Photo sent from the boat Edmond de Rothschild, on November 9th, 2016 - Photo Sebastien Josse
Photo envoyée depuis le bateau Edmond de Rothschild le 9 Novembre 2016 - Photo Sebastien Josse
Ce début de course est intense. Parmi les skippers, il y a ceux qui sont rentrés dès le début dans le match et ceux qui rentrent en mode course progressivement.
Ce n’est une surprise pour personne de voir Armel Le Cleac’h devant. Il maîtrise parfaitement ses trajectoires et profite de son positionnement pour creuser à nouveau l’écart. Juste derrière lui, Vincent Riou (PRB) n’a rien lâché. Est ce le début d’un duel au long cours qui animera cette 8è édition ? C’est peut-être un peu tôt pour le dire parce qu’il y a encore de sacrés compétiteurs en course et ce n’est pas forcément ceux que l’on attendait dans cet ordre. Paul Meilhat (SMA) et Morgan Lagravière (Saffran) sont à 12h, 3e et 4è. Après avoir vécu chacun 2 années de préparation difficile, ce début de course les a libérés. On les sent prendre confiance dans leur bateau et dans leur choix tactique. De quoi leur faire pousser les ailes et batailler avec Sébastien Josse (Edmond de Rothschidl) et Jérémie Beyou (Maitre Coq). Ce dernier était ce matin un peu abattu d’avoir vu Vincent Riou filer devant lui.
La course est longue. Les foilers n’ont pas encore exploiter tout leur potentiel. Des surprises sont encore à prévoir. Alex Thomson et Jean-Pierre Dick le savent. Après avoir pris des options risquées il y a 48h, ils en paient un prix élevé aujourd’hui en concédant plus de 70 miles au leader.
A l’arrière de la flotte, Jean Le Cam est 7è. Une magnifique place pour son bateau Hubert et ses fans. L’expérience parle. Rien n’est joué.
Les alizés sont au rendez-vous et devraient se renforcer au fil des heures, passant d’une douzaine de nœuds à plus de vingt : il faudra donc manœuvrer pour affaler le spinnaker de plus de 400 m2 et passer sous gennaker… Et pour les foilers, sortir cet appendice pour attaquer et faire grimper les vitesses au-delà de vingt-cinq nœuds. Ces deux prochains jours s’annoncent donc de plus en plus toniques avant d’aborder le Pot-au-Noir et chaque solitaire va commencer à se pencher sur la façon d’entrer dans cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) qui peut redistribuer les cartes.
Enfin aux Sables d’Olonne, Didac Costa (One Planet-One Ocean) est reparti et va pouvoir vivre son rêve.
Photo sent from the boat Banque Populaire VIII, on November 9th, 2016 - Photo Armel Le Cleac’h
Photo envoyée depuis le bateau Banque Populaire VIII le 9 Novembre 2016 - Photo Armel Le Cleac’h
Armel Le Cléac’h confirme cette nuit sa position de leader. Vincent Riou a bien anticipé et se retrouve pas très loin en deuxième position suivi par Paul Meilhat qui montre tout son talent. Les alizés sont désormais au rendez-vous avec une douzaine de nœuds de Nord-Est à Est et la grande descente vers l’équateur va accélérer le rythme…
C’est au cœur de la nuit que les solitaires se succèdent pour manœuvrer au large de Madère puisque la plupart a choisi de s’écarter de l’archipel mercredi soir afin de ne pas subir les perturbations des îles. D’ailleurs Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) qui fut le premier à enclencher l’empannage, l’a réalisé à une soixantaine de milles des reliefs volcaniques, ce qui lui permet de glisser dans une douzaine de nœuds de secteur Nord-Est.
Mais toute la flotte n’a pas fait le même choix : Pieter Hereema (No Way Back) et Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland) à 400 milles plus à l’Est continuent leur chemin avec l’intention de passer entre Madère et les Canaries… Et d’autres solitaires ont aussi changé leur fusil d’épaule lorsque la dorsale a été franchie et que la brise s’installait au secteur Nord-Est : ils ont préféré prendre du Sud plutôt que de se décaler très au large comme les leaders à l’image de Conrad Colman (Foresight Natural Energy) ou de Kojiro Shiraishi (Spirit of Yukoh).
Sous spinnaker et grand-voile haute, les conditions météorologiques sont ce jeudi matin très paisibles avec une douzaine de nœuds pour les premiers, parfois un peu moins pour le peloton et encore un peu moins pour Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) qui pointe son étrave du côté du cap Saint-Vincent. Désormais ceux qui ont empanné au large de Madère vont glisser directement vers le Pot-au-Noir situé dans le Sud des îles cap-verdiennes, en un seul bord.
