En tête depuis hier, samedi, aux environs d’une heure, Nicolas Troussel ("Financo") a pris l’avantage psychologique : " je suis bien placé, un peu en dessous de la flotte, j’essaie de faire marcher au mieux le bateau. Il s’agit maintenant d’une course de vitesse et de placement jusqu’à la fin avec des réglages car le vent tourne beaucoup. Il faut être vigilent ", lâchait le Finistérien ce midi lors de la vacation. "On entre dans les derniers milles. Ca va être de plus en plus tendu. Rien n’est jamais fini ! ". Le marin de Plougasnou sait de quoi il parle. Dans la dernière Transat AG2R, avec son complice Armel Le Cleac’h, la victoire s’était dérobée devant leur étrave la dernière nuit. Cette nuit d’ailleurs, l’espace de quelques heures – entre 7h et 9h – Thomas Rouxel ("Défi Mousquetaires") lui a chipé les commandes de la course. " Je me suis fait piéger hier sous un nuage ", raconte Nicolas. " Cela m’a coûté pas mal de temps. Il a fallu que j’affale le spi, que je renvoie le génois, que je ballaste, que je matosse et qu’une fois dégagé, je me remette en configuration portant ". Au pointage de 15h ce dimanche, il compte à nouveau 3,4 milles d’avance sur le jeune skipper Costarmoricain qu’il surveille de près. " Il me fait peur ", a t-il avoué. " Il faut être attentif aux changements de direction du vent et observer ses adversaires " : les réflexes de régatier ont repris le dessus pour aller chercher une victoire qui serait la consécration de son sens marin. Pour l’heure, lui comme ses deux rivaux progressent vers Marie-Galante entre 6 et 7 noeuds, le vent ayant molli depuis peu. On connaît les aléas du petit temps. Tout peut arriver : un concurrent qui prend un nuage et qui décolle, une bascule de vent non prévue qui inverse la donne… Et comme le rappelle Jean Maurel, le directeur de course de ce 4e Trophée BPE, " tant que la ligne n’est pas franchie, personne n’est à l’abri d’un soucis technique. On l’a vu hier avec Armel Tripon ("Gedimat") dont la drisse de spi a cédé. De plus, les concurrents devront se méfier des casiers de pêches, nombreux aux abords de l’île. " Si l’on est entré dans la phase de la régate finale, les dés ne sont pas jetés.
La septième Louis Vuitton Cup débute lundi …
Depuis 1983, quatre des six vainqueurs de la Louis Vuitton Cup ont remporté l’America’s Cup : Australia II en 83, Stars & Stripes en 87 (USA), Black Magic (NZL) en 95 et Alinghi (SUI) en 2003.
Onze concurrents, vingt duels et seulement quatre places en demi-finales Rappelant le système du « match aller – match retour », les 11 challengers s’affronteront une fois sur le Round Robin 1, puis une seconde fois sur le Round Robin 2 ; et ce, dans le même ordre. Chacun dispose donc de 20 matches pour accrocher l’une des quatre places disponibles en demi-finales. Après plusieurs années de préparation et d’investissements financiers, humains et technologiques, aucune des 11 équipes ne peut passer à côté de ce moment. Tout va aller très vite, trop vite penseront certains et à chaque nouveau match la tension montera d’un cran. Tous les soirs, le visage du classement évoluera et avec lui le destin de chaque équipe. Quoi qu’il arrive, la 32e America’s Cup s’arrêtera au plus tard le 7 mai pour sept syndicats.
Les « bigs three » avec leur deuxième nouveau bateau
Second de l’Act 13 et vainqueur du Louis Vuitton Ranking (Classement des Challengers des Acts 4 à 13), Emirates Team New Zealand attaque les Round Robins avec 4 « points bonus » équivalent à deux victoires (1 victoire en RR = 2 points). Helen Clark, Premier Ministre néo-zélandais sera lundi « 18e homme » à bord du bateau « Kiwi » : « C’est une grande fierté pour toute l’équipe, » a déclaré le skipper Dean Barker, à la conférence de presse tenue ce matin à Valencia. « Sans le soutien de l’ état néo-zélandais après notre défense de 2003, nous ne serions probablement pas ici aujourd’hui. »
Les deux autres « gros » challengers : BMW Oracle Racing et Luna Rossa Challenge, parfois approximatifs lors de l’Act 13, se doivent d’être absolument irréprochables sur ces Round Robins pour prendre place parmi les quatre demi-finalistes. Même logique « sur le papier », leur avancée dans la compétition n’est pas encore acquise. Rappelons que sur l’Act 13, Mascalzone Latino – Capitalia Team termine à 3 points devant Luna Rossa Challenge et que BMW Oracle Racing termine 10e de la 5e manche, suite à un problème sur l’étai creux de USA 87.
