mercredi 26 novembre 2025
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Vendée Globe. Apivia sur sa bonne allure

Charlie Dalin s’entraine à bord d’ Apivia, le 29 Aout 2020, au large de Groix. (Photo Jean-Marie Liot/Alea/Disobey

Charlie Dalin progresse vite placé à l’avant du front dans un vent soutenu de Nord-Ouest, généré par un front dépressionnaire bienfaisant. Les vitesses grimpent, Charlie accroche à 5h ce matin 19,51 nœuds (36,13 km/h) de vitesse et ne compte que 126,87 milles (234,96 km) de retard sur le leader, Yannick Bestaven (Maître CoQ). Deux objectifs dans l’étrave d’APIVIA : rester calé dans ce front le plus longtemps possible et le cap Horn, qui pourrait être doublé dans 4 à 5 jours.

Nul besoin d’être prophète en la matière pour comprendre qu’APIVIA est plus à l’aise et plus performant sur un bord… Charlie n’a pas caché avoir renforcé sa réparation de cale basse de foil bâbord (gauche), ce qui l’a obligé à ralentir dans la nuit de lundi à mardi, et de fait, ne permet pas à APIVIA de tenir la même cadence et les mêmes performances d’un bord sur l’autre. Concrètement, autant Charlie peut espérer le meilleur de son foiler lorsque le vent arrive bâbord amures (vent venant de la gauche) permettant à APIVIA d’être en appui sur son foil tribord (droit) opérationnel, autant lorsque le vent vient tribord amures (vent venant de la droite), le monocoque ne peut plus s’appuyer sur son foil bâbord (gauche), et donc créer le point d’appui nécessaire pour soulager la coque et diminuer la surface mouillée (surface en contact avec l’eau) du monocoque pour aller plus vite…

Charlie ne s’en cache pas : APIVIA préfère largement les allures où le vent vient de la gauche. Et, il suffit de voir les vitesses constatées ou certains pointages pour en déduire que Charlie ne peut solliciter APIVIA de la même manière dans les bords glissant vers la Zone d’Exclusion Antarctique, pour mieux regagner des milles sur les bords s’en éloignant. Et heureusement, car après un nouvel empannage calé dans la soirée d’hier à la limite de la zone des glaces, Charlie suit aujourd’hui un long bord, vent venant de la gauche, parfaitement en appui sur son foil sous le vent. « Le vent va rester soutenu pendant quelques temps déclare Charlie. Je vais bientôt pouvoir faire un cap plus direct vers l’Est grâce à ce vent de Nord-Ouest. Cela va être la course, car à l’arrière de ce front, il n’y aura pas de vent. Donc, il faut absolument rester du bon côté. Le cap Horn, c’est entre 4 et 5 jours. Cela dépend justement si j’arrive à rester devant le front… Si j’y arrive, ce sera assez rapide, si je me fais doubler par ce front, ce sera plus lent… Le prochain objectif, c’est le Horn, ce sera un moment fort de ce Vendée Globe ! ».

Le mot à retenir :
Charlie Dalin (skipper d’APIVIA) : « On est presque à 5 mètres de mer totale, ce qui commence à faire des belles vagues… Il y a quelques jours, APIVIA naviguait dans l’anticyclone sur une mer plate et là, les conditions ont radicalement changé. Cela n’a rien à voir… On retrouve des conditions auxquelles on peut plus s’attendre dans ces contrées ».

Un cap Horn… fidèle à sa réputation !
Il semblerait bien que le dernier virage à gauche, avant d’entamer la remontée de l’Atlantique, se fasse désirer… En effet, tous les marins le savent : le cap Horn est bien l’un des endroits en mer les plus dangereux au monde. D’une part, les vents sont largement accélérés par l’effet d’entonnoir, créé d’un côté par la cordillère des Andes et de l’autre, par la péninsule Antarctique distante seulement de 1 000 kilomètres. Ici, les dépressions qui déambulent autour du pôle Sud se trouvent concentrées, condensées et… survitaminées. D’autre part, la mer y est redoutable, potentiellement courte, hachée et surtout forte, voire très forte. Des houles de plus de 7 mètres n’y sont pas rares… ponctuées de déferlantes et de possibles vagues appelées « scélérates » (vagues de type océaniques soudaines) pouvant atteindre et dépasser les plus de 20 mètres. Pour la petite histoire, le mythe quant à l’existence de ces vagues est devenu réalité en 1995, lorsqu’une vague a frappé l’installation pétrolière Draupner en mer du Nord norvégienne. La plateforme, équipée d’un laser pointé vers le bas, a enregistré une vague de 26 mètres de haut au milieu d’une mer de vagues de 11,8 mètres. Cette preuve enregistrée a transformé le mythe maritime des vagues scélérates en réalité…

