A noter parmi les skippers présents en proto, Aloys Claquin, vainqueur de la dernière Select 6,50, Tanguy De Lamotte (vainqueur de la Roma per due en 2001…), Corentin Douguet (vainqueur de la Select 6,50 en 2003…), Didier Le Vourc’h (champion de France de J24…), Stanislas Maslard qui a baptisé son Crédit Agricole Skipper Challenge mardi soir dernier sans oublier David Lancry sur son nouveau plan Dejeanty… Ils seront en fait 30 protos à prendre le large ce samedi et la bataille sera relevée, d’autant qu’il faudra surveiller également Isabelle Joschke qui a brillamment terminée 4e du dernier rendez-vous de Pornichet. Côté série, ils seront 12 à partir. Et la bataille s’annonce rude pour cette flotte sans réel favori car ce sera à chacun de tirer son épingle du jeu dans cette course de 460 milles entre la Charente-Maritime et la pointe sud du Finistère. A surveiller aussi l’autre féminine de ce Mini-Pavois 2005, Marine Chombart de Lauwe, qui sera à bord de son Pogo 2 de série.
10 étrangers au départ…
Côté étrangers, ils seront 10 à participer à ce Mini-Pavois 2005 soit 6 Anglais, 2 Slovènes, 1 Irlandais et 1 Brésilien. Des étrangers qui pourraient bien faire figure d’épouvantails compte tenu de la qualité des représentants. Nick Bubb (GBR) sera à contrôler comme Phil Sharp (GBR) qui vient de terminer deuxième de la dernière Odyssée d’Ulysse. A surveiller également les deux slovènes dont Kristian Hajnsek qui a terminé 3e de la dernière classique méditerranéenne et qui se révèle comme un sérieux prétendant à une victoire. Son compatriote Andraz Mehelin, parti hors course lors de la dernière Select 6,50, a terminé dans la roue des premiers et pourrait, avec son bateau aujourd’hui à la jauge, montrer ce dont il est capable. Sans oublier, Cian Mac Carthy qui est arrivé par la mer de son Irlande natale il y a quelques jours maintenant. En résumé, les étrangers pourraient faire parler la poudre ! Seul un étranger, l’anglais Richard Smurthwaite courra en série, les autres étant tous sur des prototypes.
J-2 JOURS AVANT LE MINI-PAVOIS : 42 INSCRITS AU DEPART…
Yvan Bourgnon de retour …en chef d´équipe
Après la Route du Rhum 2002 où il était resté enfermé cinq jours dans son trimaran retourné avant que les secours ne viennent le récupérer , Yvan Bourgnon s´était éloigné du circuit des multis. Privé de partenaire, le cadet des Bourgnon vainqueur de la mini transat 1995 ou de la transat Jacques Vabre n´avait pas renoncé à sa passion. Il avait projeté de prendre le départ du dernier Vendée Globe mais avait échoué sur le fil. Pas découragé il avait poursuivi sa quête de sponsors avec une approche différente à la lumière de son expérience de dix ans : " Dans mes contacts avec les chefs d´entreprise, je percevais l´intérêt pour les valeurs d´aventure , de défi dont la voile est porteuse mais en même temps les réticences par rapport à un manque de cohérence sportive et des retombées insuffisantes."
Quatre bateaux différents
Partant du principe que seules les grandes courses médiatisées ( Vendée Globe , Route du Rhum, Solitaire du Figaro ) captent l´intérêt du grand public , Yvan Bourgnon et ses associés ont réfléchi à un concept d´écurie permetttant d´être présent sur tous ces évènements. Ce qui implique de disposer d´un bateau et d´un marin performant dans chaque classe. Le projet paraissait ambitieux mais cette " utopie " a séduit le groupe" Brossard" qui a décidé de relever ce challenge avec d´autres partenaires dont Sergio Tacchini qui a vendu à ce team son trimaran très performant l´an passé avec Karine Fauconnier. Yvan Bourgnon en sera le skipper attitré et son programme sera prioritairement axé sur les grandes transats, la Jacques Vabre en Novembre 2005 et la Route du Rhum 2006. Pour le circuit Figaro , c´est le costarmoricain Fred Duthil qui défendra les couleurs de l´équipe Brossard qui s´ouvre aussi aux jeunes en intégrant un skipper de la classe 6, 50m Adrien Hardy engagé dans la mini- transat qui a révélé bien des talents. Pour l´heure, il manque encore le monocoque de 60 pieds dont la construction devrait débuter en 2006 afin d´être opérationnel sur le circuit IMOCA 2007 et fin prêt pour le Vendée Globe 2008.