Si Luna Rossa Challenge a déjà couru l’Act 13 à bord de ITA 94, Emirates Team New Zealand et BMW Oracle Racing engageront leur seconde nouvelle monture pour la première fois dans la compétition : NZL 92 et USA 98.
Sérénité relative pour les uns
Comme sur l’Act 13, Mascalzone Latino – Capitalia Team et le Desafío Español 2007 régateront également avec leur second nouveau bateau : ITA 99 et ESP 97. Avec Team Shosholoza et United Internet Team Germany, ces quatre équipes se sont entraînées en match race cette semaine tout en
permettant aux marins de prendre un peu du repos. Néanmoins, le Polonais Karol Jablonski, skipper du Desafío Español, confiait ce matin être un peu sous pression : « En tant qu’équipe nationale, le pays nous regarde et nous avons logiquement une pression supplémentaire ».
Irrégulier dans le dernier Act et souffrant de l’arrivée tardive de leur nouveau bateau, le son de cloche était un peu différent du côté de Victory Challenge. « Le temps de prise en mains de SWE 96 a empiété sur nos entraînements en match race. Nous commençons le Round Robin 1 par un match important contre Team Shosholoza. Nous avons de gros enjeux mais nous sommes prêts à attaquer » expliquait Magnus Holmberg.
Grandes manouvres pour d’autres
Révolution dans le camps français cette semaine. Après des régates en flotte décevantes (Areva Challenge a terminé 9e de l’acte en flotte), Thierry Peponnet a laissé jeudi sa place de tacticien à Tanguy Cariou. L’ex-barreur de Areva Challenge avait été remplacé le 6 juillet 2006 par Sébastien Col. « Thierry a proposé lui-même cette solution. Nous espérons que ce changement donnera un nouveau souffle à la cellule arrière*, si jeune soit-elle. Nous nous sommes déjà entraînés dans cette configuration. Thierry nous suivra sur le tender (bateau suiveur) et nous aidera à analyser nos performances pour progresser » a déclaré le barreur français.
Depuis leur démâtage sur la 3e manche de l’Act 13, l’équipe de +39 Challenge travaille jour et nuit pour réparer le mât brisé. Les Italiens courront lundi avec un mât « version 4 » prêté par Alinghi. « Certains n’ont pas dormi dans un lit depuis une semaine. De trois, le mât est maintenant en deux morceaux. Nous espérons le réparer avant la fin du Round Robin 1 » a confié le skipper Iain Percy.
Chez China Team, l’équipe à refait cette semaine le profil du voile de quille de CHN 95. « Nous formons désormais un vrai groupe. La pression sera moins sur nous que sur les grosses équipes pour qui gagner contre China Team est une nécessité ! » plaisantait Pierre Mas.
Départ de la dernière étape retardé
La dernière prévision météo de l’agence météorologique américaine (NOAA) annonce des vents de 40 à 55 nœuds au large de la côte américaine dimanche, avec des rafales jusqu’à 60 nœuds et une houle de 8 à 9 mètres. Après le passage du front, la tempête devrait se calmer un peu lundi avec des vents soufflant aux alentours de 40 nœuds, puis se mollissant à 25 nœuds en fin de journée.
Le courant du Gulf Stream et la houle en contresens rendent la mer impraticable en baie de Chesapeake et augmentent les risques pour les bateaux. Mouiller une ligne ou encore débarquer les équipiers n’est pas envisageable dans de telles conditions. Pour Bernard Stamm, le skipper de Cheminées Poujoulat, cette décision n’a rien de frileux. « C’est du gros mauvais temps et le départ est donné au large où la mer est vraiment casse bateau. Je pense que David Adams a bien fait et que c’est mieux pour tout le monde. Cela dit, je crois que lundi les conditions ne seront pas meilleures, je suppose que nous devrons attendre mardi ».
Le dénouement, c’est aujourd’hui dimanche !
