450.000 euros, tel est son budget. Le plus petit de toute la flotte. Son bateau a beau porter les couleurs de “Max Havelaar””, cette association ne finance absolument pas son projet.””Cette société où il faut toujours la meilleure bagnole, les plus belles fringues ou le dernier gadget ne me convient pas. C’est aussi un peu pour cela que je pars. Pourquoi juste consommer quand on peut consommer juste ? C’est ce message que je veux faire passer en réalisant le tour du monde””, disait-il sur les pontons sablais.Citoyen du monde Un discours qui tranche radicalement dans ce Vendée Globe aujourd’hui sponsorisé par un géant de l’agroalimentaire spécialisé dans les pizzas. Mais Ben (c’est son surnom) n’en a cure. Lui, il a délibérément choisi d’offrir sa coque et ses voiles à cette association à but non lucratif qui se contente juste de mettre en relation les producteurs des pays du Sud avec les industriels des pays du Nord autour de principes d’échanges justes et durables.Né un 14 juillet au Canada, mais vivant à La Rochelle, l’homme à la chevelure en pétard est longtemps resté à terre. A préparer les bateaux d’Autissier, Auguin ou encore Munduteguy. Canadien et Français, le skipper se veut avant tout citoyen du monde. A tel point que la déclaration universelle des droits de l’homme décore le plafond de son 60 pieds.Nouvelle orientationTitulaire d’une licence en mathématiques qui a bien failli le conduire tout droit dans l’éducation nationale, Parnaudeau a changé de cap il y a dix ans. A la suite de deux événements marquants, sa vie a pris une autre orientation : en décembre 1993, il perd son œil gauche dans un accident. Deux ans plus tard, son meilleur ami décède. C’en est trop ! Ben comprend que la vie est trop courte pour ne pas la vivre pleinement. Alors, il choisit de faire “”ce qu’il aime le plus d’abord, et le plus vite possible””. La mer devient alors son terrain de jeu préféré. Après une première Mini Transat (17e en 1997), il se lance dans la construction d’un 6,50 avec son copain Richard Mérigeaux. Ce dernier vient de se fracturer le pied. Dans la tête de Ben, ça fait tilt : le bateau s’appellera “” Bon pied – Bon œil”” (2e du Mini-Fastnet en 2001).“”Vendez pas l’globe””Après des navigations en Antarctique au cours de l’année 2000, le grand Ben croise la route d’un certain Munduteguy : il devient le préparateur du Basque dans l’édition 2000-2001 du Vendée Globe. Le Rochelais prend ensuite possession du plan Morrison lors du Défi Atlantique 2003 (Bahia – La Rochelle), épreuve qualificative pour le Vendée Globe : 8e, Ben a son ticket en poche.Après avoir allégé le 60 pieds de 3 tonnes, le marin-citoyen se présente sur la ligne de départ aux Sables d’Olonne. Auparavant, avec ses potes, il a pris soin d’enregistrer un album intitulé “”Vendez pas l’globe””. Depuis 58 jours, sans faire de bruit, Benoît Parnaudeau poursuit son tour du monde et profite de chaque seconde qui passe. Quotidiennement, il envoie à tous ceux que ça intéresse une petite carte postale (www.cotweb.com/benparnaudeau). Sans emphase, souvent bourrée d’humour, pleine d’embruns, elle transpire sa joie d’être en mer. Loin du monde des terriens qu’il a de plus en plus de mal à comprendre.Philippe Eliès / Le Télégramme”
Benoît Parnaudeau : marin engagé
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