Les alizés sont au rendez-vous et devraient prendre du coffre au fil des heures, passant d’une douzaine de nœuds à plus de vingt : il faudra donc manœuvrer pour affaler le spinnaker de plus de 400 m2 et passer sous gennaker… Et pour les foilers, sortir cet appendice pour attaquer et faire grimper les vitesses au-delà de vingt-cinq nœuds. Ces deux prochains jours s’annoncent donc de plus en plus toniques avant d’aborder le Pot-au-Noir et chaque solitaire va commencer à se pencher sur la façon d’entrer dans cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) qui peut redistribuer les cartes.
Mais d’ici là, c’est encore une grande dispersion sur le plan d’eau : Armel Le Cléac’h fut donc le premier à enclencher l’empannage vers 23h00 mercredi, suivi quelques minutes plus tard par Vincent Riou (PRB) et Paul Meilhat (SMA), puis Seb Josse (Edmond de Rothschild) et Jérémie Beyou (Maître CoQ), enfin par Morgan Lagravière (Safran), Alex Thomson (Hugo Boss) et Yann Éliès (Quéguiner-Leucémie Espoir). Tous sont à une soixantaine de milles dans le Nord-Ouest de Madère et vont chercher à s’en éloigner encore un peu avec une route Sud-Sud Ouest. Actuellement sur le 19°W, ils doivent glisser progressivement vers le 28°W pour aborder le Pot-au-Noir.
Enfin aux Sables d’Olonne, Didac Costa (One Planet-One Ocean) a désormais un bateau prêt et opérationnel après le changement de son circuit électrique et la réparation de sa connexion de ballast. L’Espagnol avait dû patienter en raison du coup de vent qui balayait le golfe de Gascogne mercredi, mais il pourrait reprendre la mer dès ce jeudi midi grâce à des conditions de mer et de vent moins rudes et une marée haute à la mi-journée. Bonne route !
Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) : « C’est une superbe nuit : pas de grain, mer plate, petite brise… La descente vers le Pot-au-Noir commence ! Je suis au large de Madère que je devrais passer vers midi. Nous sommes dans des alizés qui vont se renforcer gentiment : dans trois jours, nous sommes aux Cap-Vert. Je navigue sous grand-voile haute et spinnaker, mais on ne va pas assez vite pour mettre le foil : il va falloir que le vent rentre plus pour que je puisse l’utiliser en attaquant. Pour l’instant, il faut glisser vers le Sud mais avec dix nœuds de vent actuellement, c’est paisible et j’en profite pour me reposer. Parce qu’il va bientôt falloir manœuvrer pour changer de voile d’avant ! Passé du spi au grand gennaker, ça te donne un coup de bambou… »
Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) : « Je suis à la latitude du cap Saint-Vincent : c’est une belle nuit. J’y vais doucement, à mon rythme : je m’occupe de mon petit bateau parce qu’il y a encore quelques petits détails de finition, des ajustages à faire. Car c’est une mobylette : je me demande ce que je vais faire quand j’aurais terminé mes petits bricolages… Pour l’instant, je suis encore dans la dorsale avec peu de vent, une dizaine de nœuds et je marche à sept nœuds dans un ciel qui se dégage : la température monte et c’est sympa. On attaque les quinze jours de rêve du Vendée Globe ! Je devrais empanner du côté de Madère et je fais ma route sans m’occuper des autres… »
Kito de Pavant (Bastide-Otio) : « Je suis dans le sillage de Jean Le Cam et d’Alex Thomson : la nuit est magnifique, je suis sous spi et c’est vraiment sympa ! J’ai pu dormir et j’essaye de me remettre de la crève que j’ai attrapée avant de partir des Sables d’Olonne. J’attend d’être plus à l’Ouest avant d’empanner : j’ai encore la journée en tribord amure pour déborder Madère afin de me dégager de toutes les îles. Le vent varie de dix à quinze nœuds mais c’est beaucoup plus tranquille que le premier jour de mer… J’ai pu dormir trois fois une heure, ce qui n’est pas habituel ! »
30septembre 2015, Large Belle-Ile, entrainement Transat Jacques Vabre 2015, Trimaran SODEBO ULTIM', skipper, Thomas Coville, coskipper Jean-luc Nelias.
Thomas Coville est en avance sur le record. Si le passage de l’Equateur se profile toujours dans la nuit de vendredi à samedi, Thomas Coville et la cellule routage de Sodebo Ultim’ restent concentrés sur la suite. La traversée de l’Atlantique sud et la négociation de l’anticyclone de Sainte-Hélène sont toujours incertaines d’autant qu’une remontée exceptionnelle de glaces est observée avec de gros amas très nord vers 43 °sud à la longitude de Caught Island. Ce qui implique de ne pas aller plus bas pour éviter les growlers.