Aussi, que prévoit-on samedi au passage des premiers au cap Horn, dont Charlie et APIVIA ? Christian Dumard (Great Circle – Squid et prestataire météo pour la Direction de Course du Vendée Globe) : « Une dépression se creuse à partir du jeudi 31 Décembre dans le Nord. Elle va se diriger vers le Sud-Est en croisant la flotte. Elle devrait se situer au Sud du cap Horn le samedi 2 janvier avant d’aller mourir sur la péninsule Antarctique. Elle va donc amener des vents d’Ouest forts (35-45 nœuds) avec des rafales à 55 nœuds en approche du cap Horn pour les premiers, qui sont attendus dans la soirée du 2 janvier. La mer sera également très formée avec des vagues de 6 à 7 mètres. Le cap Horn devrait être à la hauteur de sa réputation pour Maître CoQ IV et dans une moindre mesure pour Apivia, LinkedOut et Groupe APICIL. » Oui, le premier cap Horn de Charlie et APIVIA devrait être bien fidèle à sa réputation…

Source Apivia

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Vendée Globe. Images du bord J52

Photo envoyée depuis le bateau MACSF pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 30 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Isabelle Joschke)
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Vendée Globe. Yannick Bestaven : ” J’ai hâte de sortir de là ! “

Yannick Bestaven s'entrainant à bord de Maitre Coq, pour le Vendee Globe. (Photo Jean-Marie LIOT / Maître Coq)

Yannick Bestaven est toujours leader et devrait passer le cap Horn en tête devant Charlie Dalin. Les deux hommes profitent d’un front pour creuser l’écart avec le reste de la flotte. Avec un bateau en parfait état de marche malgré 53 jours de mer, le Rochelais se projette déjà dans l’Atlantique.

« J’ai un petit front qui est en train de me passer dessus : il y a un peu d’air (27 nœuds) ! C’est aussi ce que je suis venu chercher pour faire une belle trajectoire en bâbord afin de faire la route la plus directe vers le cap Horn. J’ai du vent de Nord sur une mer plutôt jolie avec une belle vitesse, mais derrière le front, le vent passe au Nord-Ouest donc ça va naturellement me faire remonter vers le Nord : je devrais faire une jolie courbe le long de la ZEA.

Pour le passage du cap Horn, il faudra voir le ‘timing’ : je devrais être encore assez Sud mais ce n’est pas encore écrit vu qu’il y aura du vent avec des rafales et surtout de la mer. Il y a déjà de la houle du Pacifique, mais ça va ! Ce n’est pas de la mer mal rangée comme dans l’Indien… Le bateau glisse au lieu de s’arrêter dans la vague de devant.

53 jours de mer, ça tire un peu sur les organismes, physiquement et mentalement. C’est sûr que j’ai hâte de sortir de là pour être un peu plus serein et équilibré. Mais il faut souligner que la météo était assez particulière dans les mers du Sud et on a mis du temps à les traverser… Il est temps que ça s’arrête et qu’on remonte vers des latitudes plus tempérées : sécher le bateau et le marin pour avoir de l’énergie afin d’attaquer le dernier tronçon en forme.

Je suis resté en heure TU et là, la nuit commence à tomber ici : on doit avoir huit à dix heures de décalage avec Greenwich. Le réveillon ne va pas être cotillons et langues de belle-mère et en plus, comme toutes les discothèques sont fermées… Cela va être une soirée comme les autres ! Bien sûr, je vais appeler ma famille et mes amis à terre qui vont fêter le réveillon, mais c’est tout. Ça ne me fait pas grand-chose, même s’il y a plein de façons de déconnecter en mer : je vis un peu au jour le jour. La nouvelle année ne va pas changer ma façon de naviguer ou la météo à venir !