Alors qu’il restait hier 230 milles devant leurs étraves, plus rien – mis à part un souci technique – ne semble pouvoir empêcher le trio Troussel, Rouxel et Caudrelier d’investir le podium de cette 4e édition du Trophée BPE – Banque Privée Européenne. Mais entre " Financo", "Défi Mousquetaires" et "Bostik", à qui la victoire ? Ce samedi, Nicolas Troussel a pris l’avantage. Plus au Sud que ses adversaires directs, le marin de Plougasnou dans le Finistère, s’est emparé des commandes de la flotte cette nuit, peu avant 1h. " J’ai profité d’une grosse bascule de vent à droite pour descendre me recaler un peu dans le Sud. Cela m’a un petit peu éloigné de ma route, ce qui explique que Nico ait repris autant de milles au classement de ce matin " explique Thomas Rouxel. Le vainqueur en titre de la Solitaire Afflelou Le Figaro, qui comptait 5,7 milles de retard sur le jeune Costarmoricain hier au classement de 15h, possède, aujourd’hui à la même heure, 8,4 milles d’avance sur son dauphin et 15,5 milles sur Charles Caudrelier. " J’ai perdu quelques milles sur Nico et Thomas mais j’avais deux solutions : soit me recaler derrière "Financo", soit empanner à l’intérieur même si ça ne se semblait pas super bon. Ca m’a coûté cher car la vent était plus mou et plus à droite. J’ai donc fait un contre-bord catastrophe mais il fallait prendre des risques pour essayer de passer " lâche le Fouesnantais, second du Trophée BPE en 2005. Quoi qu’il en soit, les dernières heures de course s’annoncent intenses et risquent de mettre les nerfs des trois Bretons à rude épreuve d’autant que le vent va mollir en fin de journée. Chacun va devoir rester attentif à la météo, négocier au mieux les petites bascules de vent, notamment aux abords de Marie-Galante. " Certains concurrents redoutent le tour de l’île mais elle n’est pas très haute en altitude, il n’y a donc pas de nuage perturbateur, contrairement à la Guadeloupe. Les skippers devront simplement faire attention à quelques casiers de pêche mouillés le long de la côte ", rassure Jean Maurel, le directeur de course. Pour l’heure, le trio continue de faire route directe sur l’arrivée à plus de 8 noeuds de moyenne. Nicolas Troussel, Thomas Rouxel et Charles Caudrelier sont attendus en milieu de journée à Saint-Louis – heure locale – entre 19h et 21h, heure française. Relégués à environ 70 milles du leader, Liz Wardley ("Sojasun") et Marc Emig ("A.ST Groupe"), respectivement 4e et 5e au pointage de 15h ce samedi, continuent de se livrer une belle bagarre. Plus rapide, la jeune Papoue a pris l’ascendant ce midi sur le Marseillais. Si seuls 5 minuscules milles séparent les deux marins en terme de milles par rapport à la distance à l’arrivée, 115 milles les éloignent en latitude. Liz Wardley, située plus au Sud, pourrait ainsi bien garder l’avantage. " Les vents resteront toujours un peu plus fort au Sud du 15e " confirme en effet Louis Bodin, le météorologue de la course. Fin du suspense aujourdhui !
