Tempête sous un crâne de Ministe. Et dans la chaleur moite du Nordeste Brésilien. Par ordre d ‘apparition à l’écran, le jeune Thomas Ruyant (Faber France) habitué de la scène Bahiannaise depuis sa participation
en 2007, voit s’accentuer au fil des milles la pression de ses poursuivants de plus en plus à l’aise au fur et à mesure que le vent tourne sur l’arrière des Minis. Les écarts, stables avec son concurrent le plus immédiat, HP Schipman (Maison de l’avenir Urbatys), commencent lentement à fondre sous l’élan inspiré d’un Bertand Delesne (Entreprendre Durablement) qui, loin d’avoir abdiqué, croit en ses chances de préserver dans la déroutante baie de Bahia son crédit de 3 petites heures au classement général. Bertrand cravache, sous spi et au planning dans l’alizé, régal des plans Manuard et dont profite aussi
Stéphane le Diraison (Cultisol Marins sans frontière à 11 milles de Delesne!), tandis que Thomas cherche la pression sous gennaker. De 82 milles voici 36 heures, le grand Bertrand a ramené son déficit.. à 58!
Schipman joue crânement sa chance et vit de l’espoir suscité par ses 40 petites minutes d’avance sur Ruyant au général. Regarder en arrière serait une perte d’énergie, tant ses deux heures et 18 minutes de
retard sur Delesne doivent lui sembler minces pour espérer préserver cet inespéré fauteuil de dauphin. Ruyant sait lui son plan Finot à l’aise dans les petits airs, un sacré atout dans la perspective d’un finish au cordeau sous la ligne de gratte ciel de Salvador. Classement de 16 heures (françaises) ; le ralentissement typiquement attendu est là, et le spectre d’une retour par l’arrière grandit. Qu’elle sera longue cette nuit des Ministes.
En approche de Récife, les voiliers de série profite à plain de l’alizé. Ils se sont, à l’instar de leurs prédécesseurs protos en ces mêmes eaux, réalignés cap sur bahia, aux allures de plus en plus
portatives et sur des trajectoires qui ne laissent plus place aux options. Vitesse, et n’en doutons pas, plaisir, sont les mots du jour. Avec la petite pointe de tension chez un Charlie dalin (cherche sponsor
charliedalin.com) en passe de réussir la traversée parfaite depuis Funchal. Certes, son déficit au classement général se monte à 22 heures et la victoire au général ne doitq ue de très loin effleurer l’esprit
du Havrais. mais une entrée en vainqueur d’étape à Bahia se dessine devant l’étrave de son Pogo 2, et Charlie, à 450 milles de l’arrivée, met un point d’honneur à garder le plus loin possible de son tableau
arrière un Francisco Lobato (Roff TMN) clairement en quête de doublé. Ricardo Appoloni (Ma Vie pour Mapei), sans doute dopé par sa récente paternité, est cet après-midi le plus rapide. Il complète pour l’heure un podium que la meute des poursuivants emmenée par un autre italien Giancarlo Pedote (Prysmian) aura du mal à chambouler.
Si cette Charente-Maritimes/Bahia Transat 6,50 s’apprête à livrer en catégorie proto, ses lauréats, il faudra attendre samedi prochain pour connaitre le trio des meilleurs en Série. La flotte s’étend sur un demi
Atlantique bien au delà de l’équateur, et 5 solitaires subissent toujours et encore la vindicte d’un pot au noir vicieux qui accompagne leur pénible progression vers l’équateur. Par 7 degrés de latitude Nord, et à plus de 1 400 milles de l’arrivée, les Emmanuel Laurent (Domaine des Thômeaux) , Maxence Desfeux (Matmut) qui a parcouru 3 milles entre deux pointages ou Caroline Vieille (Fondation Jêrome Lejeune), à peine plus heureuse avec ses 6 milles couverts sur la route, souffrent avec le Norvégien Staale Jordan (Tromy) et le Suisse fabrice germont (Stratus) entre grains et pétole. Transat de tous les contrastes et de tous les visages, la Charente-Maritime/Bahia Transat 6,50 s’apprête à livrer de superbes vainqueurs mais garde au coeur de l’aventure nombre de solitaires en quête d’absolu.