Avec un brillant tableau de chasse parmi les Wally, l’Allemand Peter Offen sur Y3K avec le Polonais Karol Jablonski à la barre, s’impose à égalité de points avec l’Argentin Alberto Roemmer sur Alexia après une superbe dernière manche où les deux bateaux ne se sont pas lâchés pour une arrivée à vingt secondes d’écart ! Dans la division Racing, l’équipage de Black Dragon a survolé les débats mais a dû se battre jusqu’au bout face à Favonius pour un point de différence tandis que Grant Wharington termine troisième suite à un départ volé sous pavillon noir qui coûte très cher à Skandia. L’équipage de Black Dragon n’a pas fait d’erreurs et était le même que lors de la Giraglia Rolex Cup en juin.
Le bilan de ce Grand Prix du Port de Fécamp est donc une nouvelle fois excellent pour Franck Cammas qui profite de cette victoire incontestée pour grappiller deux places au classement du Championnat du Monde des Multicoques en devançant Michel Desjoyeaux et Frédéric Le Peutrec, et surtout en talonnant de beaucoup plus près le leader, Pascal Bidégorry. Il reste encore un Grand Prix à courir à Lorient fin septembre pour conclure une série de régate qui mettent en avant la suprématie sans partage de Groupama-2 avec 27 victoires sur trente manches (7 au GP de Calvi, 9 au GP de Marseille, 6 au GP de Vigo, 8 au GP de Fécamp) ! S’il y avait un classement cumulé de toutes ces manches courues, Franck Cammas aurait acquis 36 points, Frédéric Le Peutrec 95 points, Pascal Bidégorry 102 points, Michel Desjoyeaux 104 points, Armel Le Cléac’h 141 points et Thierry Duprey du Vorsent 178 points… Car si Franck Cammas a une nouvelle fois marqué de son empreinte ce quatrième Grand Prix de la saison, la surprise vient d’Armel Le Cléac’h, un peu en retrait en début d’année, et qui termine ce rendez-vous normand avec panache : une belle place de dauphin avec quatre manches de second et plusieurs attaques incisives particulièrement lors de la deuxième régate où il perd d’un cheveu la victoire de manche ! Et il faut aussi noter la magistrale démonstration tactique de Frédéric Le Peutrec lors du parcours banane de dimanche midi qui lui permet de s’imposer sur la ligne devant un Michel Desjoyeaux lui aussi transcendé. Mais ces deux skippers ont malheureusement trop alterné le très bon et le très mauvais en finissant des bananes dernier ou avant-dernier, et l’irrégularité est la pire des combinaisons.
Guy Bernardin est un marin atypique. Il s’élance pour ce nouveau tour du monde en solitaire et sans escale par le Cap Horn… à bord d’un véritable monument historique. Spray of Saint Briac est la plus fidèle de toutes les répliques du bateau de Slocum qui ont vu le jour à travers le monde. Ce sloop de 11, 80m de long et 18 tonnes de déplacement pour une surface de voilure de 94m² a été construit en 1972 aux Etats Unis selon les techniques du 18ème siècle. Après un an de préparation, le bateau et son skipper ont hâte d’en découdre avec les mers du sud. La réplique du mythique célèbre huîtrier du XVIIIème siècle a été fiabilisée et optimisée pour affronter les mers les plus dures du globe mais sans l’apport de la technologie moderne : le bateau naviguera essentiellement barre amarrée, sans pilote automatique. Pas d’électronique, d’informatique, juste une BLU pour les contacts avec la terre.* ” Je veux retrouver le plaisir d’une navigation à l’ancienne l’esprit des Moitessier, Chichester. C’est un total retour aux sources “” confie t’il”
“Au jour d´aujourd´hui, je ne pourrai pas participer, comme prévu avec mon frère Yvan, à la transat Jacques Vabre, une course qu´il a remportée en 2001 associé à Franck Cammas. Pour être compétitif, il me manque près de 350 000 € dont les deux tiers nécessaires uniquement pour assurer mon bateau””, a expliqué le Vaudois établi dans le Morbihan. “”Je ne veux pas partir sans assurance et dans de mauvaises conditions de préparation au risque de tout ´péter´ et d´hypothéquer ainsi ma participation à la Route du Rhum en 2006. Cette course me tient trop à coeur (en 2002, alors qu´il avait course gagnée, Stève Ravussin avait chaviré à quelque 700 milles de l´arrivée). Je ne vais pas en pleurer pour autant, mais ce sera tout de même la première fois depuis dix ans que je ne pourrais pas prendre le départ d´une transocéanique. Il me reste toutefois un dernier espoir, je dois faire une sortie dans deux semaines avec trois directeurs de sociétés françaises qui pourraient me sponsoriser. Mais si je n´ai rien trouvé fin septembre, je devrai définitivement laisser tomber””.