La guerre des nerfs …
Les nerfs des 24 skippers du Trophée BPE-Banque Privée Européenne sont à vifs ! Après 20 jours seuls en mer, les marins sont « tendus-vrillés », sensibles à la moindre contrariété. Un peu moins de vent, une petite bascule non prévue, et c’est leur monde qui s’écroule. Dur ! D’autant que l’arrivée s’annonce compliquée. Thomas Rouxel ("Défi Mousquetaires"), second ce matin, réalise sa première traversée de l’Atlantique en solitaire. Dans ces conditions difficiles, le moral du jeune skipper d’Erquy, joue au yo-yo. « J’ai eu hier toute une après-midi difficile dans 5 à 8 noeuds de vent, avoue Thomas. Ensuite, j’ai profité d’une grosse bascule de droite pour descendre me recaler un peu dans le Sud. Cela m’a un petit peu éloigné de ma route, ce qui explique que Nico (Troussel "Financo") ait repris autant de milles au classement de ce matin. Cela fait maintenant 3-4 heures que j’ai de nouveau de la pression, c’est beaucoup plus agréable. Demain, une grosse molle nous attend, ça va encore être difficile pendant quelques heures. Le moral varie pas mal selon les pointages et la météo. Hier soir, c’était particulièrement dur. Depuis cela va mieux. Cette nuit, j’ai reçu quelques mails d’encouragements, ça remonte le moral. J’ai aussi entendu Charles à la VHF, ça rassure. Depuis ce matin, la mer est plus plate, on avance mieux, ça fait du bien. Je commence à en avoir quand même marre, il faut qu’on arrive là ! Sur la fin, dans peu de vent, on se dit que plus jamais on repartira. Et puis, quand on arrive, dans l’euphorie de la course, on retrouve le plaisir ! Côté ETA, on est passé du 15 au 16. Moi je penche plutôt pour le 16 en fin de journée mais tout dépendra de la molle qu’on aura. Nico va sûrement subir cette zone de molle mais il est toujours en position favorable sous le vent, donc il pourra facilement remonter et gagner de la vitesse. L’idée, c’est d’être un peu en dessous de la route pour essayer de choper la molle plus tard et en ressortir plus tôt. »
Marc Emig ("A.ST Groupe") est un garçon habituellement plutôt enjoué. Adepte des bons mots et de la bonne humeur. Mais, là, son moral soumis à rude épreuve, a pris de sérieux coups. Marc, largement en tête du groupe des Nordistes, est condamné à subir la météo. Le skipper marseillais se sent pieds et poings liés, rumine des idées sombres, mais s’est déjà fait une raison. « L’évolution de la météo et le classement de ce matin confirment ce que je pensais. On fait ce qu’on peut avec ce que l’on a. Allah ne m’a pas écouté », s’exclame Marc. « Je ne suis pas assez croyant ! Le vent a pris du Nord et va bientôt prendre du Sud. Pour l’instant j’ai du 100°(Est-Sud-Est). Le problème est qu’on n’a aucune pression. » Autre inquiétude pour Emig, son incapacité à contrôler ses adversaires du Sud. « L’écart (avec les Sudistes) est trop important. Soit j’arrive avec 50 milles de retard, soit c’est moi qui gagne. Je suis toujours à faire du VMG sur la route. Les fichiers météos annoncent du Sud-Est, pour nous c’est l’idéal, pour eux, ça devrait les ralentir. Avec ce schéma, soit ils devront lofer, et ils se rapprochent de nous, soit ils devront empanner et ça les éloignera de la route. J’espère 10° de bascule de vent pour prendre un noeud. Pour l’instant, on ne peut que subir le vent. Il n’y a rien à faire, c’est Éole qui gère, on attend la bascule. Je ne peux pas choisir d’aller dans le Sud parce que je serai à 90° de la route pour en plus aller chercher je ne sais pas quoi. Il y a trop d’écart latéral, 200 milles ! Je me suis fait une raison ! Je n’ai pas le choix. »
Nicolas Troussel ("Financo") s’affaire à creuser son avance. A 48 heures de l’arrivée, le Finistérien est lui aussi un peu fébrile… « Je suis un peu pressé, il y a un peu de vent qui vient de se lever, du coup il faut que j’aille aux réglages. Je suis un peu surpris d’avoir gagné autant de milles dans la nuit. Thomas Rouxel ("Défi Mousquetaires") et Charles Caudrelier ("Bostik") ont dû ralentir un peu. Ils ont du faire route au Sud pour éviter la molle qui s’annonce. Le scénario depuis deux-trois jours, avec les bascules de vents des alizés est un peu compliqué. J’ai eu plus de mal à gérer. Mais dans l’ensemble, ça s’est bien passé, on va continuer comme ça. »
