Malgré les prévisions qui, jeudi soir encore, faisaient état d’un départ plutôt clément, la situation météo a évolué très rapidement, tant et si bien que la direction de course a pris la décision de reporter le départ du Rolex Transatlantic Challenge. Une dépression va en effet passer samedi sur la zone, et générer des vents pouvant dépasser les 45 nœuds. « De plus, précise-t-on du côté du comité, la mer risque d’être très mauvaise, les conditions ne seront pas appropriées pour un départ en toute sécurité. » L’évolution rapide de la situation en a surpris plus d’un, à commencer par Bill Biewenga, navigateur de Sariyah : « jusqu’à ce matin (jeudi, ndlr), nous pensions avoir des petits airs », notait-il voici 24 heures, alors que l’on venait de repérer la rapidité d’évolution du système, sans pour autant imaginer un changement de programme. La dépression, centrée à 200 milles au sud de Long Island, a rapidement pris le chemin du nord et devrait générer du NE de 45 à 50 nœuds à l’heure où le départ initial devait avoir lieu ! D’ici quelques heures, une réunion des skippers engagés va avoir lieu au très prestigieux Yacht Club de New York.
« Ce qui est certain, c’est que je reviendrai sur cette course. Elle a été incroyablement riche en enseignements pour moi, le bateau, les réglages ». Avec quinze jours de recul, Armel Tripon tire un bilan positif de sa dernière et plus folle aventure à bord de Gedimat : cette fameuse première traversée de l’Atlantique en solitaire sur Figaro Bénéteau 2, le Trophée BPE Saint-Nazaire – Cienfuegos de Cuba. Et autant on l’avait senti un peu déçu de son classement le 29 mai dernier, au terme de 25 jours de course, autant aujourd’hui le skipper de Gedimat est plus lucide : « Pour moi, la course se divise en trois périodes : le départ où je ne suis pas rentré assez rapidement dans le match, la traversée de l’Atlantique où je pense avoir fait une belle course et enfin cette arrivée compliquée qui ne m’a pas réussi », résume-t-il.
On a encore en mémoire le superbe de Saint-Nazaire, où Gedimat prend la deuxième place derrière Charles Caudrelier sur les premières longueurs de la course. « Mais juste après, les deux premières nuits ont été difficiles, j’ai pris du retard parce que j’étais trop stressé, trop fatigué, pas assez lucide », tempère Armel. Il y eut ensuite cette incroyable descente sous spi du Golfe de Gascogne, rare à cette période de l’année, et puis surtout cette fameuse option au Sud.
Il améliore de 4 jours – 4 heures le précédent record détenu depuis 2004 par le Belge Michel Kleinjans sur Roaring Forty en 11j 12h 26mn 48s. Les conditions météo du parcours ont été très favorables, parfois un peu rudes notamment aux Iles Shetland. Un seul petit accros météo, hier soir, devant le Pas de Calais, où Jean-Luc a du attendre quelques heures une bascule Sud.L’escale prévue à Cherbourg en fin de d’après-midi aujourd’hui est annulée. Jean-Luc veut en effet profiter du courrant favorable pour gagner la pointe de Bretagne et arriver aux Sables le plus vite possible, une dépression sur la Manche étant annoncée pour ce WE. « Je suis très heureux de finir ces navigations en solitaire avec Adrien sur un nouveau record. Si au départ de Ventnor j’avais un petit pincement au cœur, j’ai le sentiment, après ce dernier succès en solitaire de pouvoir maintenant passer à autre chose. Ce record du Tour des Iles Britanniques est une belle façon de remercier tous mes partenaires qui me soutiennent avec fidélité depuis 5 ans et tout particulièrement le Groupe Adrien qui m’accompagne depuis le Vendée Globe 1992 ».
Sur ce troisième succès, Jean-Luc va refermer en effet le chapitre de ses records en solitaire pour partir à l’assaut d’autres victoires, en équipage cette fois. Prochaine étape : le record SNSM en équipage en juin.
