Beau temps, belle mer ce samedi midi devant la petite mer de Gâvres, à quelques encablures de l’entrée de la rade de Lorient. Mer quasi plate, flux de nord-est gentillet d’une douzaine de noeuds… et pourtant c’est bien le moment choisi par Francis Joyon pour repartir titiller les éléments à bord du maxi-trimaran IDEC. A 12h50’16’’, le représentant officiel du WSSRC – l’organisme qui gère et valide les records à la voile – a déclenché le chronomètre. Sous grand gennaker, IDEC a entamé sa cavalcade : c’est reparti pour Joyon et son grand multicoque rouge, à la conquête d’un record totalement inédit entre la France et l’Ile Maurice, dans le sillage des grands découvreurs de la Route des Indes.
Un demi-tour du monde
Au total, le parcours représente un peu plus de 9000 milles sur la route théorique, «soit sans doute plus de 10 000 effectivement à parcourir», précise Francis Joyon. Plus complet qu’une transatlantique, ce nouveau record représente donc l’équivalent d’un demi tour du monde. Et parce que «c’est toujours aussi passionnant de naviguer sur ce bateau», Francis Joyon va tenter d’établir un premier temps de référence sur ce nouveau parcours qui – pour résumer – consiste à faire le tour complet du continent Africain. «La première difficulté… c’est le départ» explique Francis, «le stand-by est court car on doit arriver à l’Ile Maurice le plus tôt possible, avant la formation des cyclones et cette fenêtre est la première exploitable. Ensuite, il n’y avait rien d’envisageable avant dix à douze jours et donc je serais parti trop tard.»
Sans être idéale la fenêtre est loin d’être mauvaise puisqu’elle devrait permettre à IDEC d’atteindre l’équateur en sept jours et demi.
Transition météo dès demain
Ce matin, avant de quitter le ponton de La Trinité-sur-Mer, Francis annonçait avoir embarqué 25 jours de vivres. Ne pas croire donc que ce chrono se fera le pied sur le frein… Il faudra aller vite, voire très vite, puisque les moyennes ont été estimées sur la base, très élevée, de celles du tour du monde. Il faudra donc enchaîner des journées à 400, 500 milles et plus, seul à bord de « la flêche rouge », ce beau multicoque de 30 mètres avec lequel Francis Joyon avait réussi l’exploit hallucinant de boucler un tour de la planète en solitaire en 57 jours…