Nicolas, qui jusqu’à présent a fait confiance à sa stratégie sans se préoccuper de ses adversaires directs, retrouve ses réflexes de régatiers en revenant au contact de Thomas Rouxel et de Charles Caudrelier. « Je commence à regarder un peu plus les adversaires quand même. Je vais continuer à rester attentif à la météo mais surtout faire mes empannages en fonction des changements de directions du vent. Il va peut-être falloir faire autrement en fonction des prochains pointages, plus observer mes adversaires pour savoir s’ils vont revenir ou pas. Je vais essayer de faire au mieux pour bien finir cette course. Maintenant, il faut que j’aille régler ! » La tension monte et n’est pas prête de retomber. Craquera, craquera pas ? Réponse sous 48 heures…
Encore deux jours de course …
" C’est mou de chez mou, tendu de chez tendu ! ", lâche Charles Caudrelier ("Bostik"), nouveau leader de la flotte depuis ce matin. De fait, le vent a molli ces dernières 24 heures. Les surfs à plus de 15 noeuds et les moyennes quotidiennes supérieures à 10 noeuds ne sont désormais plus qu’un souvenir d’étrave. " Maintenant, il faut serrer les fesses. Ce finish va ressembler à une grosse étape de la Solitaire Afflelou le Figaro dans la pétole. J’espère que ça ne va trop redistribuer les cartes ", s’inquiète le Fouesnantais. Ce vendredi à 15h, les écarts au classement – établis par rapport à la distance au but – sont infimes. Le trio de tête composé de Charles Caudrelier ("Bostik"), Thomas Rouxel ("Défi Mousquetaires") et Nicolas Troussel ("Financo) se tient en moins de 6 milles. En embuscade, Marc Emig (A.ST Groupe) et Liz Wardley ("Sojasun") comptent respectivement 24,4 milles et 44,3 milles de retard. Presque rien après 19 jours de mer. Ceci dit, les écarts entre eux en latitude restent importants : pas moins de 250 milles séparent Emig et Troussel en Nord-Sud. 250 milles, soit la moitié de la distance restant à parcourir ! " Normalement, plus au Nord, ils devraient avoir moins de vent que nous, je ne suis pas trop inquiet ", poursuit Caudrelier. Louis Bodin, le météorologue de la course, confirme : " l’alizé devrait rester de secteur Est. Il sera plus régulier au Sud du 15e Nord. Il aura plus de faiblesses au Nord du 18e Nord. Il devrait donc plutôt favoriser les Sudistes qui devraient pouvoir faire la route directe vers l’arrivée ". De son côté, Marc Emig reste néanmoins optimiste. Le Marseillais, qui pointe en 4e position à 15h, estime que " tout le monde devrait avoir le même vent pour finir. Dans ce cas, ça va être la castagne jusqu’au bout. Il va falloir se concentrer sur sa trajectoire et la vitesse de son bateau. Penser mille par mille. " Le suspense reste entier !
Isabelle Joschke et Cécile Poujol, 2e du grand prix d´Italie
Première course de la saison, d’une distance de 500 milles, (930 km environ) ce premier grand prix italien, parti le samedi 7 avril de Gènes, a conduit les 22 ministes engagés, jusqu’aux îles de Porquerolles, avant de les faire revenir vers l’Est pour contourner le Cap Corse, virer l’Ile de Giglio et retourner à Gènes.
Un beau parcours effectué par Isabelle et Cécile dans le peloton de tête du début à la fin. En effet, dès la première marque de parcours, à Porquerolles, Degrémont-Synergie était pointé en 2e position. Une place que les deux « pepe francesine » ont dû défendre bec et ongle, face à des concurrents très sérieux, et dans des conditions de vent faibles, très faibles, éprouvantes pour les nerfs.
« On espérait boucler ces 530 milles en 4-5 jours. En fait, cela s’est révélé beaucoup plus long à cause d’une météo très molle pendant toute la semaine. Un vrai jeu de patience ! Au passage de Porquerolles, puis de l’île de Giraglia (au Nord du cap Corse), et même à l’arrivée ce matin, on s’est retrouvé sans vent. A chaque fois, on avait pris de l’avance, et on se retrouvait arrêté, alors que les autres revenaient par derrière ! Il a fallu rester concentrée du début à la fin. On n’a pas eu plus de dix minutes d’affilée le même vent. Il fallait sans arrêt changer les réglages et les voiles. Comme la course était en double, c’était gérable. Pendant que l’une manœuvrait, l’autre se reposait », raconte Isabelle Joschke, ravie de cette première course sur son tout nouveau prototype Finot, en compagnie de son amie Cécile Poujol. Cécile, ancienne ministe (Transat 6.50 2003), aujourd’hui convertie au Class 40, qui s’offrait là, un retour aux sources.
