Plus les jours s’égrènent sur le calendrier de la dixième édition de la Transat AG2R La Mondiale et plus le suspense gagne en intensité. Ainsi, aux avant-postes, si quatre bateaux semblent pourvoir légitimement prétendre aux lauriers à Saint-Barth, il est bien difficile d’envisager avec certitude auquel de ces duos sourira la victoire. En tête, le duo Armel Le Cléac’h et Fabien Delahaye joue la discrétion côté communication et poursuit sa démonstration de vitesse et de maîtrise. Malgré un différentiel d’expérience au départ de Concarneau, les hommes de Brit Air semblent en être arrivés à une belle alchimie et quel que soit le résultat dans les jours à venir, le co-skipper du "Chacal" aura toutes les raisons d’être fier de sa prestation sur sa première course transatlantique. Derrière ces deux marins de talent, la menace n’a rien d’une plaisanterie. Trois milles après les leaders, Jeanne Grégoire et Gérald Véniard sont fermement décidés à venir contrecarrer leurs plans. Positionnés légèrement plus au Nord, les marins de Banque Populaire savent que la différence se fera sur ces petits riens qui au final donnent vie aux plus grands rêves. Ceux-là entendent bien profiter de toutes les opportunités qui s’offriront à eux pour avoir le dessus, jouant des débuts et des fins de nuit pour prendre la poudre d’escampette si l’occasion se présentait. A peine plus loin, Gildas Morvan et Bertrand de Broc recollent doucement mais sûrement sur la tête de la flotte, n’ayant pas hésité ces dernières heures à prendre la tangente, au sud, pour mieux revenir. Compte tenu de la somme des expériences réunie à bord de Cercle Vert, on imagine aisément que jusqu’au bout il faudra compter avec eux pour la plus haute marche. Enfin, en quatrième position, à une dizaine de milles des premiers, Romain Attanasio et Samantha Davies (Savéol) entament eux aussi les derniers jours de course avec de jolis espoirs.
Garder un oeil dans le rétroviseur
Mais si ces quatre bateaux ont pris depuis peu une belle option sur la victoire finale et les places d’honneur, il ne faut pas pour autant reléguer les poursuivants que sont Nicolas Troussel et Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne) et Nicolas Lunven et Jean Le Cam (Generali) au rang de figurants. En position d’attaque, ces marins redoutables pourraient en effet représenter une sérieuse menace pour les premiers d’ici à l’arrivée et Bertrand de Broc lui-même ne cachait pas maintenir la vigilance, ayant à l’esprit que "derrière ils ne lâchent rien et on n’est jamais à l’abri d’un retour". Il leur sera certes difficile de venir tutoyer les sommets, mais devant, on garde un oeil avisé dans le rétroviseur tant on sait que la marge dont ils disposent pourrait ne pas peser si lourd face à une succession d’épisodes de pétole aux abords de l’arc antillais et à proximité de Saint-Barth. Quoi qu’il en soit, pour tous il conviendra de soigner la partie de cache-cache qui consistera à tenter les échappées nocturnes à la faveur d’empannages inspirés et de peaufiner son approche sur les Antilles en les négociant du bon côté.
Les cinq premiers à 5h ce vendredi 7 mai :
1. Armel Le Cléac’h/Fabien Delahaye (Brit’Air)Gildas Morvan/Bertrand de Broc (Cercle Vert) à 810 milles de St Barth Vit. 8,6 nœuds
2. Jeanne Grégoire/Gérald Véniard (Banque Populaire) à 3,1 milles du leader. Vit. 8,7 noeuds
3. Gildas Morvan/Bertrand de Broc (Cercle Vert) à 8,3 milles du leader. Vit. 8,9 noeuds
4. Romain Attanasio/Samantha Davies (Savéol) à 10,4 milles du leader. Vit. 8,8 noeuds
5. Nicolas Troussel/Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne) à 48,7 m. Vit. 8,6 nœuds