Joint cet après-midi, Thomas raconte ses premiers jours sur le record…
Chaque matin et chaque soir tu nous offres une destination de rêve à travers cette descente express dans l’Atlantique…
« Tu pars de Ouessant, le lendemain matin tu es déjà en Espagne, en soirée tu as passé le Portugal. Hier matin j’ai passé Madère, hier soir les Canaries et demain j’arrive au Cap Vert. Tu défiles toutes les îles de l’Atlantique Nord, en presque quelques heures. Ça va très très vite en vitesse mais aussi en climatologie.
Je suis parti avec mon ciré lourd, une cagoule, j’aurais presque pu supporter des gants. Six heures après, c’était ambiance espagnole. Au Portugal, j’ai enlevé une couche. Très vite, les températures ont grimpé et maintenant il fait plutôt chaud à l’intérieur du bateau.
C’est sur ce tronçon du tour du monde que le voyage est le plus rapide et le plus agréable. Ça glisse, il va faire beau pendant une semaine et ce sont les meilleures conditions de navigation. »
Beaucoup de manœuvres sur ces dernières 24h, comment te sens-tu ?
« On s’est fait un peu peur avec une dorsale anticyclonique. Il a vraiment fallu que je m’arrache physiquement pour enchaîner les empannages toutes les 2 heures pour aller chercher la bonne rotation de vent et rester dans le bon couloir avec de la pression.»
Que dire de cette fenêtre ?
« Cette fenêtre n’est pas mal du tout. Ça fait un joli trait on l’on est presque proche de la ligne droite. On devrait avoir un super temps à l’Equateur mais pour le moment je suis concentré sur la suite et notamment la position de l’anticyclone de Sainte-Hélène qui se met sur notre chemin. En même temps, il y a une remontée des glaces exceptionnelle nous contraignant à ne pas aller au-delà du 43°. J’attends donc de voir une fois sous l’Afrique du Sud comment nous aurons négocié l’anticyclone de Sainte-Hélène. »
Le plus dur ?
« Le long du Portugal où c’était très engagé. Des grains de 40-45 nœuds, il fallait tenir et gérer la surpuissance du bateau qui était impressionnante sans rien cassé. Nerveusement c’était assez dur. »
Perçois-tu les odeurs venues de la terre ?
« Non je ne sens plus rien, la seule chose qui me permet de rester connecter avec la terre c’est l’odeur du pain que je me suis surpris à renifler ce matin pour mon petit déjeuner.»
Et ton rythme de vie à bord ?
« Je n’avais pas très faim jusqu’au passage du cap Finisterre, mais ça va mieux. J’ai commencé les plats lyophilisés, je retrouve un bon rythme. De sommeil aussi. Je me sens plus frais maintenant que le matin du départ.»
Anecdote – Le requin mardi 8 novembre aux environs de 16.00
Thomas a touché un requin qui s’est enroulé sur le safran central. Il a choqué en grand pour ralentir le bateau et le requin s’est dégagé. Le skipper de Sodebo l’a vu plié en deux dans le sillage. Il faut savoir que lorsque quelque chose se prend dans les appendices, le bateau devient ingérable et dangereux. Thomas a su réagir rapidement et avoir les bons réflexes.
Dans le viseur :
Passage des Iles du Cap Vert demain midi
Passage de l’Equateur : dans la nuit de vendredi à samedi
Repères :
Départ le 6 novembre à 14 heures 49 minutes et 52 secondes
Passage du Cap Finisterre : le 7 novembre vers 6 heures
Temps à battre : 57 jours 13 heures et 34 minutes,
Soit une arrivée avant le 3 janvier 2017 à 04 heures 22 min et 57 sec.
SMA, skipper Paul Meilhat (FRA) at start of the Vendee Globe, in Les Sables d'Olonne, France, on November 6th, 2016 - Photo Vincent Curutchet / DPPI / Vendée Globe
SMA, skipper Paul Meilhat (FRA) au départ du Vendée Globe, aux Sables d'Olonne le 6 Novembre 2016 - Photo Vincent Curutchet / DPPI
La journée d’hier aura donné raison à Armel Le Cleac’h qui a fait les bons choix en continuant à l’ouest quand Jean-Pierre Dick et Alex Thomson empannaient. Il profite de son bon placement ce matin pour accélérer.
Le ralentissement dû à la dorsale anticyclonique a permis aux poursuivants de revenir sur les leaders. Paul Meilhat (SMA) a fait un sans-faute et devance ce matin Sébastien Josse (Edmond de Rothschild), Vincent Riou (PRB) et Jérémie Beyou. Si Alex Thomson (Hugo Boss) semble bien isolé à l’est payant son option le long des côtes portugaises, Jean-Pierre Dick (St Michel Virbac) reste bien dans le match après avoir bien anticipé son recadrage à l’ouest.
