Impressionnant de régularité, Yves sait également qu’il reste la dernière portion de cette Transatlantique à avaler : la navigation le long des côtes brésiliennes. Et si l’alizé reste modéré, il souffle tout de même à 15 nœuds en pivotant de Sud-Est à Est progressivement. Un alizé qui n’est pas comme dans les livres, puisque perturbé par une dépression à 1010 hPa centrée sur le Nord du Brésil. De ce fait, le ciel est nuageux sur Salvador et le ciel typique des alizés est au vestiaire. Toujours est-il qu’Yves reste calé sur la route orthodromique et chaque mille digéré l’approche de la Baie de Tous les Saints de Salvador de Bahia, terme de ces 4200 milles de navigation depuis les côtes de la Charente-Maritime. Mais avant, il va falloir déjouer quelques derniers pièges qui peuvent ruiner à jamais une victoire. La navigation le long des côtes du Brésil n’est pas de tout repos et tous savent qu’un marin est souvent plus en sécurité au large que près des côtes. Et là, Yves comme tous les autres qui vont le suivre, va devoir se méfier des pêcheurs et de leurs filets mal signalés sans oublier les plates-formes pétrolières plantées au large d’Aracaju. Et les anecdotes sont nombreuses le long des côtes brésiliennes, histoires de Transat 6,50 ou pas d’ailleurs : démâtage de Sam Manuard en 2003 à quelques milles de l’arrivée dans un vent perturbé qui venait alors du Sud, échouage de Michel Mirabel à quelques encablures de Salvador en tentant de passer à la côte en 2003 également, arrêt de Mike Golding pendant le Défi Atlantique sur son Ecover, la quille de son 60 pieds Ecover empêtrée dans des filets de pêcheurs pas signalés… Naviguer le long des côtes doit toujours se faire sous-haute surveillance et Yves ne le sait que fort bien. Problème de positionnement, David Sineau (Bretagne Lapins) se trouve logiquement 90 milles dans le sillage du proto Lombard 2006. Superbe navigation de David qui est à la lutte avec Ronan Deshayes (PCO Technologies) et Fabien Desprès (Soitec) pour le podium. 11e à Madère à 6h32 d’Yves, David doit allonger la foulée et glisser le plus d’heures possibles avec Ronan (4e à Madère et à 4h14 d’Yves) et Fabien Desprès (6e à Madère et à 5h19 d’Yves). Et bien évidemment, rien n’est hasard, on retrouve Ronan dans le groupe de chasse en 3e position à 129 milles derrière Yves et Fabien en 5e position à 177 milles. Autant dire que cette fin de Transat 6,50 est incroyable et tout se jouera une fois de plus dans un mouchoir.
Yves Le Blévec à 2 jours de l’arrivée
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