Vingt nœuds de moyenne, c’est beaucoup surtout que nos « petits » foilers ne sont pas très agréables dans ces conditions. Mais c’est sympa de faire des milles ! On s’accroche et je passe beaucoup de temps dans le siège de veille ou dans la bannette. Mais il faut se tenir ! Il ne fait pas trop froid, car j’ai dû m’y habituer. Il ne fait pas trop humide dans le bateau mais je navigue avec tout fermer : je suis au sec ! Et puis il n’y a plus ces « arrêt-buffet » qu’on a connus dans l’Indien…

Je n’ai jamais passé autant de temps en mer : ça commence à faire beaucoup de jours, même si je ne vois pas les journées passer. Je me suis habitué à l’environnement et je commence à bien connaître mon bateau. Dès que cela est possible, je fais un tour du monocoque pour faire un check parce que tout commence à vieillir, à s’user, ce qui est normal. Il vaut mieux prévenir les pépins que les guérir. Mais le bateau est encore à 100%. Je garde un œil sur la météo du cap Horn. Quant aux poursuivants, c’est heureux que ça parte enfin par devant ! Cela n’a pas été le cas avant… Tant mieux si je peux me faire un petit matelas d’avance avant de remonter l’Atlantique plus peinard. Et les foils, c’est vraiment le turbo du bateau. »

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Vendée Globe. Damien Séguin troisième du Vendée Globe

Photo envoyée depuis le bateau Groupe APICIL pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 24 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Damien Seguin) Portrait avec un thé

Le premier skipper handisport à réaliser le tour du monde sans escale et sans assistance est troisième de ce Vendée Globe. Une superbe performance pour Damien Séguin.

En fin de semaine dernière, dans la zone de vent instable liée à la traversée de la dorsale anticyclonique, il est resté sur le pont à exploiter chaque variation de vent. Lui d’habitude si prolixe n’a même pas pris le temps d’envoyer quelques nouvelles vers la terre. Un jeu éreintant alors que la bataille faisait rage au sein du groupe de poursuivants dont il fait partie.
Puis il a fallu gérer la zone de transition avec une nouvelle dépression chargée de vent fort et d’une mer démontée et de face… Dimanche puis lundi, le bateau n’a cessé de taper dans les vagues. Damien a essayé de choisir les bonnes combinaisons de voiles pour faire avancer vite son Groupe APICIL. Avec un vent atteignant les 40 nœuds hier, pas question d’enchainer les manœuvres. Chaque effort est compté, chaque prise de risque extrêmement calculée… Forcément, dans ces conditions, l’homme subit un peu, croise les doigts pour que son pilote automatique lui reste fidèle et tente tant bien que mal d’avaler au passage un plat froid… Mais en ce mardi, les efforts semblent payer. Damien a tiré son épingle du jeu et s’est extrait d’une courte tête du groupe composé de Isabelle Joschke, Boris Hermann, Jean Le Cam. C’est désormais avec Thomas Ruyant (13 milles devant), auteur d’une route plus nord, qu’il va croiser le fer à 220 milles de l’étrave du leader Yannick Bestaven. Le scenario est tout simplement remarquable alors que se profile le troisième et dernier cap de ce Vendée Globe !

Damien a encore une semaine de navigation avant de pouvoir franchir pour la première fois le mythique Cap Horn mais forcément, il y pense déjà. En réalité, il n’a même plus qu’un objectif en tête, le parer dans le Top 5 ! « Je me prends à rêver de passer dans le top 5 au Cap Horn ! Ce serait dingue ! Mais c’est vraiment ce que je vais essayer de faire. Il me faut encore environ sept jours pour y arriver. Ce sera pour dimanche ou lundi je pense » explique le triple médaillé paralympique. Auteur jusque-là d’un spectaculaire Vendée Globe, Damien a le droit de rêver… D’autant qu’avec le Groupe APICIL, il a souhaité sur ce Vendée Globe porter un message fort autour de l’inclusion et pousser chacun à « aller au bout de ses rêves ». Plus que jamais, on a envie de rêver avec lui !

Damien Seguin joint au téléphone :
« Ce n’est pas simple, les conditions de navigation ne sont pas faciles. La mer est démontée. Les 48 dernières heures n’ont pas été de tout repos avec une mer de face et le bateau qui tapait !
J’ai réussi à sortir du groupe. Je suis content. Le bateau marche fort. Une fois que tu as trouvé le bon réglage, que tu as choisi la bonne combinaison de voiles, tu ne peux pas faire grand-chose de plus. Tu programmes quelques manœuvres notamment des prises de ris et il ne faut pas les rater ! Mais je me suis bien placé et j’ai réussi à aller vite. J’ai le bateau pour ça. Il est fiable et optimisé pour être sur l’arrière.
C’est sûr que dans ces conditions, tu subis un peu, tu pries pour que le pilote barre bien. Je n’ai pas le choix avec le pilote, il faut que je lui fasse confiance. Mais ça se passe plutôt bien. Il m’a fait un raté mais c’est assez rare. Heureusement, je n’étais pas très loin de la barre.