L’objectif des leaders aujourd’hui est de choisir sa route jusqu’à Madère en profitant du vent qui va progressivement s’orienter au Nord-Ouest puis au Nord dans les heures qui viennent en approchant l’archipel de Madère.
Personne ne semble ce matin savoir de quel côté déborder les îles. Car ces reliefs volcaniques perturbent toujours le vent, en force et en direction et les solitaires savent qu’il faut prendre ses aises avec ces terres. Soit la rotation du vent au secteur Nord arrive avant midi et sous spinnaker, les leaders pourront glisser à l’extérieur, vers le large, soit la brise reste plus longtemps instable et de secteur Ouest et l’option de glisser entre Madère et les Canaries trouve de l’intérêt.
En tous cas, l’archipel s’annonce comme un carrefour avant l’empannage décisif qui déterminera la voie vers l’équateur. Tous les solitaires vont donc converger vers le même point avant de se disperser de nouveau lors de la rotation du vent vers le Nord-Est, lorsque les alizés qui soufflent sous l’anticyclone des Açores seront atteints…
Paul Meilhat (SMA) : « Il y a encore beaucoup de grains avec un vent assez instable. Mais les conditions ne sont pas désagréables même s’il faut encore manœuvrer : il ne faut pas dormir plus de dix minutes par ci par là… Nous sommes toujours dans une brise de Nord-Ouest d’une quinzaine de nœuds, qui va mollir quand on va traverser la dorsale en fin de matinée. Mais on s’est regroupé : je suis avec Sébastien Josse et on fait route vers Madère. La problématique est de savoir de quel côté on laisse l’archipel parce que ces îles perturbent beaucoup le vent à proximité ! Pour l’instant, on a eu des conditions rapides mais sollicitantes et je n’ai pas encore compris qu’on était parti pour le tour du monde… C’est plutôt comme une Solitaire du Figaro. Et on s’est regroupé avec la brise qui a tourné un moment au Sud-Ouest : il a fallu faire du près et Vincent Riou et Jérémie Beyou ne sont pas loin. On sera du côté de Madère sous spinnaker juste après midi. »
Après deux jours de course, les concurrents du Vendée Globe Virtuel sont dorénavant plus de 371 000 et le chiffre ne cesse de progresser.
La tête de course est rapide et la concurrence farouche. Plus de 150 000 bateaux tenaient le rythme hier à l’avant de la course. Un rythme facilité par la trajectoire direct qui menait les bateaux des Sables au Cap Finistère. On rentre maintenant dans le dur avec une météo qui se complique, déjà des premiers choix à faire comme sur le réel. Chercher les Alizés à l’ouest ou longer les côtes portugaises. La tête de course a opté pour l’empannage, et on retrouve les premiers plutôt le long des côtes. Reste que l’écart entre les premiers et le 160 000 reste pour l’instant d’une centaine de milles.
L’écart devrait pourtant se creuser dans les jours qui viennent avec ceux qui auront appris rapidement à se servir de cette nouvelle version où la mise à jour des conditions de vent est quasi en temps réel. Pas simple de résister à plusieurs connexions dans la journée quand on constate son bateau mal réglé.
Notre bateau magcourseaularge continue sa descente. Hier, on s’y est cru en étant 261e au classement à quelques encablures du 2nd. Aujourd’hui, le classement est sévère : 87000e actuellement. A suivre le passage de la dorsale où il faut trouver son chemin. On a choisit de pousser vers l’ouest, c’est toujours ça de pris sur la route.
Sébastien Josse a joué la prudence sur ce début de course. Sans doute l’expérience des dernières courses. Il est resté à distance mais au contact et on le voit accélerer sur la carte.
Le skipper du Mono60 Edmond de Rothschild souhaitait partir dès les premiers milles dans un mode « marathon » à l’image du tour du monde qui l’attend et non sur une allure de sprint. Il s’est ainsi appliqué à ne pas surcharger d’emblée le bateau aux cinq flèches, surtout dans les lignes de grains qui ont traversé le golfe de Gascogne dans la nuit de dimanche à lundi. Avec des oscillations du vent de 10 à 25 nœuds, le solitaire a choisi de naviguer foils relevés, faisant en sorte de manœuvrer proprement pour négocier calmement, hier midi, le délicat passage du cap Finisterre.
Ce mardi, en début d’après-midi, Sébastien Josse pointe en cinquième position à 20,4 milles de Alex Thomson, qui a choisi hier de se décaler dans l’Est en espérant garder un vent plus fort le long du Portugal. À l’approche d’une dorsale anticyclonique, qui barre la route de la flotte vers le Sud, les vitesses moyennes sont descendues sous les 8 nœuds et la question est maintenant de savoir comment va évoluer cette zone de vents faibles.
