Thomas Coville a franchi la ligne d’arrivée 9h 37mn et 23s après François Gabart. Le duel entre les deux hommes a été haletant et il fallait le talent de Thomas Coville en solitaire pour rendre la course palpitante. Une course dans la course tant la trajectoire très sud des Ultim a été différente du reste de la flotte et l’ambiance en short également.
Thomas Coville a maintenu un rythme effréné à bord de Sodebo et n’a pas été loin de battre le record d’Armel Le Cleac’h, avec une journée à 673 milles. Il aura parcouru 4 656 milles à 22,11 nœuds de moyenne. Tout comme le vainqueur de l’épreuve, le skipper de Sodebo a parcouru beaucoup plus de chemin que le parcours théorique de 3 050 milles entre Plymouth et New-York. Il a lui aussi emprunté une route au Sud qui l’a emmené contourner l’anticyclone des Açores dans des vents majoritairement portants. Il a en réalité parcouru 4 656 milles à une vitesse moyenne de 22,11 nœuds au terme d’un duel qui restera dans les annales de la course au large.
Seul un petit décalage à l’heure d’entamer la remontée vers New-York, associé à la météo incertaine et aléatoire en approche des côtes américaines, a fini par départager les duettistes de tête de cette transat express qui a marqué les esprits.
RETOUR SUR UNE COMPÉTITION ET UN DUEL ENTRE DEUX MARINS EXCEPTIONNELS
Thomas Coville à bord de Sodebo Ultim’ s’est livré à un duel d’anthologie avec François Gabart à bord de Macif. Partis de Plymouth le 2 mai dernier, ces deux-là ne se sont pas quittés. C’est l’excellence de la course au large qui s’est affronté sur l’Atlantique Nord, avec Yves Le Blevec sur Actual, – l’ancien Sodebo – comme arbitre.
Le 2 mai
Après une sortie de Manche expresse, les deux bateaux ont opté pour une stratégie de route au Sud, celle où les conditions météo étaient les plus favorables pour ces oiseaux des mers. La descente dans le Golfe de Gascogne a été elle aussi très rapide et Thomas a joué un coup magistral aux larges des côtes portugaises. Les marins doivent négocier une zone interdite au trafic, en passant soit au large, soit dans un couloir entre la zone et la terre.
Le 3 mai
A ce petit jeu-là, Sodebo Ultim’ gagne du terrain sur Macif en ayant pris le risque de faire la route la plus courte. Ensuite, Thomas met le clignotant à droite pour de grandes glissades en direction de l’Archipel des Açores.
Les écarts entre les deux bateaux sont très serrés. Cette course est incroyable et le duel que les deux hommes se livrent est intense ! Si les deux skippers solitaires sont joueurs, ils sont aussi coriaces et pugnaces. Thomas Coville et François Gabart s’offrent – et nous offrent – une vraie régate en direction de l’archipel des Açores qu’ils ont choisi l’un comme l’autre de contourner par le sud.
Le 4 mai
Après 48h de course, c’est au tour de Sodebo Ultim’ d’être le nouveau leader de la course !
Cette course est très sollicitante quand on connaît l’engagement et la condition physique qu’il faut pour manœuvrer seul, jour après jour ces engins volants de plus de 30 mètres de long.
Comme le dit Thomas lors d’une vacation, « Il y a grosse bagarre ! Ça croise, ça recroise, ça tricote, on empanne… ça joue bien avec Macif depuis le départ ! C’est comme si on était en Figaro au milieu de l’Atlantique. »
Le 5 mai
Sodebo Ultim’ fonce à pleine vitesse et affole les compteurs en naviguant à plus de 28 nœuds de moyenne. Thomas frôle à une poignée de milles le record des 24H en parcourant 673 milles le 5 mai (le record est détenu par Armel Le Cléach’ avec 682 milles
Mais l’important, c’est la course avec un nouveau choix stratégique qui s’impose aux marins : comment contourner l’anticyclone des Açores, qui leur barre la route ?
Le 6 mai
Thomas Coville consulte sa cellule de routage à terre composée de Jean-Luc-Nélias Samantha Davies. Ils font le choix de rester plus proche de la bordure anticyclonique et de faire la route la plus courte pour sortir les premiers. François Gabart, routé de son côté par Jean-Yves Bernot, descend plus au sud et choisit la route la plus longue.
Après quelques heures de suspens, c’est la route sud qui paie, et Macif reprend les rennes de la course. Le chassé devient chasseur et c’est très excitant pour Thomas Coville bien décidé à ne pas lâcher !
Le 7 et le 8 mai
Deux jours très éprouvants pour les marins solitaires avec des enchaînements de manœuvres et d’empannages qui demandent beaucoup d’énergie. La fatigue commence à se faire sentir après 6 jours de course, les temps de sommeil ne dépassant pas les tranches de 30 minutes.
Sur les dernières 48H, l’élastique entre Macif et Sodebo s’est détendu, puis retendu. En effet, Thomas a mis toute son énergie pour grappiller le moindre mille sur François Gabart car il le sait : l’arrivée sur New-York sera compliquée dans des vents erratiques et il y a encore des coups stratégiques à jouer !
Le 9 mai
Changements de décor et d’allure: il faut enchaîner trois fronts dépressionnaires et retrouver des conditions de navigation au près, autrement dit un bateau qui tape fort dans les vagues
« La mer est forte, toute cabossée, ça tape bien et on navigue au près dans du vent fort. Au moment où je parle, Sodebo Ultim’ s’élève de toute sa hauteur, l’étrave décolle, la dérive sort carrément de l’eau et quand ça retombe, c’est impressionnant comme ça tape et ça vibre ! J’ai très peu dormi, jusqu’au bout ce sera très physique ! »
Le 10 mai
Au réveil, alors qu’il y avait plus de 120 milles d’écart la veille, le skipper de Sodebo Ultim’ avait réduit l’écart de moitié, de quoi mettre un peu la pression à l’adversaire… L’arrivée sur New York paraît compliquée et semée d’embuches avec une grosse bulle de vents faibles et erratiques produite par l’anticyclone.
A 48 ans aujourd’hui et à quelques heures d’arriver au pied de Manhattan après 8 jours de course en solitaire et sur une machine très engageante, Thomas aura livré un duel intense avec François Gabart sur cette Transat Anglaise.
Le 11 mai
A 18h 24min 39s locales (00h 24min 39s heure française), François Gabart remporte la Transat Anglaise. La nuit aura été tendue et 9H 37mn 23s après Macif, c’est dans les petits airs capricieux que Sodebo Ultim’ passe la ligne en pleine nuit new yorkaise à 4h 02min 2s locales (8h 2min 2s heure française). Thomas Coville aura mis 8 jours 18h 32min 2s, parcouru 4656 milles à une vitesse moyenne de 22.11 noeuds entre Plymouth et New York.