Une journée à bord de Sill & Veolia

    A bord Sill & Veolia portrait Bilou
    DR

    «Ces stages en solitaire, c’est vraiment sympa, s’amuse un des membres de l’équipe technique du monocoque Sill & Veolia : on embarque pour regarder Bilou bosser, mais surtout on ne l’aide pas dans ses manœuvres ! » Le principe de la sortie est donc simple, il suffira d’observer le solitaire en son élément, aux prises avec ses multiples réglages, lors d’un parcours côtier autour des Glénans… Très intéressant, car les occasions sont rares d’assister à ce type d’exercice (ce qui tombe sous le sens, le solitaire partant par définition… sans accompagnement). « La répétition des manœuvres, c’est une chose, précise Bilou, mais à vrai dire dans le cadre de ce stage l’intérêt est de combiner entraînement, validations techniques, et observation des autres monocoques. » De fait, les yeux sont rivés sur un certain 60 pieds orange mené par Vincent Riou, que l’équipe de Sill & Veolia a jusqu’ici très peu eu l’occasion d’observer sous voiles. Nous entrons dans « la minute » qui précède le départ, la flotte s’élance tribord amures sous gennaker dans un vent léger… et PRB pointe son étrave dans le tableau arrière du plan Lombard rouge et bleu. Bilou, dont l’œil « scanne » frénétiquement le plan d’eau, commente : « Pour l’instant, c’est difficile de se faire une idée du potentiel de l’engin, car ils ne tirent pas dessus (ndlr : le plan Farr connaît apparemment des soucis de gréement dormant, qui vont nécessiter le remplacement des galhaubans), mais on voit bien que la puissance est là… Je pense qu’une fois passée la période d’adolescence normale, on va être un peu à la peine ! »

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    Round d’observation
    La flotte est à présent lancée, Jean-Pierre Dick et Armel Le Cléac’h menant au passage de la bouée. Brit Air, l’ancien VMI, affiche toujours une belle santé, et Bilou poursuit son petit tour d’horizon : « Franchement, au portant, on constate assez peu de différence de vitesse. » Une observation tempérée par Philippe Legros, qui se trouvait la veille à bord de Brit Air : « D’accord, souligne-t-il, mais pour avoir le même rythme que toi, Armel est obligé d’en faire deux fois plus… » Cette session d’entraînement est en effet une excellente occasion de se jauger, et autour du cockpit de Sill & Veolia (où Bilou s’active donc seul…), les observations vont bon train. On apprend notamment que Jean Le Cam a été victime la veille d’une avarie de transmission de barre, et que son nouveau gréement est manifestement un plus dans les petits airs… Mais l’heure est également à la régate, et Mr Jourdain empanne, ce que Marc Guillemot, resté plus à terre, a été le premier à faire. Sous un grain que l’on voyait arriver de terre depuis plusieurs minutes, Safran (l’ancien Kingfisher) accélère nettement, touchant l’air avant ses petits camarades. Bientôt, c’est au tour de Sill & Veolia, la puissante carène se calant sur son bouchain et commencant à faire chanter son sillage. Un peu plus d’angle de quille, la gîte s’atténue et la vitesse augmente encore – tant et si bien que l’on ne tarde pas à reprendre du terrain à Marc Guillemot. A la côte, Safran semble ralentir graduellement : « Il est tombé dans la molle derrière le grain, note Bilou, ça va mollir pour nous aussi. » Le skipper se prépare donc à empanner – sous le vent, les tenants de l’option « large » touchent la risée, pas question de les laisser s’échapper. Bilou manipule les commandes de basculement de la quille mais… rien n’y fait, l’appendice refuse de bouger. Verdict : un interrupteur défaillant perturbe le dispositif, Sill & Veolia ne peut pour l’heure que regarder ses petits camarades s’envoler.

    Calibrage en règle
    Le temps de trouver une solution provisoire à ce problème, la flotte a déjà pris un avantage qu’il ne serait pas possible de combler, il est donc rapidement évident que nous voilà hors course. « C’est frustrant, nous lance le skipper, mais il faut régler ça et deux ou trois autres détails acr il est possible que l’on ait de la brise ces prochains jours. C’est toujours pénible d’être arrêté par des ennuis comme ça… et puis franchement, moi les histoires de quilles, ça ne me fait pas vraiment rigoler »(dit-il néanmoins en riant… car l’homme est de nature joviale !). Le reste de la journée sera donc consacrée à calibrer les speedomètres, et à effectuer divers réglages au niveau de l’électronique embarquée. Pas une mince affaire, et il suffit de jeter un œil à la complexité du tableau électrique du navire pour se rendre compte que l’entreprise peut vite prendre des allures de casse-tête. Alors que l’équipe technique s’affaire autour de la centrale de navigation, Bilou, dehors, profite de ces quelques bords tirés en vue de Concarneau. Pas blasé pour un sou, le skipper affiche l’enthousiasme et la bonne humeur qui constituent sa marque de fabrique. « Ces bateaux, ce sont vraiment de super machines », sourit-il à la barre alors que Sill & Veolia file ses 16,5 nœuds au reaching. Et comptez sur nous pour ne surtout pas le contredire !

    Jocelyn Blériot