Cette dernière semaine avant le Cap Horn va être dure. Les modèles voient des choses différentes. On verra… J’arrive à me reposer mais ce n’est pas toujours facile de s’alimenter. J’ai mangé beaucoup froid ces derniers temps et je viens de prendre un repas chaud.

Les derniers jours dans la zone de molle ont été compliqués. C’était très instable, il était particulièrement difficile de se reposer. Je suis sorti de cette zone épuisé. Et derrière on a attaqué la transition. Nous avons été vite mis dans le sujet. Ça tapait énormément ! Ça a vraiment été difficile. Je ne peux pas dire que ce soit la partie la plus difficile de ce Vendée Globe pour l’instant. L’indien a aussi été difficile car j’avais pas mal de problèmes techniques. Là, c’est davantage les conditions de navigation qui étaient complexes.

Je me prends à rêver de passer dans le top 5 au Cap Horn ! Ce serait dingue ! Mais c’est vraiment ce ce que je vais essayer de faire. Il me faut encore environ sept jours pour y arriver. Ce sera pour dimanche ou lundi je pense.

Depuis le temps que l’on dit que les foilers vont accélérer, ce sera peut-être sur cette remontée de l’Atlantique. On verra… En tout cas, au Cap Horn, ce ne sera pas fini. On sait que la remontée a souvent réservé des surprises. Mais pour l’instant, moi je me focalise sur ce cap mythique ! »

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Vendée Globe. Ça cravache à bord de La Mie Câline – Artisans Artipôle

#EN# Photo sent from aboard the boat La Mie Caline - Artisans Artipole during the Vendee Globe sailing race on December 27, 2020. (Photo by skipper Arnaud Boissieres) Splash #FR# Photo envoyée depuis le bateau La Mie Caline - Artisans Artipole pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 27 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Arnaud Boissieres) Que d’eau

Arnaud Boissières a affolé les compteurs pendant 3 jours en étant le plus rapide de la flotte. Le skipper a en effet réussi à rester en avant d’un front dépressionnaire situé au sud de la Nouvelle Zélande et cette ténacité a payé avec plus de 1 200 milles parcourus en seulement 72 heures et une moyenne autour de 18 nœuds. Cette folle cavalcade a permis à Arnaud de revenir au contact d’Alan Roura (La Fabrique), toujours 15ème. La Mie Câline – Artisans Artipôle est maintenant à 70 milles du bateau suisse contre 240 le jour de Noël. Il évolue aujourd’hui à proximité de la Zone d’Exclusion Arctique et profite de conditions plus calmes qui lui permettent d’entretenir son bateau. Ce matin, il a changé un vérin de pilote mais un mauvais branchement a causé un départ à l’abattée, heureusement sans gravité. La Mie Câline – Artisans Artipôle est de nouveau en ordre de marche, près pour attaquer le dernier tronçon des mers australes qui le mènera jusqu’au Cap Horn.

INTERVIEW 

« La journée d’aujourd’hui, avec le vent plus calme a permis de faire un rangement… naturel. En effet, j’avais un vérin de pilote défectueux mais j’avais du matériel de rechange. J’ai profité de ce temps calme pour l’installer et l’essayer. Tout à bien fonctionné sauf que je me suis mélangé les pinceaux et j’ai inversé les polarités. Pour faire simple, le vérin allait à babord quand je voulais faire du tribord, et inversement. Ça a bien marché pour faire un très beau départ à l’abattée. Tout était à l’envers, la quille, les voiles, le safran au vent relevé, le bateau couché à plat… J’ai tout remis en ordre mais, à l’intérieur, ça a bien valdingué. J’ai fait du rangement, remis les polarités dans le bon sens et c’est reparti ! ça m’a aussi permis de faire une marche arrière et de me débarrasser d’un bon paquet d’algues. Une fois remis de mes émotions, je me suis offert une belle sieste d’une heure emmitouflée dans mon duvet. »

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Vendée Globe. Conditions variées avant le Cap Horn

Photo envoyée depuis le bateau Apivia pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 30 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Charlie Dalin) Lunettes de soleil

Les skippers en tête de flotte ont pouvoir souffler un tout petit peu aujourd’hui après 36h difficiles. Yannick Bestaven reste en tête mais son avance à fondu devant Charlie Dalin et Damien Séguin passé 3e.

