Pierre Quiroga a repris la tête de la flotte après une belle trajectoire en approche de Bishop. Un virement opportun bien placé pour passer le DST qui lui a permis de prendre 3 mn à ses concurrents directs. A ses côtés, Alexis Loison et Corentin Horeau restent en embuscade pour la victoire d’étape.
Cette 3e étape n’en finit pas d’aller de rebondissements en rebondissements même s’il elle difficile de l’apprécier sur la cartographie. Les mots des marins en disent longs sur leurs choix et leur état de fatigue. Ceux qui parviendront à garder le plus de lucidité seront sans doute les mieux classés à l’arrivée. A moins de 140 nm de l’arrivée, Pierre Quiroga est peut-être en train d’écrire son histoire sur cette Solitaire. Mais rien n’est encore joué. La dernière ETA donne une arrivée entre 12h et 14h ce jeudi. Il devrait donc encore se passer beaucoup de choses d’ici là.
orentin Horeau (Mutuelle Bleue pour l’Institut Curie) : « Ce classement fait bien plaisir. C’est dur en ce moment et les prochaines heures s’annoncent compliquées. Cette nuit était sympa, au portant jusqu’à Saint Gowan dans des endroits où on ne va jamais. Lundy aussi, c’était une belle première. Finalement, on a fait du spi ! La météo est très aléatoire, il faut faire avec ce qu’on a. Cette nuit, on a eu jusqu’à 20 nœuds et en ce moment, il y a 10-11 nœuds. La brume est tombée il y a une demi-heure. On ne voit pas à 2 mètres. On regarde un peu plus l’AIS, c’est une belle ambiance britannique ! C’est très instable, c’est compliqué de dormir. Il faut que je grappille du sommeil mais ce n’est pas facile. C’est la grande loterie cette étape, jusqu’à la fin tout peut encore être chamboulé. Il faut avoir les nerfs solides, mais il vaut mieux être devant que derrière ! »
Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) : « C’est un calvaire ! J’étais très satisfait de ma première partie de nuit après Saint Gowan sous gennaker. Et je me suis complètement écroulé, le vent a fait des siennes, je me suis retrouvé à 4 milles du paquet. Et ce matin, le brouillard est arrivé en force, je ne vois pas le haut de la voile en éclairant. Bref, pas facile cette nuit ! Le vent bouge beaucoup, avec des rotations qui peuvent aller jusqu’à 30°. Je viens de remballer le gennaker, je suis sous grand-voile haute génois. C’est sensé prendre de la droite donc aura un virement de bord avant Bishop. Il peut y avoir des grains aux Scilly mais si cela tient comme ça on peut y être en fin de matinée. »
Alexis Loison (Région Normandie) : « Je ne suis pas très rapide, j’étais en train de dire des gros mots ! On est en direction du phare de Bishop, au près. J’ai fait un très joli bord de portant vent de travers, j’ai tenu le grand spi longtemps tandis que les autres étaient sous gennaker. Quelle étape ! Entre ce qu’il s’est passé hier et la flotte compacte, ce n’est pas simple et en plus, ce n’est pas terminé. Il n’y pas vraiment de leader qui se détache. Ça commence à tirer, les conditions ne sont pas faciles pour dormir. J’ai changé de voile trop tard car je m’étais endormi. Mais c’est pareil pour tout le monde ! Ce matin, on ne voit pas les feux des autres bateaux alors qu’ils sont très proches, mais avec l’AIS, on est épié de toutes parts ! Tout à l’heure, j’entendais parler à la VHF mais en fait personne ne parlait, j’essaie de ne pas mettre dans le rouge. On a un vent de 10 nœuds avec une mer très courte, un clapot serré qui rend pénible l’avancée. Il faut trouver les bons réglages. Il nous reste 40 milles pour atteindre le phare de Bishop Rock sachant qu’en ce moment on a le courant contraire. Je nous y voit en début d’après-midi. »