Les images fortes de la sortie du chenal des Sables d’Olonne et l’émotion du départ sont désormais dans le sillage, tout comme le froid piquant qui a déjà laissé place au soleil portugais. Dans des conditions plus maniables, Sébastien Josse a pu envoyer ce matin ses premières images du large et a aussi pris le temps de joindre son équipe à terre : « Là, les conditions sont encore assez irrégulières et le vent plutôt mou. Cela devrait durer toute la journée, le temps que la dorsale nous passe dessus. Cela fait du bien car le début de course a été plutôt difficile. C’était un “dégolfage” musclé, sous les grains et je n’ai pas ménagé ma peine. Ce sont des conditions où tu dors peu, tu manges peu. »relate-t-il. À la vacation du Vendée Globe, à la mi-journée, le skipper confiait avoir réussi à engranger deux heures de sommeil, seulement, la nuit dernière.
Cet adage est parfaitement en ligne avec l’exigence du Vendée Globe, le plus long marathon de l’histoire de la course au large. « J’avais dans l’idée de faire un départ prudent et c’est que j’ai fait. Le Vendée Globe est long et ne se gagne pas dans le golfe de Gascogne par contre il peut s’y perdre ! » a-t-il rappelé avant de préciser : « J’ai navigué foils relevés et il est clair que les trois bateaux qui se sont échappés devant au début n’ont pas fait pareil. Je ne regrette absolument pas car, aujourd’hui, je suis seulement à une vingtaine de milles de ce groupe. La prise de risques était bien trop élevée à mes yeux pour le gain. »
Route médiane
Ensuite, toute la flotte, à l’exception du Japonais Kojiro Shiraishi et du Hollandais Pieter Heerema, a choisi de passer entre le DST (Dispositif de Séparation de Trafic, dont la navigation est interdite aux concurrents du Vendée Globe) et les falaises de la Corogne. Si cette route est plus courte, les marins y arrivent toujours avec une certaine appréhension, tant pour le ressac important qui y règne que pour le trafic maritime dense qui réclame beaucoup de vigilance sur le pont.
À bord d’Edmond de Rothschild, c’est dans cette zone que Sébastien s’est offert deux jolies pirouettes : « À la sortie du DST du cap Finisterre, sous les yeux de Morgan (Lagravière,ndlr), le pilote a décroché et j’ai fait un empannage involontaire. Morgan m’a appelé pour vérifier que je ne m’étais pas fait mal, mais non, pas de bobos, juste un chandelier qui n’a pas aimé la figure de style. » racontait Sébastien.
Dans le trio de tête, à la hauteur de Porto, Alex Thomson et Jean-Pierre Dick ont choisi d’empanner pour aller chercher plus de vent près des côtes. « J’ai réfléchi à empanner le long du Portugal comme St Michel et Hugo Boss mais il n’y avait pas de vrai gain non plus. Au début, tu pouvais garder plus de pression mais, au final, il faut quand même revenir dans l’Ouest. Je viens de router Jean-Pierre et nos routes seront très proches, » expliquait-il. Le vent devrait bientôt rentrer et, demain, l’anticyclone devrait s’être rétracté dans l’Ouest, ouvrant la porte des alizés. À long terme, les concurrents commencent déjà à se positionner pour le passage de Madère et des Canaries, l’une des raisons qui donnent l’Ouest comme trajectoire intéressante.
Dans sa vidéo du jour, le skipper d’Edmond de Rothschild offre un panorama des skippers présents autour de lui. Comme tous, Sébastien observe, dès qu’il peut, la voilure de ses proches concurrents. Cette source d’interrogation n’a pas fini d’animer ces semaines de régate au contact, tant les formes et les combinaisons possibles de voiles diffèrent d’un bateau à l’autre. « Maintenant, on est bien groupé avec Vincent (Riou,ndlr) et Yann (Eliès,ndlr), nous sommes à vue et c’est assez drôle car aucun de nous n’a la même configuration de voile d’avant. Il va falloir maintenant bien sortir de la dorsale et surtout savoir quand ! Pour l’heure, je commence à prendre, tout doucement, mon rythme de « tour-du-mondiste » et c’est plutôt agréable ! » concluait Sébastien Josse.