Plus de lisibilité
Les partenaires apparaîtront de façon identique sur ces différents supports. " Notre souci c´est de garantir des retombées à nos partenaires, grâce à une récurrence sur différents évènements. Sur une année, il n´existe au mieux qu´une grande course bien médiatisée, deux au maxi dans chaque classe. La voile souffre d´un manque de lisibilité par la multiplication des épreuves , des séries. Nous avons ciblé et nous serons présents sur toutes les grandes courses avec nos bateaux clairement identifiés " explique Yvan Bourgnon. Le skipper suisse met aussi en avant des économies d´échelle grâce à cette structure qui emploiera 22 personnes entre skippers, techniciens et encadrement.
Faire aboutir ce projet lui a pris un an et demie. Son obstination et celle de ses associés a été récompensée. Le cadet des Bourgnon tout sourire, ne cache pas son bonheur de retrouver le large après une période de vents contraires . " Cea m´a permis de prendre du recul. Je reviens dans le circuit sans esprit de revanche, sans animosité. J´ai l´ambition de faire mon métier de mon mieux comme par le passé, mais avec des moyens mieux structurés " conclut-il. Ce concept d´écurie que l´anglais Mark Turner a décliné sous une autre forme avec Ellen Mac Arthur, Samantha Davies , Nick Moloney est une vraie nouveauté au niveau français.
Gilbert Dréan
IB Group Challenge : A chacun sa stratégie
On va finir par y perdre notre boussole, notre latin, nos repères et peut-être bien d’autres choses encore ! Un coup, c’est le gars du Nord qui prend l’avantage, après c’est celui de derrière qui revient d’on ne sait où ni comment, ensuite c’est celui qui longe les côtes espagnoles, puis celui qui évite un banc de brume… Bref, depuis deux jours, le leader change pratiquement quatre fois par jour au gré des positions récupérées à 4h00, 10h00, 16h00 et 19h00. Cette fois, toutefois, cela semble plus radical : il y a un arrêt net pour les trois Nordistes (Banque Populaire, Groupama-2, Foncia) et le « retardataire » revenu très fort dans le match (Gitana X) et les deux Sudistes (Géant, Gitana 11), tous au large d’Alger. Le premier groupe peine à 6-7 nœuds tandis que le second file à près de 12 nœuds sur la dernière demi-heure.
Michel Desjoyeaux aurait-il trouvé le bon couloir de vent ? Son co-navigateur Vincent Riou indiquait clairement à la vacation de midi : « Nous ne nous occupons pas trop de la flotte, nous jouons notre stratégie en essayant de comprendre ce qui se passe côté météo. Mais on ne se pose pas trop de questions : nous n’avons pas spécialement envie de rester au contact et on va chercher ce qui nous paraît bon car dans ces coins, il faut être un peu joueur. » Certes, il faudra attendre ce soir pour confirmer si l’option était bonne, mais d’ores et déjà Géant se positionne comme le trimaran le plus créatif en terme de navigation.
Serait-ce une habitude de Figariste ? Franck Cammas, Armel Le Cléac’h et Pascal Bidégorry, tous les trois vainqueurs d’une édition de la Solitaire du Figaro, ne se quittent pas d’une étrave. Sûr que la navigation au contact impose un rythme élevé car chaque petite erreur de réglage s’observe illico, chaque bascule mal négociée se paye cash. La technique est toujours bonne car les régleurs ont en permanence des repères et la vitesse s’en ressent en positif.
Mais que se passe-t-il si le leader du moment va dans le mur ! Il entraîne ses camarades comme les lemmings en haut de la falaise pour sauter à la mer… Non : à la lecture du relevé des positions, les équipages vont prendre des mesures drastiques pour revenir au contact et donc lâcher la tactique pour passer en mode stratégie…
Surtout à ce moment crucial de l’IB Group Challenge car cette nuit, le flux de Sud Ouest qui a rattrapé la flotte, et a ainsi permis à Gitana X de combler une partie de son retard, va buter sur le vent de secteur Est qui règne au large de Malte. De ce conflit va naître une zone tampon, une phase stratégique délicate à négocier le long des côtes tunisiennes. En pleine nuit, avec seulement un petit croissant de lune et toujours ces contrastes thermiques entre désert et mer, qui créent ces bancs de brume, ces noyaux sans vent, ces couloirs de brise au cheminement imprévisibles.
