IB Group Challenge : A chacun sa stratégie

Trimaran Géant
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On va finir par y perdre notre boussole, notre latin, nos repères et peut-être bien d’autres choses encore ! Un coup, c’est le gars du Nord qui prend l’avantage, après c’est celui de derrière qui revient d’on ne sait où ni comment, ensuite c’est celui qui longe les côtes espagnoles, puis celui qui évite un banc de brume… Bref, depuis deux jours, le leader change pratiquement quatre fois par jour au gré des positions récupérées à 4h00, 10h00, 16h00 et 19h00. Cette fois, toutefois, cela semble plus radical : il y a un arrêt net pour les trois Nordistes (Banque Populaire, Groupama-2, Foncia) et le « retardataire » revenu très fort dans le match (Gitana X) et les deux Sudistes (Géant, Gitana 11), tous au large d’Alger. Le premier groupe peine à 6-7 nœuds tandis que le second file à près de 12 nœuds sur la dernière demi-heure.
 
Michel Desjoyeaux aurait-il trouvé le bon couloir de vent ? Son co-navigateur Vincent Riou indiquait clairement à la vacation de midi : « Nous ne nous occupons pas trop de la flotte, nous jouons notre stratégie en essayant de comprendre ce qui se passe côté météo. Mais on ne se pose pas trop de questions : nous n’avons pas spécialement envie de rester au contact et on va chercher ce qui nous paraît bon car dans ces coins, il faut être un peu joueur. » Certes, il faudra attendre ce soir pour confirmer si l’option était bonne, mais d’ores et déjà Géant se positionne comme le trimaran le plus créatif en terme de navigation.
 
Serait-ce une habitude de Figariste ? Franck Cammas, Armel Le Cléac’h et Pascal Bidégorry, tous les trois vainqueurs d’une édition de la Solitaire du Figaro, ne se quittent pas d’une étrave. Sûr que la navigation au contact impose un rythme élevé car chaque petite erreur de réglage s’observe illico, chaque bascule mal négociée se paye cash. La technique est toujours bonne car les régleurs ont en permanence des repères et la vitesse s’en ressent en positif.
Mais que se passe-t-il si le leader du moment va dans le mur ! Il entraîne ses camarades comme les lemmings en haut de la falaise pour sauter à la mer… Non : à la lecture du relevé des positions, les équipages vont prendre des mesures drastiques pour revenir au contact et donc lâcher la tactique pour passer en mode stratégie…
 
Surtout à ce moment crucial de l’IB Group Challenge car cette nuit, le flux de Sud Ouest qui a rattrapé la flotte, et a ainsi permis à Gitana X de combler une partie de son retard, va buter sur le vent de secteur Est qui règne au large de Malte. De ce conflit va naître une zone tampon, une phase stratégique délicate à négocier le long des côtes tunisiennes. En pleine nuit, avec seulement un petit croissant de lune et toujours ces contrastes thermiques entre désert et mer, qui créent ces bancs de brume, ces noyaux sans vent, ces couloirs de brise au cheminement imprévisibles.
Il y a la politique de l’écureuil qui accumule les noisettes en vue de garder du stock et celle du trader qui n’hésite pas à attaquer dès qu’il sent une ouverture même s’il sait qu’il peut y laisser plus que des plumes. On dit que la nuit porte conseil : celle-là porte à conséquence…
 

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