Conséquence directe de ces phénomènes : une situation météo très instable en Atlantique Nord. Les deux skippers doivent donc continuer d´attendre patiemment l´arrivée d´une fenêtre favorable pour s´élancer sur le record de l´Atlantique. Les dernières prévisions météo ne montrent en effet aucune ouverture ces prochains jours. Le feu reste donc au rouge pour le stand-by : il y a eu la tempête tropicale Lee, les cyclones Maria et Nate. Le dernier né qui remonte vers le Nord au large des côtes américaines est Ophelia. Cela donne une moyenne d´un phénomène cyclonique tous les trois jours sur cette partie du globe. Partir pour le record avec les restes d´une dépression tropicale n´est pas optimal. Outre les vents forts, il y a de nombreux grains et une mer formée avec des systèmes de houles croisées. Richard Silvani de Météo France s´arrache les cheveux pour essayer de trouver une fenêtre favorable pour un départ avant le 15 septembre. C´est en effet la date limite que s´était fixé Thomas Coville pour quitter New York. L´objectif est d´être de retour en Bretagne un mois avant le départ pour le Havre afin de préparer le trimaran dans les meilleures conditions pour la Transat Jacques Vabre. Jacques Vincent qui naviguera avec Thomas pour la Transat Jacques Vabre doit rejoindre le bateau à New York samedi 10 septembre. Si une fenêtre s´ouvre aux alentours du 15 septembre, Thomas partira pour sa tentative de record en solitaire. Dans le cas contraire, Jacques Vincent embarquerait avec Thomas pour un retour en double, ce qui constituerait un excellent entraînement avant le départ de la prochaine Transat en double.
Quand un vent d’Ouest affronte un vent d’Est, il en résulte un calme plat. C’est l’effet tampon que les Normands et les six trimarans venus à Fécamp ont pu constater samedi après-midi. Et il n’y a rien eu à faire d’autre que de patienter plus de quatre heures en espérant qu’Eole se réveille. Mais tout de même, il y a eu une manche le matin qua Franck Cammas a de nouveau remporté avec une avance conséquente sur Pascal Bidégorry bien revenu lors du premier portant. Superbe timing et excellent départ de Banque Populaire en milieu de ligne alors que Groupama-2 bloque Foncia au bateau comité et que Gitana 11 est le seul à partir bâbord amure pour aller chercher la lay-line vers la bouée de dégagement de ce parcours côtier, lancé avec une belle brise de Sud Ouest 15 nœuds. A la première marque, le passage est très chaud entre Groupama-2, Foncia et Gitana 11, avec Banque Populaire et Géant très proches… Et au pied des falaises d’Yport après un petit bord de débridé, la flotte est toujours extrêmement groupée au point que Foncia se fait passer par Gitana 11 lors de l’envoi du gennaker et Armel Le Cléac’h se voit contraint d’empanner pour retrouver du vent frais : il est le premier à retourner vers les falaises, jusqu’à raser les grèves de galets !