Les deux jeunes femmes ne s’étaient fixé aucun objectif de résultat. Seul importait de boucler ces 500 milles qualificatifs pour la Transat 6.50 La Rochelle-Bahia. Elles l’ont fait et bien fait. Ce premier grand prix a permis à Isabelle de jauger sa nouvelle monture, qu’elle connaissait jusqu’alors assez peu, pour l’avoir mise à l’eau en février. Et de se mesurer aux autres concurrents (parmi les 22 engagés, figuraient cinq protos construits cette année) et notamment à des ténors de la classe comme Caracci sur « Speedy Bonsai ». Le résultat est probant. « Degrémont-Synergie » est arrivé derrière son sistership « Déphémérid-Trois ».
Le vent tombe et la pression monte
La « molle » s’installe sur le plan d’eau, rendant les skippers du Trophée BPE – Banque Privée Européenne extrêmement nerveux… Le vent tombe et la pression monte.
Le timbre des voix trahit la tension des marins. Seul Nicolas Troussel (« Financo ») reste égal à lui-même, presque serein. Même si le skipper de Plougasnou avoue des petits moments de stress. Nicolas a profité de la nuit pour conforter sa place de troisième. Calé sur la route directe, avec légèrement plus de vent que ses adversaires, « Financo » grappille les milles. Au petit matin, il était revenu à 11 nautiques de Charles Caudrelier (« Bostik »), le leader, pointé à 470 milles de Marie-Galante.
« Ça va pas mal malgré le vent qui a un peu molli, raconte Nicolas Troussel. Il faudrait d’ailleurs que j’aille régler le bateau. J’avais misé sur cette option Sud depuis longtemps et je suis bien content que ça se soit réalisé comme je le voulais. Maintenant qu’avec Charles Caudrelier et Thomas Rouxel nous sommes décalés, nous sommes dans le sprint final. Cela va vraiment devenir une course de vitesse. Moi je me sens plutôt bien, je vais souvent vite entre deux classements. Je suis sur la route directe depuis hier, donc j’ai juste à faire une trajectoire propre et à m’occuper un peu d’eux quand même. »
Nicolas reconnaît quelques petites inquiétudes la nuit. « La nuit, je ne sais pas trop ce qu’ils font. Il y a toujours ce petit décalage de 25 milles et tu peux prendre cher à la moindre boulette. J’attends donc avec impatience le premier classement de six heures pour me rassurer. Pour le moment cela glisse tranquillement pour tous les trois, mais rien n’est gagné. L’an passé sur l’AG2R, avec Armel le Cleac’h, dans une situation similaire, nous avions tout perdu la dernière nuit… »
A bord de « Défi Mousquetaires », Thomas Rouxel, reconnaît enchaîner les moments de stress. « J’ai perdu Charles hier soir et le début de la nuit a été un peu difficile, reconnaît le jeune skipper d’Erquy. J’avais peu de vent, un angle mauvais, et du coup j’ai réempanné dans la nuit. Je m’attendais à avoir un pointage beaucoup moins bon ce matin… Avec Charles (Caudrelier «Bostik ») nous sommes à peu près au même endroit et ressentons les variations du vent quasiment au même moment, donc c’est normal que nous soyons toujours sur la même route. Maintenant, je vais relativiser et me dire que quoi qu’il arrive, ce n’est que du "bénéf". Nico a bien réduit l’écart mais je pense qu’il a aussi moins de vent. Il reste impressionnant car il ne s’est jamais préoccupé de ses adversaires et est toujours resté calé sur sa route. Il a un bon mental. Pour ma part, j’ai eu un bon coup de stress dans la nuit. Toute cette tension va être difficile pour moi mais je vais essayer de prendre ça avec philosophie. »
Marc Emig « A.ST Groupe », quatrième, est lui aussi sous tension. En ce vendredi 13, Marc veut faire confiance à la chance. « Ça va comme un malheureux dans la molle, confie le Marseillais. J’ai un peu dormi donc ça va mieux mais ce qu’il se passe n’arrange rien. C’était prévisible, je savais que ça arriverait. Ça va être un peu la loterie jusqu’à l’arrivée. Maintenant il va falloir jouer avec les bascules de vent alors qu’on était plutôt sur un régime bien établi. La dépression du haut et le retrait de la dorsale amènent du mou par le Nord, ça va être bizarre pendant trois jours. Au Sud, ils gardent de la pression mais dès qu’ils auront de la molle, ça va être dur pour eux aussi. Leur avantage est qu’ils gardent toujours plus de pression que nous. Notre point positif est qu’on va pouvoir