Ils seront 8 Ocean Fifty engagés sur la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Sam Goodshild, le skipper de Leyton, l’un des nombreux favoris aborde la course avec envie et sérénité.
Pour apprivoiser son bateau, un trimaran court et léger de 15m de long par 15m de large Sam Goodchild a procédé étape par étape, en naviguant d’abord en équipage puis en double. « Il faut apprendre à connaître les limites tranquillement et en s’entourant des bonnes personnes, » raconte le skipper de Leyton.
« Tu ne peux pas juste faire une sortie en solitaire et voir ce qu’il se passe. Ce n’est pas le type de bateau avec lequel tu chavires et tu peux régater à nouveau le lendemain ! Avec ces bateaux si tu chavires, c’est un vrai problème. Je me suis assez vite senti capable de naviguer seul sur le bateau mais pas forcément en régate où tu pousses les limites et tu essaies d’aller plus vite que les copains autour. »
En course, alors que la fatigue est très présente, quelques secondes d’inattention peuvent, en effet, coûter très cher et conduire à la sortie de piste. Traverser l’Atlantique à bord de ces bateaux relève d’un exploit exceptionnel que seuls quelques marins sont capables de réaliser tant la gestion de ces multicoques nécessite un pilotage extrêmement fin.
« Sur les trimarans, il n’y a pas de lest comme sur les monocoques (la quille ndlr), » explique Aymeric Chappellier, le team manager de Leyton. « En réalité, ils sont plus à l’aise à l’envers qu’à l’endroit ! Ils sont également plus courts et moins larges que les Ultims donc ils ont plus de chances de se retourner. C’est le danger principal de ces bateaux qui sont par ailleurs incroyables à barrer et qui procurent des sensations uniques ».
Ces deux dernières années, Sam s’est entouré d’une équipe solide et soudée qui a géré toute la partie technique et la coordination du projet mais aussi de marins chevronnés qui l’ont aidé à prendre confiance en son bateau. Thomas Coville, François Morvan, Jack Boutell, Sébastien Josse… Chacun a partagé sa vision et son expérience.
« Les navigatrices qui sont venues dans le cadre du programme avec The Magenta Project m’ont apporté une autre vision du bateau car elles n’avaient jamais navigué sur un Ocean Fifty et leurs remarques qui peuvent paraître anodines m’ont amené à réfléchir à des questions que je ne m’étais jamais posées » complète Sam.
Skipper d’Ultim pendant plusieurs années et remplaçant d’Armel Le Cléac’h sur la Route du Rhum, Sébastien Josse faisait partie de l’équipage de Leyton sur le Pro Sailing Tour 2021. Il a également navigué en entraînement avec Sam cette année. « Il était préoccupé par la navigation dans le gros temps, comment cela se passe sur le bateau dans 35 nœuds, comment on manœuvre, etc. » raconte Sébastien. « Nous avons fait une navigation dans ce type de conditions qui a permis de voir les limites du bateau. Dans ces cas-là, il faut savoir mettre le degré de performance un peu en-dessous et le sens marin un peu au-dessus. Sam l’a beaucoup aussi, c’est un très bon marin. Il faut être capable de faire le dos rond pour passer le gros temps avant de se remettre dans la régate. »
En confiance, Sam a ensuite cumulé les milles, en course et en entraînement avec toujours la Route du Rhum – Destination Gaudeloupe en ligne de mire.
« Pour partir le plus serein possible, il n’y a pas de secret. Il faut naviguer, naviguer, naviguer. Faire corps avec son bateau, le ressentir quand on dort, être en maîtrise du support le plus longtemps possible malgré la fatigue, » continue Sébastien Josse.
« La force qu’a Sam, c’est justement de s’être beaucoup entraîné et de pouvoir imposer son rythme aux autres et sa manière de faire. Aujourd’hui, je le sens clairement prêt. Il a deux saisons dans les pattes dont une où il a tout gagné en équipage et une deuxième où il a gagné les deux régates en solitaire. Il connait son bateau par cœur. Il a coché toutes les cases. »