La houle du Pacifique n’est pas pour tout le monde. Damien Séguin l’a à peine vue. Il a en revanche bien joué sur ses dernière 36h pour prendre un peu d’avance sur Jean Le Cam et Benjamin Dutreux mais surtout ravir la 3e place à Thomas Ruyant. L’arrivée d’une nouvelle dépression australe avant le cap Horn, risque fort de chambouler la hiérarchie en tête : certes Charlie Dalin devrait conserver son siège de dauphin, mais Damien Seguin actuellement troisième reste dans le collimateur de Thomas Ruyant ! Le passage du détroit de Drake programmé dès le 2 janvier s’annonce difficile et les skippers y pensent déjà

Damien Séguin

Il y a 11 bateaux en moins de 500 milles à l’approche du Cap Horn. C’est du jamais vu. Le passage s’annonce musclé dans le détroit de Drake avec un leader qui affrontera les vents les plus forts et qui devrait également créer une scission en tête.

Il semble aussi que la dépression qui va intéresser les leaders dès vendredi va provoquer une rupture au sein de la tête de flotte puisque sous la « langue » de brise qui va dévaler vers le cap Horn, butant sur la cordillère des Andes, le centre dépressionnaire dans son Sud jeudi, va ralentir les chasseurs qui arriveront, eux, avec un flux de Sud-Ouest glacial mais modéré, quand les trois premiers (peut-être quatre ou cinq ?) devront gérer un flux de Nord-Ouest en avant de cette perturbation, qui devrait atteindre plus de 35 nœuds fichier…

Il faut donc s’attendre à quelques chambardements hiérarchiques d’ici la Patagonie, car entre bascules de vent et molles, empannages et recadrages, ralentissements et accélérations, le peloton ne va pas vivre les mêmes instants : il faut donc mettre du charbon ces prochaines heures pour trouver le bon placement entre le 54° et le 55° Sud. D’ailleurs la tête de flotte semble imploser derrière le leader Yannick Bestaven, qui suit son « bonhomme » de chemin sur une route plutôt Sud à une bonne cinquantaine de milles de la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA).

Ainsi certains pourraient prendre du Nord tels Thomas Ruyant (LinkedOut) ou Maxime Sorel (V and B-Mayenne) afin d’aborder cette dépression qui vient du Nord-Ouest ; d’autres semblent opter pour des « rebonds » le long de la ZEA comme Jean Le Cam (Yes We Cam!) ou Damien Seguin (Groupe APICIL) et plus loin, Giancarlo Pedote (Prysmian Group) ou Louis Burton (Bureau Vallée 2)… Bref il devrait y avoir dans cette journée de mercredi bien des chemins qui mènent au Horn !

Lune de miel ou lune de fiel ?

Et puis à force de « descendre » vers l’Antarctique, les jours (d’été austral) ne font que croître ! Déjà qu’il n’y a que quelques heures de ténèbres, plutôt crépusculaires d’ailleurs avec cette pleine lune qui adoucit les mœurs mais empêche aussi de dormir sereinement, alors quand la banquise darde ses reflets loin dans le Sud, il ne fait presque jamais noir dans ces latitudes à cette époque. Les jours sont sans fin et les nuits, loin d’être câlines…

Pour autant, l’approche du « bout du tunnel » ne va pas être très simple : quand le cœur de la dépression va flirter avec les Cinquantièmes Hurlants, il va laisser traîner une bulle sans vent dans son Sud, justement là où va batailler le groupe de tête. Normalement, les leaders ne seront pas impactés, mais les poursuivants pourraient bien peiner dans ce magma pétoleux… Rien n’est encore calé définitivement pour le réveillon du Nouvel An, mais il faut s’attendre à une bonne dose de stress pour s’extirper de cette zone de brises erratiques avant le coup de pied final, dans un flux très tonique de Nord-Ouest dès le premier jour de l’année !

Or avec 80 à 95% de couverture nuageuse et des pluies parfois diluviennes avant une giclée de neige fondue et de grêle, l’atterrissage sur les côtes chiliennes ne va pas être de tout repos. Et quand en sus, la longue houle du Pacifique va se mélanger avec des vagues parfois déferlantes de plus de six mètres, les derniers milles dans le plus grand océan de la Terre ne vont pas être très appétissants ! Surtout qu’il ne faut pas croire que les mauvais coups s’arrêtent une fois le cap Horn débordé : il n’y a pas vraiment de repos possible tant que les Malouines ne sont pas loin dans le tableau arrière…

Tous groupés le long de la ZEA

Et 850 milles plus loin, le trio Crémer-Tripon-Attanasio bénéficie de conditions plutôt favorables, mais très fraîches : une langue de vent venue de l’Antarctique va propulser ce triumvirat à vitesse grand « V » vers le cap Horn, ce qui est plutôt rassurant car dans leurs tableaux arrière, une nouvelle dépression australe devrait se glisser dans le détroit de Drake en milieu de semaine prochaine. Le schéma est donc favorable à un retour à quelques centaines de milles du groupe des chasseurs avant la remontée de l’Atlantique.

