Vendée Globe. Violette : “Cette arrivée, c’est comme un mariage, tout le monde est là !”

Violette a pris le temps de remercier avant de commencer la conférence de presse, presque gênée par l’accueil que le public lui a réservé.

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“C’est un moment qui restera gravé dans ma mémoire, de voir toutes ces personnes qui m’ont applaudie. C’est fou de se dire que ça fait trois mois que je n’ai vu aucun visage et que, du jour au lendemain, je me retrouve face à toutes ces personnes qui m’encouragent. Ça fait énormément plaisir, merci beaucoup. Je ne m’attendais vraiment pas à autant de monde, même si on m’avait dit : “Tu vas voir, c’est une déferlante à l’arrivée.” Mais à ce point-là ! Ils viennent de loin, ça me touche énormément. J’ai versé ma larme à plusieurs moments sur le parcours, et surtout sur ce virage là-haut.

J’ai passé les deux premiers mois de course dans les mers du Sud avec le paquet de bateaux à dérives, et j’étais plutôt bien placée. Puis il y a eu ce passage au Cap Horn. Une grosse dépression allait nous bloquer complètement, c’était un véritable barrage. Je ne le sentais pas du tout, mais au final, la dépression a été moins forte que prévu. C’était un pari qui n’était peut-être pas le bon… Je suis passée trois jours après, j’ai dû attendre, et c’était super dur de devoir ralentir et de voir tout le monde partir. Finalement, j’ai eu encore plus de vent après. J’ai cassé, une voile est tombée à l’eau… Et quelque part, je me dis que si cette voile était tombée dans la première dépression, ça aurait été encore plus compliqué, car il n’y avait pas trop d’échappatoires.

Je n’ai jamais été en danger à cause de ça, mais ensuite, j’ai eu des problèmes de voile et de hook. Quand la voile est tombée à l’eau dans 35 nœuds, c’était vraiment compliqué de la récupérer. Il a fallu la ramener à bord, puis monter au mât pour la remettre en place. C’était la première fois que je faisais ça seule, en mer. Deux jours plus tard, le hook de grand-voile a lâché et elle est tombée d’un coup, en pleine nuit. Ça m’a réveillée en sursaut. Cette fois, j’ai dû monter au mât avec de la houle, et c’était très difficile. Je me suis fait un peu mal, et j’ai eu peur de me blesser. Et puis, il y a eu la colonne de winch qui a lâché…

J’ai eu peur, plein de fois, vraiment. Je ne m’en cache pas. J’ai eu peur avant d’entrer dans les mers du Sud, pendant les tempêtes, en entendant mon bateau souffrir et taper dans les vagues. J’ai eu peur en montant au mât… Mais la peur est aussi une alliée : elle me permet de rester vigilante et de faire attention. Ce qui est difficile, c’est que même avec la peur, il faut avancer. J’ai appris une chose essentielle : ça ne sert à rien de s’inquiéter avant d’avoir mal. Sinon, on souffre deux fois. Par exemple, parfois, j’entendais mon bateau fatiguer et je me demandais comment il allait tenir… Mais au final, je me disais : “Si ça lâche, je trouverai une solution.”

Ce qui me touche le plus, c’est de voir que les enfants se sont intéressés au Vendée Globe. Mon bateau s’appelle Devenir, ce n’est pas un hasard. L’idée, c’était de mettre en avant certaines valeurs : apprendre à avoir confiance en soi, se dépasser, relever des défis et se lancer dans l’aventure. Ce message est aussi porté par la Fondation Apprentis d’Auteuil, qui accompagne la jeunesse en difficulté sur de nombreux domaines, notamment l’éducation et la formation professionnelle.

Nous avons fait un vrai travail avec la Fondation Apprentis d’Auteuil. Ce message s’adresse aussi aux aînés : il faut faire confiance à la jeunesse. J’ai eu la chance d’avoir des partenaires qui ont cru en moi très jeune, certains me soutiennent depuis que j’ai 15 ans. Ce sont eux qui m’ont permis d’être ici aujourd’hui.”