La treizième édition de la Route des Îles 2005 prendra son envol demain samedi dans la rade de Marseille avec plusieurs parcours olympiques ou côtiers avant de rejoindre la Corse à partir de mercredi prochain pour s‘achever à Ajaccio le 18 septembre. Réservée aux monotypes Mumm 30, cette quatrième et avant dernière manche du Championnat de France en équipage 2005 réunira cette année un plateau exceptionnel : Loïck Peyron, double vainqueur de la Transat en solitaire anglaise (1992 et 1996) sera associé avec Dimitri Deruelle et Thierry Bouchard à la barre de Défi Partagé Marseille. Avant l’arrivée de la Route des Îles 2005 prévue à Ajaccio le 18 septembre, le Baulois aura la lourde de tâche d’aider les deux Phocéens à glaner une triple couronne consécutive entre le continent et l’île de beauté. Pour y parvenir, ce trio inédit devra terrasser les grandissimes favoris varois ! En effet, le tandem Fabien Henry – Tugdual Becquemie (Toulon-Provence-Méditerranée-COYCH) débarque dans les Bouches du Rhône auréolé d’un palmarès 2005 qui force l’admiration : vainqueur du Tour de France à la Voile (Deruelle et Bouchard se classèrent deuxièmes) et vice-champion du monde de Mumm 30 ! En cas de succès, les régatiers hyérois seraient pratiquement assurés de devenir Champions de France avant l’ultime rendez-vous de la saison des Mumm 30 programmé à Bandol à la fin du mois de septembre. Si l’on suit avec attention ce duel au sommet qui prend des allures de revanche amicale entre voisins méditerranéens, il faudra surtout ne pas oublier les ambitions clairement affichées par plusieurs outsiders aux dents longues.
Groupama-2 marque encore une fois son territoire et confirme qu’il est décidément difficilement mis en ballottage lorsque la brise n’excède pas les 12 nœuds. Mais la nouveauté du jour est bien l’excellent comportement de Foncia qui était apparu depuis sa remise à l’eau en avril dernier un peu en retrait, soit pour avaries, soit par déficit tactique ou par manœuvres approximatives. Mais ici à Fécamp, l’air normand semble transcender Armel Le Cléac’h et son équipage, renforcé par la présence d’Alain Gautier. Comme le regretté Peter Blake sur Team New Zealand ou comme Zinédine Zidane pour l’équipe de France de football, le désormais team manager aurait-il injecté le fluide de la gagne ? En tous cas, Foncia termine deux fois second et malgré un départ anticipé qui coûte très cher car il faut revenir en dernière position dès le coup de canon, finit quatrième de la troisième manche du jour ! Et lors de la seconde banane, Armel Le Cléac’h ne concède la victoire à Franck Cammas que d’un souffle… A surveiller attentivement. Mais le bulldozer Cammas est lancé et quand il part comme ce vendredi à Fécamp sur les chapeaux de roue, difficile de l’arrêter. Le rouleau compresseur a débuté par une manche de petit temps où il s’échappait avec brio dès la première bouée au vent et ne faisait ensuite qu’augmenter son avance. Un grain de sable venait perturber son deuxième parcours, en l’occurrence Foncia qui menait la flotte dès le départ et semblait en passe de bloquer la machine Groupama-2, mais encore une fois, les engrenages étaient bien huilés et le trimaran vert claquait la manche d’une petite longueur de bateau, suffisant pour marquer un nouveau point. Rester à conclure la journée par un chelem : Franck Cammas aplatissait tout le monde sur un terrain de jeu plutôt lisse et une brise assez stable. Bilan : trois victoires de plus à ajouter aux 20 manches gagnées depuis le début de la saison en Grand Prix (25 régates) !
Depuis la désignation de Pékin pour les JO 2008 le monde de la voile légère bruisse de toutes les rumeurs sur le plan d’eau retenu pour accueillir les régates. Jusqu’à l’annoncer en proie à des forts courants mais sans un souffle d’air ! Bref inapte à la voile. Situé à mi chemin entre Pékin au nord et Shangaï au sud, il est vrai que Qingdao était jusqu’alors plus connu pour la qualité de ses bières (commercialisées sous le nom chinois de la ville : Tsingtao) que de son plan d’eau. S’il faut se garder de donner une valeur statistique aux séjours que viennent d’y passer Philippe Gouard, Directeur Technique National, plusieurs responsables de l’équipe de France ainsi que tout