chevaux de bois. C’est beaucoup plus intéressant pour des gens qui ne connaissent pas du tout la voile. Il y a les MOD mais à part les spécialistes, il n’y a pas grand monde qui suit ces courses parce que c’est trop compliqué à comprendre. Et puis, ce qu’on a fait avec notre bateau… on a conçu quelque chose, on a créé quelque chose. Ça n’aurait pas été possible avec la monotypie. Le problème économique ne va pas se résoudre avec la monotypie. »