Tanguy de Lamotte : « Nous avons rencontré des conditions particulièrement difficiles. Dans le dernier virement de bord à l’issue de la 6ème dépression, nous nous sommes regardés avec Adrien : nous étions vraiment à bout de forces. Deux jours après le passage des Açores, j’ai passé une très mauvaise journée. J’ai vraiment cru, quand nous nous sommes empétolés, que nous avions fait – comme cela m’est déjà arrivé – la grosse bêtise irrémédiable de la transat et que nos espoirs de victoire nous filaient entre les doigts. »
« Le bateau aussi a beaucoup enduré, on a même calculé qu’il a pris, au rythme d’un choc toutes les 30 secondes, à peu près 40 000 chocs dans les creux, les vagues. Sur la mer des Caraïbes, en revanche, nous avons eu la chance de bénéficier d’une météo plus simple, pas trop tordue, pour ne pas se laisser prendre pour conserver notre avance. «
« Avant le départ, nous visions le podium et plus si affinités et si on naviguait bien. Je croyais en cette victoire. Elle s’est jouée à deux moments, avant et après le passage des Açores. Nous nous sommes alors à chaque fois positionnés plus au sud. Plutôt que nous appuyer sur les routages à 3-4 jours, nous avons privilégié une vision à plus long terme : tant sur le plan de la météo que pour nous préserver, ménager le bateau et ne pas prendre le risque d’aller au casse-pipe dans le gros des dépressions au nord. C’est comme ça que nous avons perdu 90 milles en plongeant au sud pour reprendre 100 milles le lendemain. Nous avions même marqué des mots à bord : vouloir le sud et protéger le sud…»
Interrogé sur ses moments préférés de la transat, Adrien Hardy surprend : « Paradoxalement, c’est la baston. Je suis content d’avoir vécu ces moments de mer, d’avoir vu ces conditions dantesques et de les avoir traversées. C’est bizarre, tu dois te faire violence, tu ne sais pas très bien ce que tu fais là. Heureusement que nous étions en double et à deux avec Tanguy pendant ces fortes tempêtes à répétition. Cela reste une sacrée expérience. »
En effet, il ne faut pas oublié le relationnel dans une course en double, comme Tanguy l’explique : « Avec Adrien, nous nous sommes vraiment bien entendus. Nous sommes amis, mais n’avions jamais navigué ensemble. Nous avons donc préparé cette course en conséquence et Adrien s’est vraiment bien impliqué. Le fait d’être jeunes nous a peut être aidés à avoir la niaque tout le temps : nous avons pris toutes les décisions en commun et maintenant, nous allons vraiment savourer cette victoire ensemble. »
Pour Tanguy la suite sera logiquement une participation à la Route du Rhum, tandis qu’Adrien envisage une nouvelle saison en Figaro.
Soldini-D’Ali et Jourdren Stamm en duel
On prend les mêmes et on recommence… A 85 milles de l’arrivée, Telecom Italia (Soldini-D’Ali) et Cheminées Poujoulat (Jourdren-Stamm) naviguent toujours collés-serrés, avec un écart de moins de 5 milles entre eux. Le long des côtes du Yucatan, le vent d’est, nord-est a beaucoup faibli et les duettistes ont d’ores et déjà très nettement réduit l’allure comme en témoignent leur vitesse de progression de 3-4 nœuds. En approche du golfe du Mexique, on devine que le duel redouble d’intensité et qu’il faudra attendre de les voir aux abords de la ligne pour savoir lequel des deux l’emportera sur le fil, pour empocher la place de 2è, dans la fièvre de ce samedi soir à Progreso, où ils sont attendus entre 20h et 23h, heure locale, soit dans le milieu de la nuit, dimanche 15 novembre, entre 3h et 6h du matin.
Classement de 17 heures
1 Initiatives – Novedia Tanguy De Lamotte/Adrien Hardy Arrivé le 13 nov à 9 h 25 (HF)
2 Telecom Italia Giovanni Soldini/Pietro D’Ali à 80,66 milles de l’arrivée
3 Cheminées Poujoulat Bruno Jourdren/Bernard Stamm à 82,41 milles de l’arrivée
4 Cargill-MTTM Damien Seguin/Armel Tripon à 270,71 milles de l’arrivée
5 Palanad 2 Tim Wright/Nicko Brennan à 365,69 milles de l’arrivée