Il y a la politique de l’écureuil qui accumule les noisettes en vue de garder du stock et celle du trader qui n’hésite pas à attaquer dès qu’il sent une ouverture même s’il sait qu’il peut y laisser plus que des plumes. On dit que la nuit porte conseil : celle-là porte à conséquence…
Gitana 11 en tête de la flotte
Dans l’Antiquité, il y avait le monde connu et la Terra Incognita, la Méditerranée et le continent mystérieux de l’Atlantide, séparé par un détroit, les colonnes d’Hercule, désormais Gibraltar. Et c’est là que la course se rejoue puisque Frédéric Le Peutrec a pris la tête de la flotte devant Armel Le Cléac’h, revenu du diable vauvert ! La nuit a donc été riche en rebondissements : d’abord, le vent a été plus soutenu que prévu avec 10-12 nœuds de secteur Ouest à Sud –Ouest. Ensuite parce que la brise a molli par devant et plus dans le Sud. Frédéric Le Peutrec et son équipage qui ont mieux glissé à ce moment-là, ont donc pu rester calés sur une route plus directe vers Tarifa tandis que les autres leaders s’enferraient progressivement dans une molle…
En sus, un filet de pêche pris dans les appendices de Gitana 11 a obligé l’équipage à faire un arrêt total pour s’en débarrasser et à suivre, les navigateurs du bord ont choisi d’empanner les premiers : c’est là encore que s’est créé le différentiel puisque Banque Populaire s’enlisait au point de voir passer toute la flotte devant lui ou presque. Car derrière aussi, Gitana X est superbement revenu au point de ne concéder que 17 milles au leader de la veille, Pascal Bidégorry. Un retour qui s’explique par une brise différente au Nord puisque Armel Le Cléac’h, très retardé dès le golfe de Gascogne par un foil cassé, est repassé en seconde position… Le détroit ne devait pas modifier la hiérarchie si ce n’est que Thierry Duprey du Vorsent pourrait encore gagner du terrain sur le peloton grâce à sa position plus Nord avant Gibraltar.
Foncia passe Gibraltar en tête
« Nous avons réalisé un beau tactique cette nuit en baie de Cadix en restant plus proche de la côte que nos concurrents. Je pense que nous avons eu plus de pression (ndrl : vent) qu’eux. On s’en est rendu compte en fin de nuit quand on a vu un trimaran devant nous. C’était Gitana 11 ! Le classement de 4h00 est ensuite tombé, et là, c’était la bonne nouvelle : nous étions 2e soit plus de 70 milles repris à nos concurrents en 24 heures. On s’est ensuite bagarré avec Fred Lepeutrec (Gitana 11). Nous l’avons doublé au moment de passer Gibraltar. Un beau cadeau d’anniversaire pour Nico, Ronan et moi ! Il y a 1 an, je le fêtais aussi avec Nico dans d’excellentes conditions : nous venions de remporter la Transat AG2R (Lorient / Saint Barth). Il faudrait une course tous les ans à la même époque ! Ce midi, c’est repas de fête à bord : pâtes et saucisses de Montbéliard » rigole Armel.
Le tresco féminin
C’est bien connu, la voile est un milieu machiste. Rares sont, en effet, les femmes acceptées à bord des bateaux. Et, hélas, lorsqu’elles sont invitées à monter à bord, c’est très rarement pour prendre la barre, mais plutôt pour s’occuper des casse-croûte. « Ça faisait longtemps qu’on avait envie de disputer le Tresco, mais les mecs ne voulaient pas de nous. Même en demandant poliment, c’était toujours la même réponse : nous sommes complets ». Qu’à cela ne tienne, Cécile Lavarec, Sylvie Cotten, Marianne Botrel et Armande Steinbach ont pris le taureau par les cornes : « Puisque les mecs ne veulent pas de nous, on va le faire entre filles ce Tresco ». « Peur de gêner les autres concurrents » Sans expérience de la régate et encore moins de la navigation de nuit (sur leur CV nautique, on note juste quelques navigations en baie de Morlaix sur des Catboats ou des Caravelle), les régatières ont néanmoins choisi de louer un bateau. « On ne voulait pas un grand voilier, plutôt quelque chose à taille humaine ». Et va pour le Django 7.60. « En fait, c’est en arrivant à Brest qu’on s’est rendu compte que c’était un bateau de régate assez pointu ». Après un convoyage animé, elles sont arrivées juste à l’heure pour le départ mercredi. « Sur la ligne, on avait peur de gêner les autres concurrents, mais tout s’est bien passé. Il faut admettre que sur cette épreuve, les gens sont vraiment sympas, pas agressifs ». Lors des trois étapes, elles ont commis des erreurs, beaucoup d’erreurs. Mais rien de catastrophique : « Ce n’est pas très grave si on ne borde pas toujours les voiles comme il faut. On était là pour apprendre et on a énormément appris. L’important, c’était de participer, de prendre du plaisir sur l’eau entre copines ». Bluffées par l’organisation Lors de la remise des prix, dimanche soir à Langolvas, Yvon Quillec, organisateur de l’épreuve, ne s’y est pas trompé en les faisant monter sur le podium : un geste symbolique qui a étonné l’équipage de “Cipango””. « Oui, car on ne pensait pas que c’était si rare de voir un équipage uniquement féminin ». Si, c’est rare et seules des courses comme le Tresco Trophée et le Tour du Finistère permettent ce genre d’initiative : « C’est une régate super sympa où des néophytes comme nous peuvent s’amuser et surtout apprendre. Par ailleurs, nous avons été bluffées par l’organisation. C’est vraiment parfait. A terre comme en mer, tout est parfaitement géré ». C’est sûr, les quatre copines seront sur la ligne départ en 2006. «On ne peut que progresser dans le classement. Pour notre première participation, on ne voulait pas finir dernières ». 24 e sur 28 : l’objectif est atteint. Ce qui serait vraiment drôle, c’est que, l’année prochaine, elles laissent dans leur sillage tous les mecs qui ont refusé de les embarquer.
