Vendée Globe. Conditions variées avant le Cap Horn

Photo envoyée depuis le bateau Apivia pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 30 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Charlie Dalin) Lunettes de soleil

Les skippers en tête de flotte ont pouvoir souffler un tout petit peu aujourd’hui après 36h difficiles. Yannick Bestaven reste en tête mais son avance à fondu devant Charlie Dalin et Damien Séguin passé 3e.

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La houle du Pacifique n’est pas pour tout le monde. Damien Séguin l’a à peine vue. Il a en revanche bien joué sur ses dernière 36h pour prendre un peu d’avance sur Jean Le Cam et Benjamin Dutreux mais surtout ravir la 3e place à Thomas Ruyant. L’arrivée d’une nouvelle dépression australe avant le cap Horn, risque fort de chambouler la hiérarchie en tête : certes Charlie Dalin devrait conserver son siège de dauphin, mais Damien Seguin actuellement troisième reste dans le collimateur de Thomas Ruyant ! Le passage du détroit de Drake programmé dès le 2 janvier s’annonce difficile et les skippers y pensent déjà

Damien Séguin

Il y a 11 bateaux en moins de 500 milles à l’approche du Cap Horn. C’est du jamais vu. Le passage s’annonce musclé dans le détroit de Drake avec un leader qui affrontera les vents les plus forts et qui devrait également créer une scission en tête.

Il semble aussi que la dépression qui va intéresser les leaders dès vendredi va provoquer une rupture au sein de la tête de flotte puisque sous la « langue » de brise qui va dévaler vers le cap Horn, butant sur la cordillère des Andes, le centre dépressionnaire dans son Sud jeudi, va ralentir les chasseurs qui arriveront, eux, avec un flux de Sud-Ouest glacial mais modéré, quand les trois premiers (peut-être quatre ou cinq ?) devront gérer un flux de Nord-Ouest en avant de cette perturbation, qui devrait atteindre plus de 35 nœuds fichier…

Il faut donc s’attendre à quelques chambardements hiérarchiques d’ici la Patagonie, car entre bascules de vent et molles, empannages et recadrages, ralentissements et accélérations, le peloton ne va pas vivre les mêmes instants : il faut donc mettre du charbon ces prochaines heures pour trouver le bon placement entre le 54° et le 55° Sud. D’ailleurs la tête de flotte semble imploser derrière le leader Yannick Bestaven, qui suit son « bonhomme » de chemin sur une route plutôt Sud à une bonne cinquantaine de milles de la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA).

Ainsi certains pourraient prendre du Nord tels Thomas Ruyant (LinkedOut) ou Maxime Sorel (V and B-Mayenne) afin d’aborder cette dépression qui vient du Nord-Ouest ; d’autres semblent opter pour des « rebonds » le long de la ZEA comme Jean Le Cam (Yes We Cam!) ou Damien Seguin (Groupe APICIL) et plus loin, Giancarlo Pedote (Prysmian Group) ou Louis Burton (Bureau Vallée 2)… Bref il devrait y avoir dans cette journée de mercredi bien des chemins qui mènent au Horn !

Lune de miel ou lune de fiel ?

Et puis à force de « descendre » vers l’Antarctique, les jours (d’été austral) ne font que croître ! Déjà qu’il n’y a que quelques heures de ténèbres, plutôt crépusculaires d’ailleurs avec cette pleine lune qui adoucit les mœurs mais empêche aussi de dormir sereinement, alors quand la banquise darde ses reflets loin dans le Sud, il ne fait presque jamais noir dans ces latitudes à cette époque. Les jours sont sans fin et les nuits, loin d’être câlines…

Pour autant, l’approche du « bout du tunnel » ne va pas être très simple : quand le cœur de la dépression va flirter avec les Cinquantièmes Hurlants, il va laisser traîner une bulle sans vent dans son Sud, justement là où va batailler le groupe de tête. Normalement, les leaders ne seront pas impactés, mais les poursuivants pourraient bien peiner dans ce magma pétoleux… Rien n’est encore calé définitivement pour le réveillon du Nouvel An, mais il faut s’attendre à une bonne dose de stress pour s’extirper de cette zone de brises erratiques avant le coup de pied final, dans un flux très tonique de Nord-Ouest dès le premier jour de l’année !

Or avec 80 à 95% de couverture nuageuse et des pluies parfois diluviennes avant une giclée de neige fondue et de grêle, l’atterrissage sur les côtes chiliennes ne va pas être de tout repos. Et quand en sus, la longue houle du Pacifique va se mélanger avec des vagues parfois déferlantes de plus de six mètres, les derniers milles dans le plus grand océan de la Terre ne vont pas être très appétissants ! Surtout qu’il ne faut pas croire que les mauvais coups s’arrêtent une fois le cap Horn débordé : il n’y a pas vraiment de repos possible tant que les Malouines ne sont pas loin dans le tableau arrière…

Tous groupés le long de la ZEA

Et 850 milles plus loin, le trio Crémer-Tripon-Attanasio bénéficie de conditions plutôt favorables, mais très fraîches : une langue de vent venue de l’Antarctique va propulser ce triumvirat à vitesse grand « V » vers le cap Horn, ce qui est plutôt rassurant car dans leurs tableaux arrière, une nouvelle dépression australe devrait se glisser dans le détroit de Drake en milieu de semaine prochaine. Le schéma est donc favorable à un retour à quelques centaines de milles du groupe des chasseurs avant la remontée de l’Atlantique.

Et pour presque tous les autres solitaires encore en course, la ZEA est une référence : la plupart glisse le long de cette zone interdite par petites grappes, le trio Roura-Boissières-Hare en bordure de hautes pressions dans le Sud-Est de la Nouvelle-Zélande, le quatuor Beyou-Le Diraison-Costa-Shiraishi sous l’île Campbell avec un flux de Nord-Ouest propulsif, alors que Miranda Merron (Campagne de France) va franchir la longitude de la Tasmanie dans quelques heures et que Ari Huusela (STARK) a enfin pu déborder le plateau AMSA des services de sécurité maritime australiens avec de l’Ouest très modéré. Décidemment, ce Vendée Globe n’a pas fini de nous tarauder.