Les chiffres du jour
A 15h (HF), Edmond de Rothschild en 5e position
A 20,4 milles du leader Alex Thomson
Distance parcourue sur les dernières 24 heures : 287,05 milles
Distance parcourue sur le fond depuis le départ : 692,10 milles
Classement du 8 novembre à 15h (HF)
1. Alex Thomson (Hugo Boss) à 23 774,2 de l’arrivée
2. Jean-Pierre Dick (St Michel – Virbac) à 7,1 milles du leader
3. Armel Le Cleac’h (Banque Populaire VIII) à 7,2 milles
4. Vincent Riou (PRB) à 19,6 milles
5. Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) à 20,4 milles
6. Jérémie Beyou (Maître CoQ) à 24,9 milles
7.Yann Eliès (Gueguiner – Leucémie Espoir) à 30 milles
8.Paul Meilhat (SMA) à 31,2 milles
9.Morgan Lagravière (Safran) à 37 milles
10. Tanguy de Lamotte (Initiatives-Cœur) à 42,9 milles
Yann Elies, skipper de l Imoca Queguiner-Leucemie Espoir lors du depart du Vendee Globe 2016 - Les Sables d'Olonne le 06/11/2016 @Alexis Courcoux
Yann Eliès est dans le rythme et dans le match. Après le flot d’émotions du départ, l’instabilité de la première nuit causée par les grains et le petit coup d’accélérateur au cap Finisterre, à présent Yann Eliès et les autres leaders du Vendée Globe évoluent avec une petite dizaine de nœuds de secteur nord-ouest à la latitude de Lisbonne et le moins que l’on puisse dire c’est que leurs trajectoires divergent depuis hier soir. De fait, certains, à l’image d’Alex Thomson et Jean-Pierre Dick, ont choisi de se rapprocher des côtes portugaises afin de bénéficier plus longtemps du vent soutenu et c’est à eux que reviennent les honneurs aux derniers pointages, tandis que les autres, parmi lesquels le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir ont poursuivi leur route vers l’ouest sur une route plus directe. Toute la question est de savoir qui s’en sortira le mieux après le passage de la dorsale qui prolonge l’anticyclone des Açores d’ici à demain soir. En attendant, il faut cravacher et à ce petit jeu, Yann, qui a réussi à tenir la cadence des « foilers » depuis le départ – il pointe en 6eposition ce mardi à 14 h – espère profiter de conditions plus favorables à son type de bateau (dérive droite), ces prochaines heures, pour grappiller quelques milles sur le trio de tête, légèrement détaché.
« Ça a été dur de quitter Les Sables d’Olonne et ça a été un vrai déchirement de quitter la famille. Un départ de tour du monde, c’est toujours beaucoup d’émotions et on en ressort un peu vidé mais je me suis forcé à dormir et j’ai réussi à me reposer. A présent, la course est lancée ! C’est parti pour trois mois ! », a expliqué Yann Eliès, joint ce matin à la vacation officielle, avec un moral au beau fixe. Et le fait est qu’il a de quoi être satisfait de son début de course puisque qu’il a réussi à tenir le rythme avec les bateaux équipés de foils. « Je suis content de les voir encore à l’AIS », s’est amusé le navigateur qui pointe en 6e position ce mardi après-midi, et se permet de devancer Morgan Lagravière mais aussi Jérémie Beyou avec qui il a bien failli rentrer en collision cette nuit.
« Moyen de se prendre une volée »
« On n’est pas passé loin l’un de l’autre ! Quoi qu’il en soit, je suis content d’être là où je suis car avec les conditions que nous avons eues lors de la première nuit, il y avait vraiment moyen de se prendre une belle volée. Finalement, le jeu des grains et des effets de site au niveau du cap Finisterre nous a permis de rester au contact des « foilers », exception faite d’Alex Thomson, Jean-Pierre Dick et Armel Le Cleac’h qui ont bien tartiné et qui ont été meilleurs », a détaillé Yann, avouant par ailleurs avoir été tenté, lui aussi, de longer les côtes portugaises.
La carte de la sécurité
« J’ai hésité à y aller mais j’ai finalement préféré rester avec le paquet, jouer la carte de la sécurité. On va voir ce que ça donne. Pour l’instant, on peine tous un peu à avancer. La dorsale est en train de se coucher sur nous. Il semble que nous allons avancer avec elle jusqu’à ce qu’elle s’arrête. Ça risque d’être un peu longuet », a d’ores et déjà annoncé le Costarmoricain qui sait que jusqu’à demain soir au moins, il va devoir composer avec du vent faible. « Pour l’instant, on avance à 10 nœuds de moyenne. Le premier point positif, c’est que ce sont, a priori, des conditions favorables aux bateaux « classiques » comme le mien, le second c’est que l’on sent qu’on attaque le sud car je ne suis désormais plus qu’en polaire et bas de ciré », a conclu le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir.
Jean-Pierre Dick mène sa course de la plus belle des manières. Dans le match dès le départ, il est en tête pour le moment et sa position médiane lui ouvre le jeu alors que l’incertitude météo devant demeure encore.
