A mi-parcours, enfin une relative accalmie

erwan tabarly
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C’est avec un soulagement non feint que les solitaires de la Transat Bénodet – Martinique voient arriver l’accalmie sur l’Atlantique. A 1 600 milles de l’arrivée à Fort-de-France et au fur et à mesure de leur gain dans l’Ouest, tous quittent peu à peu l’indélicate compagnie de la dépression qui les torturait depuis de longues heures. Ce matin encore, les marins confiaient devoir composer avec l’instabilité de l’air et la fréquence de violentes rafales. Dans un flux de Nord Est et une houle très prononcée, la conduite des monotypes opposait une fois encore deux pratiques : d’un côté un courant incarné par le "sudiste" Erwan Tabarly, qui n’aura réduit la toile et affalé le spi qu’après une dizaine d’heures d’un combat rapproché mené à la barre ; de l’autre ceux qui, à l’image de Fabien Delahaye ou encore Jeanne Grégoire (Banque Populaire), ont choisi de naviguer avec prudence et moins toilés.

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Tabarly prend la tête

A ce jeu là, Thomas Rouxel a cédé le leadership d’une flotte qui commence à s’étirer en longueur, pour.. 0,2 mille en faveur d’Erwan Tabarly, ce mardi soir à 19h. Autant dire que Thomas et Erwan font jeu égal, devant Fabien Delahaye, Nicolas Lunven et Jeanne Grégoire, qui signe elle-aussi une course épatante pour le moment.

A compter de ce mardi, l’avenir s’annonce sous le signe des Alizés et d’une stabilité dont tous doivent avoir presque oublié la saveur. Un vent plus régulier, une mer qui n’aura   rien d’un lac mais dont les longueurs d’ondes seront appréciables et ce pour six à sept jours… autant dire que le tableau changera du tout au tout. Mais avant d’emprunter ce qu’Eric Mas de Météo Consult, qualifie de "toboggan", il faudra aux solitaires en choisir la pente et donc déclencher un empannage dans la courbure de l’anticyclone. Cela leur permettra de se retrouver bâbord amures pour faire une route quasi directe vers l’arrivée. Ce passage stratégique programmé pour la journée de demain devrait débuter avec les solitaires les plus au Nord, ceux-là même qui ressentiront l’affaiblissement du vent en premier lieu. Derrière, il est question d’une situation fiable, de conditions de navigation agréables et de la possibilité d’entrevoir un répit avant le sprint final aux abords de l’arc Antillais. Dans un peu plus d’une semaine?


Fatigue des hommes et des bateaux


Mais cette nouvelle page qui s’ouvre sur l’Atlantique ne sera pas totalement vierge tant les neuf jours de course depuis le départ de Bénodet ont laissé leur empreinte. D’un bord à l’autre, les soucis techniques sont légion. Ainsi, les spis en règle générale ont-ils payé un lourd tribu au premier coup de vent au large du cap Finisterre, l’épisode de ces derniers jours s’étant chargé de finir une partie du travail. La fin du parcours devant prendre les allures d’une course de vitesse au portant vers les Antilles, ces voiles seront bien évidemment essentielles à qui voudra garder toutes ses chances de bien figurer. Pour s’éviter tout handicap à l’heure de la conclusion, nombreux sont les ateliers couture ou collage des morceaux restants qui fleurissent à bord des Figaro Bénéteau 2. L’occasion si besoin était de rappeler à quel point ces régatiers de la Transat Bénodet – Martinique sont avant tout des marins complets et polyvalents. Mais le matériel n’est pas le seul a avoir souffert sur cette première partie de course, les organismes s’étant eux aussi retrouvés dans les griffes d’une météo mauvaise. Une accumulation importante de fatigue, des bobos plus ou moins prononcés, des dos meurtris… le quotidien des marins n’est pas un long fleuve tranquille. 

Le pointage de 19 h ce mardi:

1 Erwan Tabarly NACARAT à 1582 milles du but
2 Thomas Rouxel BRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 0,2 mille
3 Fabien Delahaye PORT DE CAEN OUISTREHAM à 5,2 milles
4 Nicolas Lunven GENERALI à 11,5 milles
5 Jeanne Grégoire BANQUE POPULAIRE à 32,6 milles

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