Mare, piloté de main de maître par un couple franco-allemand a réussi à semer ses poursuivants au passage du Cap Finisterre en creusant l’écart à une trentaine de milles. Jorg Riechers et Marc Lespesqueux ont tricoté fort, à coups d’empannages et de réglages. Du travail bien fait et une récompense immédiate, facilitée, il est vrai par un bateau, le Mach 40, qui semble très à l’aise dans les petits airs au portant.
Le passage du Cap Finisterre n’a pas été fidèle à sa réputation casse-bateaux. Seul un léger souffle a finalement libéré les onze tandems du Golfe de Gascogne. Si la plupart ont retrouvé un peu de pression aujourd’hui, les plaisirs de la glisse seront de courte durée puisque les cartes promettent déjà un nouveau coup de frein dès ce soir et jusqu’à vendredi. Voilà qui va laisser le temps aux équipages de mettre leurs neurones en ébullition pour s’extraire de la mare aux canards.
Poèmes bleus est le seul à s’être démarqué très tôt. En mettant de l’ouest dans leur route, Mathis Prochasson et Matthieu Galland ont fort bien mené leur bateau, l’un des doyens de la flotte (2006) aux avant-postes du classement. Et les deux jeunes ingénieurs, qui font seuelement leur deuxième transat, montrent leur détermination depuis trois jours. Geodis (Amedeo/Tripon) a traversé le peloton pour se recaler plus au nord.
L’escale de Groupe Picoty pour réparer son safran n’a duré que de trois heures à Bayona. Jacques Fournier et Jean-Christophe Caso cavalent depuis comme des forcenés. Le coup de frein de la nuit prochaine pourrait bien leur être favorable pour revenir sur leur 180 milles de retard.
Ils ont dit
Jacques Fournier, Groupe Picoty : « Nous avons fait jouer un petit réseau de connaissances qui sont venus nous donner un coup de main à 3 h du matin, et à 6 h 30, nous étions repartis. Si on n’avait pas eu d’aide, on n’aurait jamais pu repartir avant midi. On est en train de faire une stratégie gagnante pour revenir sur les petits copains et les coiffer sur la ligne »
Ludovic Aglaor, Jack in the Box : « On était pourtant briefés avant le départ : “les gars, faites hyper gaffe à ne pas raser le cap avec ce vent s’il est au-delà de 70°”, et nous avec du 90°, on se dit que ça va le faire ! Avec un peu de fatigue, l’envie de prendre des raccourcis et, il faut bien l’avouer, un goût pour les chemins risqués, voire mal famés, nous nous sommes fait coller comme des collégiens pris à fumer leur première cigarette dans les toilettes en séchant le cours de latin par-dessus le marché, verdict 12 heures de colle ibérique pour avoir été des bourriques, sévère mais juste »
Classement de 14h
1 Mare – Jörg Riechers / Marc Lepesqueux à 4 424,41 milles de l’arrivée
2 Poèmes Bleus – Mathis Prochasson/Matthieu Galland à 28,35 milles
3 Geodis – Fabrice Amedeo/Armel Tripon à 29,18 milles
4 Jack in the box -Aloys Claquin/Ludovic Aglaor à 40,57 milles
5 Agir Recouvrement – Stéphane Le Diraison/Adrien Hardy à 42,50 milles