L’entrée dans la bulle anticyclonique qui barre le passage vers le Pas de Calais s’est immédiatement traduit par un ralentissement général, et d’abord pour les leaders. Le bilan est donc un regroupement général puisqu’il n’y avait plus qu’une quinzaine de milles d’écart entre Spindrift racing toujours en tête, et Race For Water qui a ainsi très sensiblement réduit son retard qui atteignait 70 milles lundi soir… Bref cette compression relance le match mais il ne faut pas trop se faire d’illusions : en général et même avec seulement quelques encablures de marge, le premier s’en sort le premier et recreuse du delta. Mais la question est désormais de savoir de combien ? Car si comme prévu la brise s’installe sur toute la flotte d’un seul coup après le passage d’un front orienté Ouest-Est la nuit prochaine, il n’y aura pas d’effet accordéon…
En début d’après-midi ce mardi, les cinq MOD70 naviguaient encore dans l’embouchure de la Tamise au milieu d’obstacles de toute nature (cargos, ferries, plateformes, éoliennes, pêcheurs…) et la brise était encore supérieure à dix nœuds, voire à quinze. Mais en approchant les côtes orientales de l’Angleterre, du côté de Ramsgate, ils vont atteindre le sommet du « plateau anticyclonique », là où le vent fait défaut. La seule opportunité est de rester le plus à terre possible en espérant que la chaleur du soleil au zénith provoque un effet thermique, une légère brise qui permettrait alors de s’extirper de ce piège. Car il faut au plus vite sortir du Pas de Calais, aborder les rives d’Hastings le plus rapidement possible pour ne pas rester collé sous les falaises de Douvres.
« Nous avons encore une douzaine de nœuds de vent ce midi et ça avance toujours bien, mais cela ne va pas durer : la brise va devenir très changeante, en force et en direction. Il y a un passage à niveau au Pas de Calais et il vaut mieux sortir en tête ! Le couloir que nous devons emprunter n’est pas très large et il n’y a pas vraiment d’options marquées à prendre. Il faudra juste être aux aguets de la moindre risée pour sortir de là… » déclarait Stève Ravusssin à bord de Race for Water ce mardi midi.
Il faut passer le Pas
Les heures qui viennent jusqu’au coucher du soleil, voire jusqu’au milieu de la nuit, vont s’apparenter à une navigation par ricochets : une grand bond, suivis de quelques petits rebonds, un arrêt buffet et un nouveau ricochet ! Le tout au milieu du trafic maritime et en prenant en compte les effets de marée puisque le coefficient du jour atteint 90 et la marée qui commence à descendre depuis 15h25 devant Calais va s’inverser vers 22h40.
La suite sera beaucoup plus simple pendant toute la traversée de la Manche : derrière un front en cours de dégénérescence qui descend de l’Ecosse et qui va passer sur Douvres en milieu de nuit, un régime de Nord va se construire d’une dizaine de nœuds pour se renforcer de plus en plus en gagnant dans l’Ouest jusqu’à 20 nœuds et plus. Une nouvelle fois, les leaders du moment pourront creuser l’écart et il ne faudra donc pas être décroché de plus de quinze milles à cet instant névralgique. Car la remontée en mer d’Irlande dans un flux orienté au Nord-Est d’une quinzaine de nœuds va aussi s’essouffler au fur et à mesure que la flotte va se rapprocher de Dun Laoghaire : la première étape n’est certes pas jouée, mais sur ce parcours de 1 238 milles, c’est le leader qui pour l’instant, a toujours pu conserver le petit bonus qui permet de garder un zest de sérénité.
Classement de 15h
1. Spindrift Racing à 504 milles de l’arrivée
2. Foncia à 7,1 milles
3. Groupe Edmond de Rothschild à 7,4 milles
4. Race for Water à 14,1 milles
5. Musandam-Oman Sail à 16 milles