Et pour presque tous les autres solitaires encore en course, la ZEA est une référence : la plupart glisse le long de cette zone interdite par petites grappes, le trio Roura-Boissières-Hare en bordure de hautes pressions dans le Sud-Est de la Nouvelle-Zélande, le quatuor Beyou-Le Diraison-Costa-Shiraishi sous l’île Campbell avec un flux de Nord-Ouest propulsif, alors que Miranda Merron (Campagne de France) va franchir la longitude de la Tasmanie dans quelques heures et que Ari Huusela (STARK) a enfin pu déborder le plateau AMSA des services de sécurité maritime australiens avec de l’Ouest très modéré. Décidemment, ce Vendée Globe n’a pas fini de nous tarauder.

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Vendée Globe. Images du bord J51

De la bâche sur la Mie Câline, baisse de moral sur Omia Water Family, glissade sur Groupe Apicil, musique à bord de LinkedOut, les 31 ans de Clarisse

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Vendée Globe. Alexia Barrier entre réparations, frayeurs et petits bonheurs

Photo envoyée depuis le bateau TSE - 4MYPLANET pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 17 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Alexia Barrier)

Alexia Barrier a passé le cap Leeuwin ce lundi à bord de son Imoca TSE-4myplanet après 49 jours en mer. Depuis son départ, la navigatrice mène son Imoca, le vétéran de la flotte, avec énergie et plaisir.

Pendant plusieurs semaines, Alexia était en tête du dernier groupe, menant devant Miranda Merron, Clément Giraud, Kojiro Shiraishi, Sébastien Destremau et Ari Huusela. Mais les conditions très variables dans ce grand Sud ont été plus avantageuses pour ses concurrents. La navigatrice méditerranéenne ne baisse pas les bras et a comme objectif de revenir sur Miranda et Clément avant le cap Horn. Ces 50 jours de course commencent à se faire ressentir pour Alexia, avec les petits bobos, les soucis techniques et la dureté des éléments. Cependant, la joie de vivre de la navigatrice et le bonheur qu’elle exprime d’être en mer prennent le dessus.

Une bastaque cassée et réparée !
Ainsi, vendredi 25 décembre, jour de Noël, Alexia expliquait à son équipe : « Ce matin, la bastaque tribord s’est cassée, le mât s’est plié en deux, puis est revenu à sa place, droit comme un i, un truc de fou. J’ai eu une grosse frayeur et cru que le Vendée Globe était terminé pour moi ! Je fais route vers le nord-est pour réparer, plutôt qu’à l’est. » Encore sous le choc de cette immense émotion, la navigatrice s’est mise en situation de réparer la bastaque et imaginer un système pour inspecter mât et gréement avec une caméra. L’inspection s’est révélée concluante sans présenter de dommages irréversibles ! Et c’est seulement samedi qu’Alexia a pu reprendre sa route en en surveillant intiment son mât et en reprenant graduellement confiance.
Ce matin à la vacation officielle du Vendée Globe, Alexia raconte sa mésaventure, cliquez ici pour télécharger l’audio.

Entre bobos et réparation, la course continue
La descente de l’Atlantique s’est plutôt bien passée pour Alexia quand les soucis techniques et les bobos sont apparus au cours des miles parcourus sur l’océan indien.
Les voiles : « Un jour, j’ai voulu hisser un petit gennaker qui n’est pas de toute première jeunesse… mais il y a une jolie fenêtre dedans, d’un mètre carré. Il ne me reste que le grand Gennak et le spi, je vais rester conservatrice, car je vais avoir besoin de ces voiles dans des lieux plus cléments. »
L’hydrogénérateur : « Ce matin (21 décembre), c’est bricolage sur mon hydrogénérateur tribord. Obligée de m’accrocher à l’arrière du tableau arrière les pieds dans l’eau pour démonter les pièces cassées, pas hyper confortable mais ça l’a fait. Pendant ce temps les oiseaux s’amusent au-dessus de ma tête, des petits, des grands, c’est la fête à l’arrière de TSE-4myplanet. »
Le pilote automatique : « Ça faisait longtemps que je n’avais pas barré parce qu’il fait super froid. Avec les soucis de pilote, j’ai barré en mode commando dans des conditions musclées. Sans casquette, je peux difficilement rester dehors à 5 degrés et à me prendre des vagues dans la tête. Pourtant, j’aimerais bien voir des baleines. »
Les mains : « J’ai très mal aux mains, je ne prends pas le temps de les masser et de faire des étirements. Je sais que je dois le faire. Et du coup quand je barre, je ne suis pas à 100%. »
Mais la navigatrice méditerranéenne garde sa joie de vivre et partage son bonheur d’être encore en course dans les mers du sud.