Des équipiers de haut volComme en 2003, les bateaux de la Calais Round Britain Race seront menés par cinq équipiers. Pour constituer leur équipage, les skippers se sont attachés les services de quelques marins de haut vol. Figaristes, tour-du-mondistes, recordmen de vitesse, spécialistes de la course au large ou ancien de l’America’s Cup se disputeront la vedette à bord des 60 pieds open, sans oublier les indispensables techniciens recrutés non seulement pour leurs qualités de marins mais aussi pour leur expertise en cas d’avarie. Du côté des figaristes, Nicolas Béranger, Erwan Tabarly (sur “Virbac Paprec””), Kito de Pavant (“”Bonduelle””) et le co-détenteur du Trophée Jules Vernes Yann Eliès (“”Cheminées Poujoulat””), seront de la partie. D’autres équipiers du maxi catamaran “”Orange”” seront au départ de Calais : Ronan Le Goff (sur “”Sill&Veolia””) et Nicolas de Castro (“”Cheminées Poujoulat””). L’équipage d’Emma Richards est pour l’heure le plus international de tous puisque trois nationalités s’y côtoient (Français, Anglais et Australiens). C’est aussi le plus jeune avec une moyenne d’âge de 28 ans, et probablement le plus “” bigarré “” en terme d’expérience. Emma a embarqué à ses côtés Sébastien Josse, 5e du Vendée Globe et futur skipper de la Volvo Ocean Race, de même que l’Anglais Simon Fisher (ancien de la Coupe sur GBR Challenge, mais aussi équipier sur “”Playstation”” et “”Maiden II””), ou encore le jeune Australien Nick Bice (America’s Cup, Volvo Ocean Race). Citons enfin Jean Luc Nélias qui a animé le circuit des multicoques 60’ pendant des années, et qui naviguera cette fois en compagnie de Roland Jourdain.Programme Demain : régate d’exhibition devant la plageSamedi 21 : régate d’exhibition devant la plage le matin. Spectacle pyrotechnique le soir. Dimanche 22 : sortie des bateaux du port entre 13h00 et 13h30. Départ à 14h30. Premières arrivées prévues vers le 29 mai.”
Corentin Douguet (E.Leclerc) : « Ce Mini Pavois n’a pas été facile et s’est fait sur le rythme d’un Figaro. Nous avons été à vue tout le temps. Il n’y a eu que des sections courtes avec beaucoup de pêcheurs et de cargos. Il y a eu aussi beaucoup de phases de transition ce qui fait que nous avons très peu dormi ! Pour ce qui est du sommeil, j’ai dormi quatre fois un quart d’heure. A un moment, je me suis mis sous pilote en mode vent et voulais aller dormir. Le vent a tourné et j’ai dû ressortir pour tout régler de nouveau. Ensuite, je me suis endormi une heure avec le stick à la main… Je suis complètement à l’ouest ! En fait cela c’est joué ce matin avec Tanguy. Nous avons été à vue toute la régate et nous n’avons pas arrêté de nous passer et repasser sans arrêt. Cela me fait plaisir car c’est ma première victoire sous les couleurs de E. Leclerc. Cela veut dire aussi que nous avons bien bossé. J’ai toujours des petits soucis dans le petit temps mais le bateau n’a pas été fait pour cela mais tout va bien en général ! ».
