Une moitié de la flotte s’est ainsi positionnée dans l’est de l’orthodromie, afin de profiter au plus tôt du renforcement annoncé. Une autre moitié, pariant sur un fraîchissement généralisé, s’est laissé glissé doucement en ligne directe. Seuls quelques téméraires slovènes, Kristian Hajnsek et Andraz Mihelin (Adria Mobil 1 et 2), et croate, Sime Stipanicev (Marina Tribunj) ont parié sur l’ouest. Yves le Blévec (Actual) et l’italien Andrea Caracci (Speedy Bonsai) partagent pour l’heure le leadership, tous deux solidement campés sur la route directe.
Reparti hier de Funchal après s’être rassuré sur les dommages subis par son Adria Mobil hier au moment du départ suite à une collision avec David Le Carrou (Le Tréport), le Slovène Andraz Mihelin ne s’est pas contenté de réintégrer un peloton "scotché" dans la dorsale, il s’est résolument placé à l’ouest de celle ci, semblant faire peu de cas de l’appréciation largement partagée que le vent reviendrait par l’est. Andraz, qui partage avec son compatriote Hajnsek le même conseiller météo (Jure Helman) semble déterminés dans son option. Il ne faudra guère attendre pour se faire une première idée du bien fondé des placements des uns et des autres puisque le vent d’Est pour une quinzaine de noeuds devrait entrer en milieu de journée. Les Minis devraient ainsi sans transition profiter d’un régime de vent portant tout à fait agréable et c’est un peu à un nouveau départ auquel nous allons assister ce soir. Hervé Piveteau (Jules-Imprimerie cartoffset) partage le commandement des voiliers de série avec le tchèque David Krisek (Atlantik FT), mais Hervé navigue déjà plusieurs dizaine s de milles dans l’Est de son camarade de série resté lui au plus près de l’ortho. Ce début de traversée de l’Atlantique au départ de Madère vers le Brésil et Bahia s’est pour l’instant effectué à toute petite vitesse puisque les concurrents n’ont parcouru qu’une petite centaine de milles. Les choses vont à présent s’accélérer et l’on devrait observer plus clairement la scission qui pourrait s’opérer au sein du peloton, entre les "orientaux", décidés à naviguer au plus fort du vent dans l’est, quitte à devoir négocier la délicate traversée de l’archipel canarien, et les partisans de la route directe, avides d’accumuler des "milles qui comptent" sur la route vers les Cap vert. S’il en est un que cette accélération programmée de la flotte n’arrange pas, c’est bien l’Australien Tom Braidwood (Wombat) qui se débat dans les tout petits airs en essayant de regagner Funchal pour y réparer ses problèmes de pilote. L’espagnol Alex Pella (Generalitat Valenciana) reparti ce midi après une réparation lourde de son pied de mât fissuré, accuse déjà 50 milles de retard. Un déficit qui ne fera que s’aggraver quand ses petits compagnons toucheront avant lui la pression attendue. Ces premières 24 heures de course ont dû paraître bien longues aux Solitaires attentifs aux variations de leur baromètre et inquiet de l’évolution des voiles concurrents à l’horizon. Qui démarrera le premier? et quand? autant de questions qui ont dû bien perturber les recherches de sommeil.