Les petits bonheurs
Se confronter aux autres, dépasser Ari, devancer Miranda et Clément dans la descente de l’Atlantique, ces moments de compétition, Alexia les savoure et les cherche. Son objectif est de remonter au classement avant le cap Horn. « Je me suis fait un peu distancée cette semaine par Miranda et Clément. A vrai dire, ils vont beaucoup plus vite que moi. Charge à moi de naviguer plus intelligemment ces prochains jours pour essayer de raccrocher le wagon. »
Et puis, les petits bonheurs se sont aussi ces rencontres, comme les pétrels, les albatros, le phoque, gardien de l’océan indien, qui animent ses journées.
« Quand j’ai passé les 40èmes rugissants début décembre, incroyable, il y avait un gardien à l’entrée de ces 40èmes. Ce gardien, c’était un phoque et j’étais très surprise de le voir là. C’est la première fois que je croise un phoque en pleine mer. Je peux vous dire que ça m’a fait du bien de le voir. On s’est regardé les yeux dans les yeux, ça faisait un mois que je n’avais pas regardé un être vivant dans les yeux. Ça m’a apporté beaucoup de réconfort pour les jours à venir de le rencontrer, racontait Alexia. Pour Noël, j’ai voulu inviter des albatros pour le dîner, mais ils ne voulaient pas entrer à cause de leurs grandes ailes. Et moi j’avoue que je ne voulais pas dîner dehors, il faisait trop froid, alors j’ai dîner toute seule, mais c’était aussi très bien. »

A presque mi-parcours, Alexia réalise son rêve d’être encore en course dans les mers du Sud. Elle continue de partager son combat pour la sauvegarde des océans. Ainsi elle aura largué 3 balises sur sa route pour aider les scientifiques à récolter des données sur la salinité, les courants, les températures. La navigatrice collecte des données de surface grâce à son thermosalinomètre et réalise des prélèvements hebdomadaires d’eau qu’elle conserve soigneusement jusqu’à son arrivée.

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Vendée Globe. Thomas Ruyant : ” Je trouve ce Sud bien long !”

Thomas Ruyant, LinkedOut, s'entraine pour le Vendee Globe au large de Groix, France, le 5 Juin 2020. (Photo Pierre Bouras / TR Racing)

Le resserrement craint et attendu par Thomas Ruyant s’est concrétisé ce matin en croisant devant Damien Séguin mais le nordiste est aussi revenu à 200 milles des deux leaders.

Les dernières 36 heures ont été tout sauf euphoriques pour le skipper de LinkedOut, confronté à une mer croisée, dans laquelle le plan Verdier venait buter au terme de chaque accélération. Ajoutez à cela un angle au vent d’Ouest Sud Ouest peu favorable, et vous percevrez une partie des difficultés rencontrées par Thomas pour contrer le retour d’adversaires un poil mieux loti en termes de mer et de vent. Et pourtant, les écarts derrière les deux leaders Apivia et Maitre Coq ont, à la résilience et à la volonté, été ramenés ce matin à environ 200 milles.

En limite de la Zone d’Exclusion Antarctique, le navigateur de la course au changement en faveur de l’Inclusion, une course accélérée par Advens et Swiss Life France, envisage avec délectation, suite à un nouvel empannage, un long bord bâbord amure, sur son foil valide, en capacité de lui offrir, enfin, et alors que les conditions se calment, les glissades Pacifique promises et qu’il est aussi venu chercher en ce point désolé du globe.

Les trajectoires se croisent et convergent, puisque l’on va tous au même endroit” musait Thomas cette nuit. “On a tous bien cavalé en arrière de la dépression qui s’évacue dans le Sud. C’était très difficile pour moi de bien faire marcher le bateau dans une mer très creusée. LinkedOut venait s’y planter brutalement. Je passais régulièrement de 24 noeuds à… 13! Je pense que mes adversaires avaient un meilleur angle et une mer un peu plus plate. Je me projette déjà vers le cap Horn, que je pense atteindre samedi en soirée. Yannick (Bestaven) y sera dans la matinée du 2 janvier. C’est important pour moi de demeurer dans le même système météo que le leader. Les conditions y seront, semble t’il, conformes à la légende du fameux rocher, 35 noeuds d’un flux descendu le long de la cordillère des Andes et 5 à 6 mètres de creux.

