Pas d’effet accordéon. Pas de zone de dévent. Et donc pas de bouleversement à la marque de parcours obligatoire des Canaries. Il reste, aujourd’hui, aux concurrents de cette 10e Transat AG2R les deux tiers du parcours à réaliser. Chacun élabore sa stratégie pour les heures et les jours à venir. Dans l’immédiat, le flux modéré de secteur Nord-est pour 15 nœuds en moyenne, va s’orienter doucement au Nord en fin de journée. Sous tribord amure, certains pourront mettre un peu de Nord dans leur route mais, globalement, il n’y aura pas de grandes options. Les tandems devront essentiellement se concentrer sur la bonne marche de leur bateau. « Si tu n’avances pas, t’es marron » rappelait Jean Le Cam – qui fête ce mardi son 51e anniversaire – à la mi-journée.
Groupe Bel repart en course
Moins d’une journée après sa collision avec une baleine, le Figaro Groupe Bel a repris la mer ce mardi, à midi. L’escale technique à Santa Cruz (Tenerife) a duré une dizaine d’heures et le safran tribord endommagé a pu être remplacé en un temps record. Même s’ils accusent du retard sur la tête de la flotte, Kito de Pavant et Sébastien Audigane ont décidé de poursuivre leur aventure en course.
Les marins se dirigent donc vers la marque de La Palma, distante d’une centaine de milles de Tenerife. Kito de Pavant : « Nous n’avons pas vraiment eu le temps de réfléchir, il a fallu organiser l’échange du safran et faire venir Hervé, mon directeur technique. Cela a été une sacrée galère pour lui et car il a fait 10 heures de voiture jusqu’à Madrid pour prendre le premier avion ce matin. Nous nous sommes bien sûr posés la question de repartir ou non. Il y a beaucoup de paramètres à évaluer dans ces circonstances mais dans la mesure où l’on peut réparer le bateau et qu’il peut naviguer, nous allons jusqu’au bout de l’histoire même si le résultat final ne sera pas à la hauteur des objectifs initiaux. Le bateau n’est pas à 100% de ses capacités mais il navigue et ne nous empêchera pas d’aller jusqu’à St Barth.»
De belles glissades en vue
Tenir le rythme, placer les empannages au bon moment : voici le programme qui attend les marins d’ici à vendredi. Jusqu’à cette date, le vent sera bien établi et propice à la vitesse, au largue serré ou au grand largue. Par ailleurs, une houle de Nord-ouest se renforcera pour atteindre 2-3 mètres, ce qui favorisera les glissades. Ensuite, l’anticyclone au Sud-ouest des Açores commencera à marquer quelques signes de faiblesse avec une baisse de pression en son centre. Par conséquent, l’alizé faiblira partiellement. « Il faudra trouver la meilleure route pour contourner ce système. Soit couper le fromage avec moins de vent, soit faire le tour en allant plus vite. Ce sera une question de compromis » a détaillé Armel Le Cleac’h.
Ils ont dit :
Yann Eliès, skipper de Generali Europ Assistance : «On aurait été content d’être devant mais ça n’a pas l‘air simple devant, donc c’est nickel ! On est dans un scénario idéal et on va jouer avec ce qu’on nous propose. On a le sentiment de ne pas avoir été payé comme il fallait dans notre option, mais on a tous trouvé des bons surfs. La houle est super bien placée et il fait chaud… »
Antoine Koch, skipper de Gaspé 7 : « On n’est pas très content, car il y a quatre bateaux devant ! On était vraiment bord à bord avec Brit Air mais ils nous ont laissé là, donc on a une revanche à prendre ! La course est encore longue, on est dans une situation qui ouvre encore des choses. Depuis le Cap Finistère, les routages donnaient des temps de passage très proches en fonction des options, donc ça n’a pas été facile de choisir. Il y aura sûrement des petits éléments perturbateurs à négocier pour la suite... »
Franck Le Gal, co-skipper de Gedimat : « C’est la fin du premier tronçon, un nouveau départ commence. Si on nous avait dit qu’on serait placés devant Nicolas Lunven, Jean Le Cam et compagnie, on aurait signé de suite des deux mains ! On bosse pour la suite et on s’amuse bien ! Notre erreur a peut-être été de trop se centrer sur la marque de parcours et de ne pas assez anticiper sur la trajectoire à long terme. »
Jean Le Cam, co-skipper de Generali : « On a eu un début de course pas très bon, et puis une option le long du Portugal qui aurait pu payer mais qui n’a rien donné ! On vient de passer les Canaries. Il faut être sur les réglages tout le temps et essayer d’aller moins mal que les autres. A partir de maintenant, il y en a qui vont passer à droite et le reste à gauche. Il faudra attendre le prochain passage pour voir ça ! Mais ceux qui passent à droite ne vont pas revenir à gauche et inversement ».
Classement de 15 h
1 SAVEOL Romain Attanasio / Samantha Davies à 2414,8 milles de l’arrivée
2 BANQUE POPULAIRE Jeanne Grégoire / Gérald Véniard à 20,5 milles
3 BRIT AIR Armel Le Cleac’h / Fabien Delahaye à 21,5 milles
4 CERCLE VERT Bertrand de Broc / Gildas Morvan à 23 milles
5 GEDIMAT Armel Tripon / Franck Le Gal à 63,4 milles