Au classement de 9h, Jean-Pierre navigue en tête du Vendée Globe grâce à son option à l’Est de la flotte au large des côtes portugaises. StMichel-Virbac va devoir négocier le passage d’une dorsale anticyclonique* qui barre la route pour toucher les alizées de Nord-Est jusqu’au Pot au Noir.
JP au téléphone à 10h ce matin : « Ah je suis premier ! C’est une bonne nouvelle !… J’ai trouvé le sommeil cette nuit, c’est une bonne chose, je n’avais pas vraiment dormi la première nuit. Le vent est très irrégulier depuis le début, j’enchaine les manœuvres pour bien me positionner pour la suite. Mon placement semble intéressant aujourd’hui, ce sera plus rapide en début de journée après en fin de journée il faudra voir. »
En 3ème position à 10h, Armel Le Cléac’h navigue ce matin au large du Portugal, plus éloigné des côtes que ses concurrents directs, Jean-Pierre Dick et Alex Thomson en 1ère et 2ème position. Les vitesses impressionnantes des premières 24 heures ont chuté et le skipper du Monocoque Banque Populaire VIII est le premier à entrer dans la dorsale anticyclonique, ce qui explique son ralentissement.
Armel Le Cléac’h a joint son équipe à terre hier soir :
« La deuxième partie de la nuit de dimanche à lundi n’était pas facile, elle a nécessité beaucoup d’engagement avec des vents oscillants entre 10 et 35 nœuds. J’ai même fait une pointe à 32 nœuds ! Pas facile de dormir, j’ai juste pu somnoler un peu. Je suis assez éprouvé par l’intensité du départ, jusque-là il a fallu être aux aguets sans arrêt. Et de nombreux bateaux de pêches espagnols n’allument pas leur AIS*, il faut donc redoubler de vigilance… Mais tout s’est passé sans encombre donc je suis content. Les conditions vont être plus maniables cette nuit donc je vais pouvoir dormir et manger pour récupérer, car physiquement, là, c’était dur ! »
La dorsale anticyclonique est plus active que prévu et l’ensemble de la flotte va ralentir.
Pour le reste de la flotte, la vie à bord s’organise passé les émotions du départ. Ainsi pour Stéphane Le Diraison : “Tout va bien, je récupère après 2 premières journées compliquées. En raison de l’air froid et instable j’ai été très conservateur la première nuit dans mes choix de voiles et ca m’a coûté cher… A ma décharge, il faut dire que j’étais complètement chamboulé par l’émotion du départ. Le chenal des Sables d’Olonne c’était magique, cet instant restera gravé à jamais dans ma mémoire. Et puis il y a eu ce dernier regard avec mes filles et ma femme postées sur le bateau accompagnateur… Il m’a fallu 24 heures pour retrouver des sensations avec mon bateau.Ensuite j’ai eu un problème avec mon gennaker, j’ai dû utiliser une voile de vent fort, beaucoup trop petite , le temps de trouver une solution. Au niveau sportif, je ne suis pas satisfait de mon départ de course mais désormais je suis sous spi dans des conditions très agréables, la route est longue et j’ai bien l’intention de me rapprocher de mes petits camarades ! La vie du bord s’organise, encore quelques jours et je serai parfaitement en phase avec le bateau ! Bonne journée. »
Photo rainbow sent from the boat Le Souffle du Nord, on November 7th, 2016 at 15:28 - Photo Thomas Ruyant
Photo arc-en-ciel envoyée depuis le bateau Le Souffle du Nord le 7 Novembre 2016 à 15:28 - Photo Thomas Ruyant
C’est Jean-Pierre Dick (StMichel Virbac) qui menait la flotte ce matin à 8h00 suivi par Alex Thomson (Hugo Boss) et Armel Le Cleac’h (Banque Populaire). Les deux premiers ont choisi d’investir à l’est en empannant hier les premiers. Ils ont ce matin un peu plus d’air alors qu’Armel voit devant lui s’étendre une dorsale anticyclonique.
Derrière le skipper de Banque Populaire, la meute en profite pour revenir. Vincent Riou (PRB), Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) peuvent recoller, tout comme Jérémie Beyou (Maitre Coq) et Paul Meilhat (SMA). Ce groupe de 6 coureurs se connaît par coeur et ne se lâche pas d’une semelle pour l’instant.
Quelques miles derrière les leaders, Morgan Lagravière sur son foiler Safran tente des choses. Il est proche de Tanguy de Lamotte (Initiatives Coeur) et de Jean Le Cam (Finistère) qui sont tous les deux bien dans leur course. A noter également Thomas Ruyant (Souffle du Nord) qui suit bien le rythme du groupe des 6.
