Tanguy de Lamotte a certes fréquenté une école de voile pendant son enfance, mais au niveau de la compétition, c’était le judo qui l’attirait jusqu’au lycée où il avait un professeur de sport qui adorait la voile. Une fois son bac en poche, il est parti en Angleterre pour faire des études d’architecture navale pendant trois ans. C’est là-bas qu’il a rencontré des personnalités de la course au large dont Ellen MacArthur, Brian Thompson et Samantha Davies. Le jeune skipper a également aidé Nick Moloney à préparer son Vendée Globe 2004. Mais si le tour du monde en solitaire sans escale était un rêve, ce n’était pas une obsession pour Tanguy. « Je n’avais pas annoncé que je voulais absolument faire le Vendée Globe mais j’ai eu la chance d’être performant en Class 40 et de pouvoir monter un super projet d’aventurier. Je n’y vais pas pour la gagne. Pour moi, la performance n’est clairement pas la priorité. »
Avec un budget modeste, il a travaillé sur l’ex-Whirlpool de Catherine Chabaud, qui a récemment fait le tour du monde entre les mains de Brad van Liew sous le nom du Pingouin, pour en faire un bateau simple en ne modifiant que ce qui pouvait apporter un plus au niveau de la sécurité et de l’endurance, sans avoir cherché à gagner en performance. « Il faut que je fasse plus ou moins 100 jours de navigation pour être sûr qu’à l’arrivée on puisse remettre un chèque à l’association et voir les enfants être opérés. »
En effet, grâce à ses sponsors, une quinzaine d’enfants ont pu déjà être opérés. « Je ne les ai pas tous vus mais j’en ai vu une bonne dizaine. C’est hyper touchant, je me souviens très bien d’une petite Cambodgienne de neuf mois, j’ai vu une petite Algérienne de sept ans et son frère s’était aussi fait opérer un an après. Nous on donne un peu de notre capacité d’être homme-sandwich pour porter le message. J’ai la chance de trouver des sous pour aller sur l’eau pour faire mon métier et m’éclater et ces gamins, ils ont besoin d’argent pour rester en vie. »
En solitaire, mais pas en solitude
Partir seul en mer ne fait pas peur à Tanguy, qui a déjà vécu d’autres expériences plus difficiles à son avis. « Sur le Vendée Globe, on est en solitaire, mais pas vraiment en solitude. Sur la Mini Transat, on n’a pas de téléphone satellite, on ne peut parler à personne, c’est vraiment de la solitude pure. Là, on sera en solitaire donc on devra tout faire tout seul mais il y a ce petit côté contact avec la terre, qui pourra être visuel en plus. » Cependant il avoue redouter le passage dans les mers du Sud. « C’est un endroit que je ne connais pas donc je n’ai pas de référentiel. J’ai cette espèce d’appréhension mais aussi cette lueur dans les yeux à l’idée d’y aller. C’est à la fois l’endroit où on a le plus peur d’aller et celui où on a le plus envie d’aller. » Et en même temps il s’interroge au sujet des portes des glaces. « Je ne sais pas si c’est une bonne chose parce que de temps en temps, ça nous fait prendre des trajectoires un peu compliquées qui pourraient être plus « safe » sans les portes des glaces. Par exemple, quand il y a une dépression et qu’on doit remonter au près pour passer la porte des glaces, c’est un peu compliqué. »
Si certains skippers ont envie de repartir une fois de retour aux Sables, le skipper originaire de Versailles pense qu’il aura d’autres projets à élaborer à son retour. « D’après mon expérience, j’ai fait la Mini Transat et je l’ai faite suffisamment bien pour ne pas avoir envie de la refaire. Pour le Vendée Globe, si j’arrive à finir proprement, à faire une belle trace, à faire parler de l’association, à sauver plein d’enfants, je pense que je serai fier de moi et je ne sais pas si j’aurai l’envie ou l’énergie d’essayer de faire mieux. Au fond de moi, je sais que j’aimerais bien être impliqué dans un projet autour de la Coupe de l’America. Si ça se trouve je vais retourner dans l’architecture ».



