Tanguy de Lamotte (Set Environnement pour Mécénat Chirurgie Cardiaque) : « Cela a été une course intéressante car nous avons été toujours au contact Corentin et moi. Nous n’avons pas arrêté de nous croiser et recroiser sur cette course. J’étais un coup devant, lui une autre fois et ainsi de suite… Cela nous a apporté beaucoup d’émulation. C’est vrai que nous n’avons pas beaucoup dormi mais c’est avec des navigations comme celle-là que l’on apprend ! Moi, je n’ai pas été assez réactif sur un changement de spi et voilà… Corentin a creusé en mettant son spi de capelage et en prenant un ris dans la grand-voile. De plus, j’ai cassé mon pied de pilote ce qui fait que cela a été plus difficile ensuite pour les changements de voile. Je n’avais pas envie de casser plus et Corentin était parti… Je suis en tous les cas rassuré sur le potentiel du bateau et ça, c’est bien ! »
En tête du classement provisoire, les étrangers trustent les trois premières places. Le premier à passer la ligne de pointage de Saint Raphaël, mardi à 17h29 est l’italien Andréa CARRACCI associé à Samuel MANUARD sur Tip Top Too. 20 minutes après, les espagnols Sampaquita des frères GARCIA prennent la 2ème place suivi en 3ème position, à 18h52 de Borja PELLA et Alex PELLA sur Open Sea. En 4ème position, pointe le premier français sur Bahia Express (551), Bernard GALLAY et Christopher PRATT. 5ème, un autre espagnol, le 403 Spasmos de Juan Carlos SANCHIS MARI associé à Jordy VIDE et en 6ème, Night Fever de Mathieu CASSANAS et Laurent MERMOD. Alexia BARRIER, 1ère femme skipper sur Roxy arrive à la 7ème place. A la 14ème position, Capian (286) de Mathieu GIROLET et Patrick MALET prend la 1ère place des séries à 0h51, ce mercredi matin. A la 18ème place, l’équipage belgo germanique 504 Manu Poki de Alex HUPIN et Henrik Masekowitz prend la 2ème place des séries. Reste en course 4 bateaux qui n’ont pas encore franchi la ligne, certains se trouvent à l’abri le long des côtes. Se rajoutent aux abandons précédents trois bateaux, 274 Tête De Mule ; 377 Bizkaia Ekp Argos Nautica et 367 Manuia. La course repartira jeudi matin de Saint Raphaël en direction de Port Camargue avec des conditions météos plus clémentes.
Certes, le plateau de cette Generali Solo ne manque pas de CV impressionnants, et la fidélité des plus grands animateurs de la série est sans aucun doute un des plus grands motifs de satisfaction pour les organisateurs. Fidèle parmi les fidèles, Eric Drouglazet (Malongo) ne sait même plus à combien de participations il en est ! « Cela fera ma douze ou treizième sur le circuit Figaro méditerranéen, annonce le solide finistérien, et bien que je sois complètement rincé, je n’aurais certainement pas voulu rater ça. » « Rincé », il doit l’être en effet – à l’instar de ses camarades Sam Davies (Skandia), Gildas Morvan (Cercle Vert), Jeanne Grégoire (Banque Populaire), Armel Tripon (Gedimat) et Marc Emig (Total), qui se présenteront tous au départ de la Generali Solo suite à une transat particulièrement éprouvante. Eric Drouglazet, grand vainqueur de cette Transat en solo entre Saint Nazaire et Cuba (une première pour le monotype Figaro Bénéteau II !), s’est également illustré en remportant la Solitaire du Figaro en 2001, année où il fut sacré pour la seconde fois Champion de France… Ajoutons à cela sa victoire sur le circuit Figaro Méditerranéen en 1996, et le tableau sera (à quelques milliers de milles près) presque complet. « Je serai à la Generali, car l’ambiance y est inimitable, explique ‘Droug’. C’est à la fois sportivement très relevé, et très convivial à terre. Je me souviens avoir eu du Mistral pendant une semaine d’affilée, on enchaînait les manches par 30 nœuds, il y avait parfois tellement de vent qu’on avait du mal à amarrer les bateaux au port le soir… Il faut être un régatier solide, mais aussi un bon tacticien car les périodes de calmes sont également délicates à gérer. Il y a une constante, c’est le côté familial de l’épreuve, on entretient un rapport particulier avec l’équipe d’organisation, et le cadre est franchement paradisiaque – surtout le final sur Porquerolles, où on dispute la traditionnelle partie de pétanque, et ça non plus, je ne voulais pas le rater ! Plus sérieusement, ceux d’entre nous qui ont couru le Trophée BPE arriveront fatigués et avec des bateaux sans doute un peu moins frais, mais mon envie de jouer dans le paquet de tête est intacte », termine Eric. A la place de ses adversaires, on s’inquiéterait tout de même un peu…