P.E
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Route de l’Equateur : le plateau prend de l’ampleur
Quatre skippers à la barre des VOR 60 Philippe Monnet : Sportif accompli et navigateur au palmarès prestigieux, Philippe Monnet a en outre battu en 2000 le record du tour du monde à l’envers. Parmi les arguments qui l’ont motivé à s’engager sur la Route de l’Equateur, il mentionne notamment la nouveauté du parcours et sa passion pour l’Afrique. Skipper du bateau République du Congo, Monnet possède sans doute la plus grande expérience de l’Afrique. Ses aventures lors du Paris-Dakar le rendent déjà très populaire auprès des Congolais, qui attendent énormément de lui. La pression monte, mais le skipper en a vu d’autres… Bertrand de Broc : Bertrand de Broc fait partie des incontournables navigateurs de la course au large, aussi bien sur mono que sur multicoque. Son parcours sportif comprend deux participations au Vendée Globe, trois à la Transat AG2R, dix à la course du Figaro, une victoire en 2003 au trophée BPE. A bord d’Entreprendre à Pointe Noire, Bertrand dispose d’une plate forme complètement remise en état pour se lancer dans cette nouvelle épreuve. De conception légèrement antérieure (1993) que ses concurrents, Entreprendre à Pointe Noire pourra par contre compter sur l’expérience et les choix météo de son skipper pour se faire la belle. Sébastien Josse : Marin de la « nouvelle génération », Sébastien Josse vient tout juste de fêter ses 30 ans. En 2002, il intègre l’équipage du Maxi Catamaran Orange I skippé par Bruno Peyron pour décrocher le Trophée Jules Verne. Il participe également à la Route du Rhum sur VMI. Vainqueur en 2003 de la Rolex Fastnet Race (catégorie 60’ Open), il se classe 4ème du Défi Atlantique. En 2004, il participe au Vendée Globe où il termine 5ème. Skipper du Team ABN AMRO pour la prochaine Volvo Ocean Race, Sébastien s’engagera pour la première fois sur une course océanique avec son équipage au grand complet. A eux de trouver rapidement le bon tempo, car les autres concurrents de la Volvo Ocean Race auront les yeux braqués sur lui !Andrea Bonini : Italien, Andrea Bonini est un skipper de 31 ans. A l’initiative de la création du Team Amer Sports One en 2004 (suite au rachat du prestigieux VOR 60 qui a terminé 3ème de la Volvo Ocean Race aux mains de Grant Dalton), il s’est classé premier de sa catégorie lors de la dernière édition de l’ARC (Atlantic Rally for Cruisers) et a terminé troisième au général. Ce jeune équipage italien vient avec un bateau redoutable et se présente comme l’outsider de sa classe.
Restons groupés !
Seul Gitana X a été décroché lorsque le vent a molli en passant au Sud-Ouest mardi matin et depuis, l’équipage de Thierry Duprey du Vorsent arrive quand même à ne pas perdre plus de terrain : soixante milles, c’est encore gérable et tout à fait prenable à l’occasion d’une molle par devant. Mais il ne faut pas que le changement défavorable débute par l’arrière car alors la sanction pourrait être très sévère. C’est malheureusement ce qui semble se passer ce mercredi après-midi puisque depuis midi, la vitesse du trimaran ne fait que baisser, descendant même en dessous de quatre nœuds… Dur, dur !
