Après la Route du Rhum 2002 où il était resté enfermé cinq jours dans son trimaran retourné avant que les secours ne viennent le récupérer , Yvan Bourgnon s´était éloigné du circuit des multis. Privé de partenaire, le cadet des Bourgnon vainqueur de la mini transat 1995 ou de la transat Jacques Vabre n´avait pas renoncé à sa passion. Il avait projeté de prendre le départ du dernier Vendée Globe mais avait échoué sur le fil. Pas découragé il avait poursuivi sa quête de sponsors avec une approche différente à la lumière de son expérience de dix ans : " Dans mes contacts avec les chefs d´entreprise, je percevais l´intérêt pour les valeurs d´aventure , de défi dont la voile est porteuse mais en même temps les réticences par rapport à un manque de cohérence sportive et des retombées insuffisantes."
Quatre bateaux différents
Partant du principe que seules les grandes courses médiatisées ( Vendée Globe , Route du Rhum, Solitaire du Figaro ) captent l´intérêt du grand public , Yvan Bourgnon et ses associés ont réfléchi à un concept d´écurie permetttant d´être présent sur tous ces évènements. Ce qui implique de disposer d´un bateau et d´un marin performant dans chaque classe. Le projet paraissait ambitieux mais cette " utopie " a séduit le groupe" Brossard" qui a décidé de relever ce challenge avec d´autres partenaires dont Sergio Tacchini qui a vendu à ce team son trimaran très performant l´an passé avec Karine Fauconnier. Yvan Bourgnon en sera le skipper attitré et son programme sera prioritairement axé sur les grandes transats, la Jacques Vabre en Novembre 2005 et la Route du Rhum 2006. Pour le circuit Figaro , c´est le costarmoricain Fred Duthil qui défendra les couleurs de l´équipe Brossard qui s´ouvre aussi aux jeunes en intégrant un skipper de la classe 6, 50m Adrien Hardy engagé dans la mini- transat qui a révélé bien des talents. Pour l´heure, il manque encore le monocoque de 60 pieds dont la construction devrait débuter en 2006 afin d´être opérationnel sur le circuit IMOCA 2007 et fin prêt pour le Vendée Globe 2008.
Plus de lisibilité
Les partenaires apparaîtront de façon identique sur ces différents supports. " Notre souci c´est de garantir des retombées à nos partenaires, grâce à une récurrence sur différents évènements. Sur une année, il n´existe au mieux qu´une grande course bien médiatisée, deux au maxi dans chaque classe. La voile souffre d´un manque de lisibilité par la multiplication des épreuves , des séries. Nous avons ciblé et nous serons présents sur toutes les grandes courses avec nos bateaux clairement identifiés " explique Yvan Bourgnon. Le skipper suisse met aussi en avant des économies d´échelle grâce à cette structure qui emploiera 22 personnes entre skippers, techniciens et encadrement.
Faire aboutir ce projet lui a pris un an et demie. Son obstination et celle de ses associés a été récompensée. Le cadet des Bourgnon tout sourire, ne cache pas son bonheur de retrouver le large après une période de vents contraires . " Cea m´a permis de prendre du recul. Je reviens dans le circuit sans esprit de revanche, sans animosité. J´ai l´ambition de faire mon métier de mon mieux comme par le passé, mais avec des moyens mieux structurés " conclut-il. Ce concept d´écurie que l´anglais Mark Turner a décliné sous une autre forme avec Ellen Mac Arthur, Samantha Davies , Nick Moloney est une vraie nouveauté au niveau français.
Gilbert Dréan