La mayonnaise a pris ! Mettez quelques petits poids (lourds) du Vendée Globe, ajoutez un zeste d’Orange-2, faites revenir une poignée de Solitaires, agrémentez le tout d’une pincée d’olympisme, versez une Coupe de l’America, réservez et assaisonnez avec une brise à intensité inconstante… et vous obtenez un joyeux plateau de coureurs… nappé d’un parcours aux saveurs méditerranéennes. Liez le tout à une ambiance conviviale, saupoudrez de passages obligés mythiques (Gibraltar, Malte), servez le froid et le chaud au gré d’une météo à géométrie variable, déglacer à l’anisette à Nice et décorer d’un grain de pluie puis d’un grand soleil à l’arrivée en Alpes Maritimes.L’IB Group Challenge, course au large d’ouverture du Championnat du Monde des Multicoques, a été goûté par les équipages, savouré par les spectateurs (superbe départ dans les Courreaux de Groix, incroyable finish devant le port de Nice entre Gitana 11 et Foncia), apprécié par les medias. Saveurs espagnoles, fragrances portugaises, sucs marocains, piments algériens, parfums tunisiens, odeurs maltaises, huiles siciliennes, senteurs sardes, goûts corses, humeurs azuréennes, c’est aussi cette diversité de paysages qui a mis en sauce cette course originale qui mélange parcours atlantique, traversée de la Méditerranée occidentale, remontée de la mer thyrénéenne pour s’achever en mer ligurienne. Même si les équipages n’ont pas toujours eu l’occasion de découvrir les rivages, soit pour cause de bord au large, soit par mauvaise visibilité par brume de chaleur, soit à cause d’un passage de nuit, une grande force se dégageait de ces côtes dénudées, abruptes, verdoyantes, sablonneuses, caillouteuses…Certains équipiers notaient qu’ils étaient sidérés par la capacité des bateaux à franchir ces mers en quelques heures, de changer de climat, d’ambiance, de paysage, alors qu’il leur fallait autrefois des jours pour rallier la Corse au départ de Malte… Si côté équipages, tous sont comblés par cette course, par son rythme, par les sensations à plus de 35 nœuds, par sa difficulté tactique, par ses aléas météorologiques, par une navigation au contact quasi permanente, par des retournements de situation surprenants, le bilan technique est lui aussi riche. Seul Groupama-2 a subi une avarie grave qui l’a obligé à abandonner pour rallier au plus vite, La Ciotat. Le trimaran de Franck Cammas doit être gruté et démâté demain jeudi, puis les bras de liaison réparés et renforcer : la remise à l’eau est prévue le 1er juin et le trimaran vert sera donc présent dès le Grand Prix de Calvi (10-12 juin).
Duo pressé ! A noter le bel écart de deux heures créé par les deux leaders de ce Mini Pavois qui ont navigué collés serrés tout au long de cette course qui a emmené la flotte virer la marque Karek Greis au large de Lesconil. Si le groupe de tête a été relativement compact jusqu’aux Birvideaux (ils étaient sept en une heure, ndlr), c’est la facilité, la puissance, la clairvoyance et la maîtrise des Minis 6,50 qui ont fait la différence sur les 123 milles restants. 15/20 nœuds de vent de nord-ouest ont accompagné les leaders à la descente permettant d’envoyer les spis et de taquiner les 12/15 nœuds de vitesse et les surfs pendant de longues heures. A titre d’information, Corentin a parcouru les 124 derniers milles à prés de 8,5 nœuds de vitesse moyenne… Une belle performance ! Son plan Manuard de 2003 s’est régalé de ces conditions de brise et a montré tout son potentiel. Corentin a de plus bien géré la situation en prenant un ris et en changeant son spi de tête pour un spi de capelage au bon moment, Tanguy persévérant sous grand spi et reconnaissant ensuite son erreur… Il faut dire que le pied de pilote de Tanguy cassera lors de cette descente l’handicapant dans ses changements de voile. Mais de l’avis de tous, ce parcours aura été complet permettant ainsi de tester les bateaux dans différentes conditions de vent, de naviguer au contact et de comparer les potentiels et les réglages des uns et des autres, de tenter des options et prendre des risques comme de couper au travers des Glénans, d’apprendre à mieux gérer ses phases de repos et aussi de se faire plaisir. La phrase de Corentin « c’est sur ce type de parcours que l’on apprend » prend ainsi toute sa valeur !
Il lui aura fallu avec son équipage 8 jours 16 heures 36 minutes et 17 secondes pour rallier les Alpes-Maritimes. Distance Lorient-Nice (route directe) : 2510 milles Vitesse moyenne : environ 12,5 nœuds