A 80 miles, Kito de Pavant (Bastide Otio) et Bertrand de Broc (Mascf) en profitent pour revenir. Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland)
“Nous y sommes, deuxième jour en mer. J’ai le temps de contempler le monde et de repenser au départ, magique. J’ai même eu une conversation avec le Prince Albert de Monaco au sujet de sa mère, la Princesse Grace, pendant que ma fille faisait une danse irlandaise sur le pont devant les cameras de télévision… et puis là je me retrouve seul en mer, à proximité du DST du cap Finisterre. C’est un coup de magie cette transformation subite ! Je me trouve devant ma table à cartes, un peu comme dans le cockpit d’une navette spatiale. Et c’est ici que je vais passer une centaine de jours… Je suis content d’avoir pris la décision de participer à cette incroyable course, être sur la ligne de départ était déjà une victoire. Mais en même temps, je me demande : mais bon sang! Qu’est-ce que j’ai fait? Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend. On verra bien…”
Kito de Pavant (Bastide Otio)
“Bonjour à tous, ça glisse… Le ciel est clair et les grains se font plus rares, même si le vent reste très instable. Je rentre dans la course, je prends mes marques. Je suis prudent, peut-être trop, dans mes choix de configurations de voiles. Il y a de la tactique dans l’air à l’approche d’une dorsale anticyclonique qui va nous ralentir quelque peu. Il fait déjà moins froid que pendant la première nuit glaciale. J’ai pu dormir cette nuit et c’était nécessaire. Je profite de ce message pour remercier tous les amis qui m’ont envoyé des messages d’encouragements par centaines avant le départ et auxquels je n’ai pu répondre….”
Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) :
« Je vois Jérémie (Beyou) à l’AIS. Cette nuit je suis passé si près que j’ai failli lui rentrer dedans ! (rires) Seb Josse est un peu devant. Tout va bien, même si on peine à avancer dans des vents devenus un peu erratiques. La dorsale se couche sur nous, on n’a plus qu’une dizaine de nœuds de vent de Nord-Ouest. J’ai été tenté d’empanner moi aussi pour jouer le couloir de vent de Lisbonne, comme font Alex Thomson et Jean-Pierre Dick, mais j’ai préféré finalement miser sur la sécurité en restant dans le paquet. Je suis plutôt content d’être là et la situation de la journée va être plus favorable pour nous que pour les foilers, normalement. C’est bien, car on savait qu’il y avait moyen de se prendre une belle raclée. Là, mis à part les trois premiers qui ont été un peu meilleurs, on est dans le match. Et puis la mer s’est beaucoup calmée, et il fait bien meilleur que la première nuit.»
Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut)
“J’ai fait une bonne première nuit et du coup je me suis mis un peu dans le rouge donc je suis un peu fatigué mais ça ne se passe pas trop mal, je suis assez content. Pas de souci, à part un vrac en fin de nuit hier qui m’a un peu refroidi : j’avais envoyé mon petit gennaker car le vent mollissait mais un grain à 30 noeuds est rentré ! J’ai du abattre pour essayer de le rouler mais il s’est mal enroulé, ça a fait une poche… bref c’était le bazar ! Ceci dit, je suis content car aucun souci technique sur le bateau alors que la première nuit ça a envoyé du lourd avec de la grêle, des phases de molles alternant avec des grains à 35 nœuds… bref le bateau a été bien sollicité ! Ce matin j’ai 15 noeuds de vent et je suis au reaching, c’est assez cool. Je vais essayer de dormir maintenant que l’axe du DST avec tous les cargos est derrière moi. C’était d’ailleurs super galère de négocier les empannages entre le DST et la côte car il y avait des grains, des bascules de vent, des pêcheurs… J’en suis sorti depuis quelques heures et je suis vraiment soulagé car c’est enfin le large et j’ai de l’eau à courir. Avant, on était en semi-côtier et sur les IMOCA ce n’est vraiment pas simple. Côté météo, les fichiers sont relativement optimistes. Je devrais revenir avec un peu d’air, pour ceux de devant ce sera plus compliqué. Sous J1 et GV haute je devrais avoir jusqu’à 15 noeuds de vent en fin de journée. Tout le monde devrait reprendre un peu de milles sur ceux de devant, mais n’exagérons rien : il y a plusieurs matchs dans le match et les foilers sont dans une autre dimension ! C’était écrit qu’ils allaient nous exploser dès la première nuit. Le passage de la dorsale sera peut-être un petit peu moins douloureux pour nous que pour eux, c’est tout. On va jouer la bordure de l’anticyclone puis commencer déjà à penser au Pot au Noir, je pense que les leaders y seront dès dimanche et moi lundi. Je suis en train de rentrer en mode océanique, mais en revanche je ne me projette pas trop, je ne vais pas cocher la case : “jour 2 sur 90” !