“Je trouve ce Sud bien long. On n’est pas gâté. Je ne peux pas dire que je m’éclate en termes de navigation. Je prends mon pied dans cette régate au contact et dans le défi qu’elle représente. Mais je n’ai jamais été en mesure de me régaler entre les allures de près, la pétole, les mers formées… J’attends avec impatience le vent de Sud Ouest pour enfin glisser en bâbord amure. Je suis un peu déphasé par l’inversion des fuseaux horaires. Je vis en sauvageon, dormant quand je suis fatigué, mangeant n’importe quand. Je réponds aux besoins primaires quand ils se présentent, de jour ou de nuit. Le 31 décembre ne constituera pas un moment particulier. C’est plutôt le 1er janvier qui m’intéresse, l’anniversaire de mon fils Basile.

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Vendée Globe. Navigation engagée jusqu’au Cap Horn

Damien Seguin s'entrainant sur l'imoca Groupe APICIL pour le Vendée Globe 2020. (Photo Jean-Louis CARLI)

La tête de la flotte se fait secouée par une dépression. Maitre CoQ reste en tête suivi par Apivia et LinkedOut. Groupe Apicil mène le groupe de chasseurs qui s’est rapproché.

Les conditions météos sont devenues compliquées pour la tête de la flotte qui doit affronter de belles rafales de vent et des déferlantes. Yannick Bestaven reste toujours en tête ce matin avec 144 milles d’avance sur Apivia. Charlie Dalin tient le rythme même si il a du ralentir pour vérifier sa réparation sur sa cale de foil.

Charlie

Derrière lui, Thomas Ruyant revient tout comme Groupe Apicil avec un Damien Séguin qui a performé ces dernières heures avec un placement judicieux. Avec son bateau à dérives, il est revenu à la hauteur de LinkedOut. Il est le premier du groupe où l’on retrouve Jean Le Cam et 7 autres bateaux.

Tout le pack des poursuivants a gagné quelques dizaines de milles la nuit dernière (heure française) sur le duo leader : en dehors de ceux qui ont dû recadrer pour éviter la ZEA tels Maxime Sorel (V and B-Mayenne) et Louis Burton (Bureau Vallée 2), tout comme prochainement Giancarlo Pedote (Prysmian Group), les chasseurs ne sont plus qu’à une toute petite journée du premier. Il devrait donc y avoir embouteillage dans le détroit de Drake ! Surtout que le trio suivant devrait revenir très fort ces prochains jours grâce à cette nouvelle dépression qui devrait les porter jusqu’en Patagonie.

Le Diraison a trouvé la solution

Au grand large de la Nouvelle-Zélande par 56° Sud, un triumvirat s’est formé suite aux soucis techniques de quille du benjamin helvète, Alan Roura (La Fabrique) : il doit désormais compter sur la pression d’Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle) et de Pip Hare (Medallia) qui ne lui rendent que 70 et 110 milles le long de la ZEA. En bordure méridionale d’un anticyclone bienvenu, ils peuvent tous trois allonger la foulée dans un flux de secteur Nord-Ouest plutôt agréable.

Et à suivre, Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) qui avait prévu de longer l’île Macquarie pour circonscrire ses problèmes de chariot de grand-voile, a finalement trouvé une solution avec le soutien de son équipe à terre. Il peut reprendre sa route dans le sillage de Jérémie Beyou (Charal) qui s’est fort bien sorti de la dépression tasmanienne et peut désormais tirer tout droit le long de la ZEA. Enfin, Alexia Barrier (TSE-4myplanet) a elle-aussi repris le fil de la course après une frayeur lorsque sa poulie de bastaque (câble qui tient le mât sur l’arrière) a explosé ! La navigatrice a pu réparer avant de passer le cap Leeuwin que le Finlandais Ari Huusela (STARK) a aussi franchi la nuit dernière.

Dorénavant, la balle est dans le camp des chasseurs qui, de l’avant à l’arrière de la flotte de ce neuvième Vendée Globe, a la possibilité de déstabiliser les chassés… L’envié trésor du cap Horn est à portée de lance-pierres et il faudra mettre en route l’appareil photo pour départager les prétendants (fort nombreux) au podium des Sables d’Olonne. Mais tout cela est une autre histoire : il restera tout de même plus de 7 000 milles à avaler après le long tunnel des mers du Sud ! Et la situation météorologique à venir après l’archipel des Malouines, ne semble pas très franche…

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