Cent jours : on imagine ce qu’il faut de persévérance quand on est encore en mer et que les arrivées s’égrènent dans le port des Sables d’Olonne. Le plus souvent les proches, les équipes techniques se font l’écho assourdi des réjouissances aux abords des pontons de Port Olona… sans toutefois trop en rajouter, histoire que la marche en avant des demi-soldes de la course n’en soit pas plombée par l’impatience de retrouver la terre. On le sent bien, plus l’échéance approche et plus il devient difficile d’être en mer. Comme le soulignait Rich Wilson (Great Américan III) lors de la vacation de ce jour, nul ne se sent la trempe d’un Moitessier qui décidait de prolonger son tour du monde de peur de perdre son âme en touchant terre. De même Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) qui se débat avec des problèmes de gréement de plus en plus récurrents : non content de constater les avaries de son rail de chariot de grand-voile, le navigateur autrichien doit maintenant faire avec la rupture de ses drisses de tête de mât qui lui interdisent provisoirement d’établir tout spinnaker ou voile d’avant d’envergure. Pour compenser ses pertes de moral, Norbert se fixe des objectifs précis et limités à tenir chaque jour : se laver les dents, nettoyer l’intérieur du bateau, faire du rangement… Les tâches quotidiennes sont parfois le meilleur dérivatif pour combattre les glissements de l’âme.
Moins de mille milles pour ” Cali “
Steve White (Toe in the water) continue, contre vents et marées, de brandir l’indéfectible optimisme qui ne le quitte pas depuis le début de cette aventure. Malgré des dernières heures catastrophiques où le navigateur britannique a cumulé un spinnaker en lambeaux, une collision évitée avec un cargo sourd aux appels VHF, une route erratique qui l’oblige à faire le tour de la paroisse pour rejoindre les Sables d’Olonne, Steve continue de brandir comme un étendard son plaisir d’être en mer. Arnaud Boissières, quant à lui, espère toujours pouvoir en terminer le week-end prochain. Le skipper d’Akena Vérandas, auteur d’une course remarquable jusque là doit aussi composer avec la position parfaitement inhabituelle de l’anticyclone des Açores qui bloque la route vers la Vendée. Petit temps, allures de près risque d’être le lot commun de l’Arcachonnais qui avouait, quelques jours plus tôt à la vacation, ressentir une certaine lassitude. Qu’il se rassure, une fois la ligne d’arrivée franchie, les petites misères et grandes galères de ces trois mois de course sont vie reléguées dans les oubliettes de la mémoire. Ainsi fonctionnait la Grande Armée : le plaisir du devoir accompli compensait grandement les tributs de la bataille.
Le classement de 16 heures 1 – Michel Desjoyeaux (Foncia) le 1 février à 16h11 2 – Armel Le Cléac’h (Brit Air) le 7 février à 9h41 3 – Marc Guillemot (Safran) le 16 février à 2h21 (82 heures de compensation) 4 – Sam Davies (Roxy) le 14 février à 1h41 (32 heures de compensation) 5 – Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) le 16 février à 9h31 6 – Dee Caffari (Aviva) le 16 février à 14h12 7 – Arnaud Boissières (Akena Vérandas) à 879,8 milles de l’arrivée 8 – Steve White (Toe in the water) à 729,1 milles du premier 9 – Rich Wilson (Great American III) à 2136,4 milles du premier 10 – Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) à 3217,2 milles du premier 11 – Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) à 3709,3 milles du premier 3 – Vincent Riou (PRB) – réparation accordée




















