15, 16, 17, 18 nœuds… Les speedos s’emballent depuis cette nuit. Les concurrents, soumis à de forts vents de nord-est et toujours relativement groupés, progressent rapidement à l’approche du cap Finisterre mais doivent composer avec une mer de plus en plus difficile. La concentration est donc de mise à la barre des Figaro Bénéteau d’autant que le trafic de bateaux de pêche et de commerce est particulièrement dense à la pointe nord-ouest de la péninsule ibérique.
De fait, dans ces conditions musclées, nul n’est à l’abri d’une sortie de piste. Les solitaires le savent bien. La plupart d’entre eux a choisi de réduire la toile. Nicolas Lunven (Generali), leader au classement de 5 heures ce mardi, navigue avec un ris dans la grand voile et avouait lors de la vacation ce matin, avoir affalé son spi lors de l’empannage, en milieu de nuit, pour jouer la carte de la sécurité. Même démarche pour Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham), désormais 4e, qui indiquait préférer « calmer un peu le jeu » en envoyant un spi au grammage plus épais et donc plus solide. Préserver son matériel, voilà l’enjeu.
L’heure est donc au pilotage plus qu’à la stratégie pure et dure mais très vite, les marins vont devoir prendre les premières décisions tactiques dans une situation météorologique qui, si elle n’est pas complexe, présente néanmoins certaines incertitudes. « Les deux fichiers météo que nous avons sont diamétralement opposés. De nouvelles données tomberont vers 9 heures. Je regarderai ça avec attention mais pour l’instant, il n’est pas facile de savoir quoi faire. Il y a deux choix opposés. Il va falloir être fin dans les analyses », prévient Nicolas Lunven. Dans l’absolu, lui comme ses adversaires vont continuer de descendre le long de l’Espagne et du Portugal poussé par ce fameux flux de nord-est qui devrait faiblir légèrement dans l’après-midi.
Ils ont dit :
Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham) : « Je viens juste de réduire un peu la voile parce que ça bombarde bien. Je ne sais pas ce que font les autres mais je calme un peu le jeu. On n’arrête pas de taper des billes de bois. Tout à l’heure sous spi, j’étais à 13, 14 nœuds, j’en ai tapé une qui m’a arrêtée net le bateau. J’ai été obligé d’affaler pour décoincer la barre. Quand on fonce dans la nuit noire à 15 nœuds face à un mur avec plein de trucs dans l’eau comme ça, ce n’est pas très agréable.»
Nicolas Lunven (Generali) : « C’est un peu chaud, il y a 30 nœuds de vent. On approche du Cap Finisterre avec un vent un peu rafaleux… Ca monte jusqu’à 33 nœuds dans les claques. J’ai empanné assez tard, à 23h17 hier soir. Je ne voulais pas me rapprocher trop près de la côte où la mer est mauvaise et où j’aurais peut-être été obligé de ré-empanner. On verra ce que ça donne. Je préfère perdre un peu de terrain maintenant mais préserver le matériel. La mer est un assez mauvaise, du coup le bateau part dans des surfs un peu incontrôlables. C’est rare en bateau mais je préfère lever un peu le pied d’autant que cela me permet un peu de mettre le pilote et de me reposer un peu. »
Classement de 5h
1 Nicolas Lunven GENERALI à 3158.8 milles de l’arrivée
2 Erwan Tabarly NACARAT à 2,2 milles
3 Gildas Morvan CERCLE VERT à 2,8 milles
4 Fabien Delahaye PORT DE CAEN OUISTREHAM à 3 milles
5 Eric Drouglazet LUISINA à 4,1 milles