ou partie de nos Planchistes et Laséristes, leurs premières conclusions ébranlent en tous les cas positivement les idées reçues. Alain Champy y a effectué au mois d’août un séjour de trois semaines en compagnie de Paul Iachkine et du spécialiste météo qu’est Yann Amice. Il décrit « des vents quotidiens de 4 à 8 noeuds avec des journées à 15 et même 19 noeuds ! ». Et s’il confirme l’existence de courants forts, « ce sont des courants de marée donc réguliers et prévisibles ». En résumé : des conditions certes loin d’être optimums mais qui permettent de régater. Mais tout comme Pascal Chaullet et François Le Castrec (cf interviews ci-dessous), Alain se garde de généraliser : « Il faudra vérifier lors d’autres séjours si nous n’avons pas vécu un mois d’août atypique. Nous avons par exemple noté la présence d’un typhon au sud de la Mer de Chine qui explique peut-être le flux dont nous avons bénéficié ainsi que la mer parfois forte. Nous avons ainsi constaté que le thermique ne s’est jamais établi. Au contraire il parait y avoir plus de vent en début de matinée et d’après-midi ». « Dans tous les cas – souligne Philippe Gouard – nous avons affaire à un plan d’eau très très compliqué dans lequel l’impact urbain va jouer un rôle important ». Pas seulement pour les conditions météos car tous confirment la forte pollution de ce grand port de la riche région du Shandong. Alain : « la Mer de Chine est déjà relativement fermée et la préoccupation écologique n’est pas le premier souci ici. Alors on ne voit rien à plus de 20 cm de profondeur, il y a des égouts à la sortie de la marina et l’air n’est pas très agréable ». Mais même sur ce point la bonne volonté des organisateurs parait réelle : « l’accueil a été vraiment sympathique. Nous avons dîné avec l’adjointe au maire chargée du dossier et le N°2 de l’organisation qui nous ont promis qu’ils allaient améliorer des choses d’ici un an. Cela parait difficile mais pourquoi pas… ». Du peuple qui a construit de la Grande Muraille on peut s’attendre à tout… En tous les cas Pascal Chaullet note déjà une marina bien plus avancée que ne l’était celle d’Athènes à la même époque ! En conclusion, Philippe Gouard note qu’il faudra se rendre le plus souvent possible sur le site et annonce d’ores et déjà la présence de deux équipages par série pour les préolympiques qui se dérouleront à Qingtao en août 2006.
Naviguer en double, sur un parcours de mille milles nautiques, en configuration course, c’est-à-dire sans assistance, est un passage obligé pour tous les skippers qui souhaitent prendre le départ de la Transat Jacques Vabre. Les qualifications permettent non seulement de valider les modifications apportées sur les bateaux, les choix techniques… mais également de confirmer l’entente des deux navigateurs.
18 voiliers déjà qualifiés
4 Monocoques 60 pieds open sont qualifiés sur 13. Les bateaux de la classe Imoca ont surtout profité des mois d´été pour mettre leur bateau en chantier.
1. Artech 60 Jean-Baptiste Dejeanty & Alexandre Toulorge (Fr) 2. Mare Verticale Joe Seeten & Cécilia Carreri (Fr & It) 3. Sill et Véolia Roland Jourdain & Ellen MacArthur (Fr & Uk) 4. Virbac-Paprec Jean-Pierre Dick & Loïck Peyron (Fr)
7 Multicoques 60 pieds open ont pu profiter de leur convoyage entre Marseille et leur port d’attache pour effectuer leur qualification.
1. Banque Populaire Pascal Bidegorry & Lionel Lemonchois (Fr) 2. Foncia Armel Le Cleac’h & Damian Foxall (Fr & Irl) 3. Géant Michel Desjoyeaux & Hugues Destremau (Fr) 4. Gitana X Thierry Duprey & Erwan Le Roux (Fr) 5. Gitana XI Fred Le Peutrec & Yann Guichard (Fr) 6. Groupama Franck Cammas & Franck Proffit (Fr) 7. Sodebo Thomas Coville & Jacques Vincent (Fr)
4 Multicoques 50 pieds open :
1. Crêpes Whaou Franck-Yves Escoffier & Kevin Escoffier (Fr) 2. Donneurs de vie – Branec IV Roger Langevin & Henriette Lemay (Fr) 3. Jean Stalaven Pascal Quintin & Raphael Sohier (Fr) 4. VictorInox Dany Monnier & Pierre Dupuy (Ch & Fr)
3 Monocoques 50 pieds open : Artforms a été le premier qualifié.
1. Artforms Kip Stone & Merfyn Owen (Usa & Uk) 2. Etoile Horizon Bob Escoffier & Gérard Faye (Fr) 3. N.C Servane Escoffier & Bertrand de Broc (Fr)
17 voiliers doivent encore accomplir leur parcours de qualification.
