Alinghi 5, une expérience bien différente

Première navigation pour Alinghi 5
DR

Ayant effectué un tour du monde sur le maxi-catamaran Club Med, le Sud-Africain, Jan Dekker connaît bien les multicoques et travaille désormais avec Alinghi, mais il avoue qu’il y a des différences importantes entre un géant comme Club Med et le catamaran Alinghi 5. « Je crois que cela aide certainement à développer ses compétences quand on travaille sur des multis comme Club Med, mais à bord d’Alinghi 5 il faut apprendre d’autres automatismes et s’habituer à des choses qui sont complètement différentes de tout ce que l’on trouve ailleurs. De toute façon, tous les gars avec moi sont de bons marins et il ne fallait pas longtemps pour qu’ils apprennent… »

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La différence la plus importante pour Dekker entre les monocoques et un multi rapide comme Alinghi 5 est que le bateau ne pardonne pas la moindre erreur. « Il faut être rigoureux, car la moindre petite erreur avec ce genre de bateau peut vous coûter très cher, à cause du différentiel de vitesse quand on fait des choses correctement et lorsque l’on fait des erreurs. On peut constater une différence de dix noeuds, tandis que sur un monocoque la même erreur ne vous aurait coûté qu’un noeud. Avec un bateau qui est aussi réactif, il faut vraiment être méticuleux, vérifier que tout soit bien réalisé et éviter la casse ».

Dekker accepte certains risques mais faire l’ascension du mât n’est pas quelque chose qu’il a trop envie de faire. « Jusqu’ici nous avons eu de la chance, car nous sommes sortis sur une mer plate. Faire l’ascension du mât n’est pas difficile, mais s’il faut le faire à Valence lorsqu’on subit des vagues, ce sera une autre histoire. Cela peut devenir dangereux dans de telles conditions ».

Prudence de rigueur

Quant à Yves Detrey il a suivi un chemin très différent pour arriver dans l’équipe d’Alinghi 5. Il court avec Ernesto Bertarelli depuis plus de dix ans en commençant sur les Maxi One lors du Bol d’Or avant de faire partie de l’équipage de Fast 2000 lors de la Louis Vuitton Cup en 2000 et puis il a rejoint tout naturellement Alinghi en 2003. Il occupe plus ou moins le même poste que sur le monocoque Alinghi orchestrant l’envoi et l’affalage des voiles. Cependant, il voit aussi des différences importantes à bord du multi. « Il faut être prudent, car en comparaison avec les anciens bateaux, les charges peuvent représenter le double, ou le triple, voire plus. Maintenant après quelques mois à bord, nous commençons à nous habituer et cela devient plus facile, mais au début, il fallait faire les choses lentement afin d’éviter les erreurs ».

La vitesse d’Alinghi 5 impose aussi certaines contraintes et obligations. « Il faut anticiper, essayer de tout prévoir et penser à la prochaine manoeuvre que le tacticien va demander et tout doit se faire rapidement. Cependant parce que les charges sont importantes on ne peut pas hisser une voile comme sur la version 5. Il faut du temps pour le faire sur ce bateau et on cherche toujours des moyens à accélérer ces manoeuvres ».

Comme les autres marins à bord, Detrey a hâte de disputer le DoG Match. « Je crois que cela va être passionnant de voir les deux bateaux régater afin de déterminer lequel est le plus rapide. Cela va être une course bien différente, mais haletante ».