Vers 21 h ce mercredi soir Sidney Gavignet a été récupéré par le Cavo Alexander, un vraquier qui faisait route vers la Turquie. Sidney va bien et est en contact avec son équipe à terre par téléphone satellite. Le vraquier est à 840 milles de Gibraltar et devrait atteindre la pointe de l’Espagne dans deux jours… à moins qu’il n’aille finalement à Malte. Oman Air Majan est suivi via sa balise et tout est mis en oeuvre pour récupérer le bateau.
Les explications de Sidney Gavignet, à bord du cargo qui l’a récupéré :
L’avarie
"J’étais au près débridé très rapide, autour de 20 noeuds de vitesse bateau. La mer n’était pas très forte mais à cette vitesse là il y a de chocs très souvent. J’étais sous trinquette avec deux ris dans la grand voile et tout allait bien, je m’étais bien reposé, bien alimenté… un saut de vague un peu plus violent il m’a semblé entendre un ‘crac’… puis une autre vague et un énorme crac cette fois, je suis sorti – je pensais que c’était la dérive qui avait cassé et en fait j’ai vu que c’était le bras tribord avant, un petit mètre avant le flotteur, là où il s’arrondit pour entrer dan le flotteur. Tout est allé très très vite, j’ai voulu choquer le chariot mais 3 ou 4 secondes ensuite ça a cassé pour de bon et quelques secondes plus tard, le bateau étant souple, le mât est tombé, sous le vent, et il a fini par se casser."
"Au moment ou ça a cassé la plate-forme était quasiment verticale, il n’y avait plus d’appui sous le vent. Le bateau s’est couché. On est très désorienté à ce moment-là où la plateforme est verticale au lieu d’être horizontale. Puis le bateau s’est remis avec une gîte de 20 degrés… et voilà."
"Je ne saurais pas dire quand est ce que le bras arrière a cassé. J’ai assez vite senti que l’eau n’allait pas rentrer, j’avais le bas de porte installé. J’ai enfilé tout de suite la combinaison de survie, ramené le radeau et téléphoné à Jean Maurel et à mon équipe."
"J’ai eu une seconde d’inquiétude car un moment donné j’ai pensé que le bateau allait couler tout de suite, mais je me suis très vite rendu compte que non. Je craignais aussi que le mât ne casse le roof. Mais la mer n’était pas si méchante que ça, les conditions n’étaient pas dantesques, c’est la vitesse du bateau qui donnait une sensation de violence. Je n’ai pas pensé que ma vie était en danger, je savais que je n’étais pas très loin des Açores (250 milles, ndr) et j’imaginais pouvoir avoir des secours assez vite."
"Cela pouvait être une bonne idée de lâcher le mât, mais c’était quasiment impossible à certains endroits et je n’aurai pas pu le larguer complètement".
Les mesures prises
"J’ai été en relation avec Jean Maurel, mon équipe, le Cross, les MRCC Portugais. J’ai mis ma balise en route et l’ai accroché à une barre pour qu’on puisse suivre le bateau qui dérive vers le nord. Les sauveteurs portugais m’ont demandé de quitter le bateau, je pense que c’était la bonne chose à faire, même si ça fait bizarre d’abandonner le bateau comme ça. On pense à la famille, à l’inquiétude qu’on cause aux autres. C’est un sentiment un peu bizarre."
Le sauvetage
"Je suis allé dans mon radeau pour monter à bord du cargo… à ce moment là le bateau s’est complètement remis à l’horizontale car à ce moment là malheureusement le flotteur est passé sous les bras. C’était bien que le bateau se remette à l’horizontale mais maintenant le flotteur va taper contre la coque centrale et je suis un peu inquiet… je ne sais pas ce qui va casser mais…"
"J’ai mis mon radeau de survie à l’eau, le cargo est venu me chercher avec un petit bateau à moteur. C’était très, très dangereux… Le plus dangereux c’était pour remonter sur le cargo. Dans le petit bateau à moteur, avec un tout petit moteur, ils étaient quatre dont un bonhomme terrorisé roulé en boule par terre avec ses lunettes cassées, des Philippins et un Grec… ça c’est bien passé finalement mais ça fait un peu bizarre de mettre en danger aussi la vie des gens comme ça, je ne suis pas très fier de ça."
"A bord du cargo, ils m’ont donné une combinaison, la vie continue pour eux, ils ont repris des quarts. Le cargo s’arretera à Gibraltar ou à Malte pour faire du fioul, je ne sais pas encore, pour l’instant nous avançons à 13 noeuds vers Gibraltar. J’essaie d’être assez discret pour me faire accepter, accéder au téléphone m’intégrer le plus possible à la vie de la cabine d’en haut."