En attendant, le peloton n’a pas été groupé comme cela depuis le golfe de Gascogne : à peine dix milles d’écart entre Franck Cammas et Pascal Bidégorry ! Et les cinq premiers naviguent quasiment à vue et ne se lâchent pas d’une semelle, ou presque. Car si le trio de tête suit les mêmes options, empannant simultanément pour ne pas risquer de rater un coup tactique, un renforcement local du vent, un changement éphémère de la direction du vent, les poursuivants attaquent… et reviennent ! En effet, Michel Desjoyeaux a choisi de naviguer plus près des côtes espagnoles et cela lui réussit. Tout comme à Pascal Bidégorry qui a déjà bien comblé son retard de Gibraltar. Il semble qu’il y a plus de pression au Nord (effet thermique ?) car Géant comme Banque Populaire étaient les plus rapides sur l’eau à 16h00 (16-19 nœuds contre 13-15 nœuds)
En fait, les cinq bateaux sont pratiquement alignés sur la même longitude et le classement reflète plus un différentiel Nord-Sud qu’un avantage particulier de l’un ou l’autre. Les écarts sont tellement insignifiants qu’il faut les prendre avec des pincettes… Ce qui est rassurant pour les équipages, c’est que les potentiels sont identiques à quelques dixièmes de nœuds près : les travaux hivernaux ont donc porté leurs fruits, surtout que pour les équipages de Géant et de Foncia, la mise en main ne date que de quelques jours. Ils sont encore en phase d’apprentissage…
Mais que va-t-il se passer dans les jours qui viennent ? Il semble que les skippers n’ont pas trop envie de prendre des initiatives dès qu’ils sont en tête et que les plus proches poursuivants ne cherchent qu’à grappiller des mètres, comme sur un Grand Prix. Seuls les « retardataires » qui ne naviguent pas à vue, jouent les ouvertures comme ce bon bord opportuniste le long de la Costa del Sol. Mais après le golfe d’Almeria, la brise semble tamponner et il ne sera pas facile de choisir entre s’écarter au Nord en rallongeant la route, ou faire cap plein Est en s’approchant du Maroc, route directe mais semée d’embûches avec des vents plus volages. Il semble toutefois que jeudi après-midi, la dépression au large du Portugal va enfin traverser la péninsule ibérique et donc amenait par derrière une brise de secteur Sud-Ouest 25 nœuds. Une bonne nouvelle pour Gitana X…
C´est du brutal
Les quelques mails reçus cette nuit sont sans équivoque : « nous avons eu un passage de grain orageux en fin de journée assez violent : changement de vent de 10 à 35-40 nœuds et bascule de 50° en deux minutes. » pour Foncia, « passage d´un grain en fin d´après-midi, vents violents et de directions surprenantes, alternants avec calme complet. » pour Géant ; « avant le coucher du soleil, nous avons eu droit à un front orageux, avec une pluie dense et lourde, avec éclairs et tonnerre en prime. Le problème, avec ces trucs là, c´est qu´on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé… » pour Gitana X.
Bref, tout le monde a eu son lot de manœuvres dans l’urgence pour enfin virer de bord et débouler de nouveau à près de vingt nœuds au débridé. Et un premier bilan peut être tirer des options de lundi après le cap Finisterre : si Groupama-2 est encore en tête au pointage de 4h00 (heure française), il ne va pas le rester longtemps… Le choix de « l’extérieur » a payé puisque les écarts de plus de 30 milles de lundi soir ont fondu dans la nuit. Pascal Bidégorry et Michel Desjoyeaux sont quasiment à la même distance au but que Franck Cammas, mais comme celui-ci est plus proche de Lisbonne, il va devoir se recaler en bâbord amure pour ne pas buter sur les côtes, et donc il va perdre son leadership dans les prochaines heures.
La question est de savoir combien ce contre-bord va lui coûter : au minimum la tête de la flotte, et au moins trois places… si ce n’est plus !
Car le grand bénéficiaire de l’option Ouest est bien Géant qui navigue à vue avec Banque Populaire et les deux trimarans sont les plus rapides et les plus au vent de la flotte. Frédéric Le Peutrec est légèrement décalé derrière sur une route identique, suivi par le duo Thierry Duprey-Armel Le Cléac’h à touche-touche. Mais Foncia navigue désormais sur le bon flotteur, celui qui a encore un foil et il pourrait donc rapidement « avaler » Gitana X.