jouer avec la direction du vent. C’est difficile de faire des pronostics car ça change toutes les six heures. Je donne un petit avantage aux Sudistes mais rien n’est joué. Il suffit de pas grand chose. Pour l’instant, j’ai 13 noeuds de vent à 105° mais ça va encore changer dans 24 heures. Inch’Allah ! Moi, j’ai le sentiment d’être dans le sprint final depuis une semaine, depuis les Açores ! Je suis un peu claqué mais moralement tout va bien. Je me sens moins à l’aise qu’hier, donc forcément je doute un peu plus. J’essaie de trouver la meilleure parade et de prier que pour le vent revienne favorable ! Rien n’est prévisible, on est complètement dépendant de la météo, c’est la triste réalité. L’ETA, à priori le 16 au matin. »
Début du championnat d´Europe de Printemps des Star
Xavier Rohart et Pascal Rambeau, sélectionnés de fraîche date pour les JO, abordent l’épreuve de manière plus sereine, même si – comme pour toutes les compétitions avant le mondial de Cascais – ils cherchent « une place dans les cinq premiers, voire le podium » explique le barreur. Le tandem cherchera ainsi à optimiser le fonctionnement à bord et à valider des choix de matériel pendant ces cinq jours de course. Il gardera également un œil sur la concurrence sujette à « pas mal d’émulation » selon l’entraîneur Daniel Dahon. Le Brésilien Robert Scheidt, laseriste de légende converti au quillard cherchera à confirmer sa victoire insolente sur le Troféo Princess Sofia.
Interview de Daniel Dahon, entraîneur des Stars :
« Pour nous, le championnat d’Europe de Printemps fait partie d’un cycle d’entraînement avec deux régates de haut niveau (Xavier et Pascal viennent de terminer cinquième du Trophée Princess Sofia à Palma, ndlr). Sur cette régate, nous avons donc le souci de réfléchir à ce que l’on fait dans un souci de progrès. Le principal axe de travail est le fonctionnement à bord, c’est-à-dire la clairvoyance et la prise de décision car c’est sur ce domaine qu’ils ont la plus grande marge de progression. C’est un de leurs points forts mais ça peut aussi être leur point faible par moments. Ce séjour à Palma est une opportunité car c’est un séjour long qui nous apporte un certain confort pour réfléchir. Mais attention, nous voulons aussi bien régater. Nous en profiterons aussi pour suivre la concurrence. Il y a pas mal d’émulation entre les équipages étrangers qui sont tous en sélection ou en présélection pour les JO, ils auront donc un objectif de performance cette semaine. »
Le grand retour de Nicolas Troussel
" Nicolas Troussel est en train de gagner son pari. Il est vraiment bien placé le garçon ! " lâchait Charles Caudrelier ("Bostik"), ce matin lors de la vacation. Et pour cause, "Financo", le bateau le plus Sud de la flotte, grapille des milles régulièrement sur les deux leaders. Hier au classement de 15h, le marin de Plougasnou, dans le Finistère, comptait 73 milles de retard sur le tandem Caudrelier – Rouxel, contre 26,8 aujourd’hui à la même heure, soit 46,2 milles de moins. " Ca fait du bien de reprendre quelques milles car ça commençait à être dur " explique Nicolas Troussel. En plongeant dans le Sud comme il l’a fait, le skipper de "Financo" a en effet considérablement rallongé sa route (d’environ 600 milles par rapport aux partisants de la route directe). Le 5 avril dernier, il comptait jusqu’à 296 milles de retard sur la tête de la fotte. De plus, il a flirté avec le fond du classement – la 18e place – pendant neuf jours ! De retour dans le top 3 depuis lundi, Troussel poursuit son "bonhomme de chemin ", comme il dit, et pourrait bien se retrouver au contact de "Bostik" et "Défi Mousquetaires" d’ici la fin de journée, sinon demain. " Si la météo reste telle qu’elle est là, ça promet d’être bien ! C’est sûr qu’on manque un peu de fraîcheur, même si on ne s’en rend pas forcément compte, parce qu’on a déjà 18 jours de mer derrière nous. Cependant, je pense être moins fatigué que Thomas et Charles. Ils ont été contraints de faire de nombreux empannages pour suivre le vent ces derniers jours, ce qui n’est pas mon cas. J’ai hâte d’en découdre sur la fin du parcours. Maintenant, ça va être du tout droit, il va simplement falloir jouer au mieux avec les variations du vent entre le jour et la nuit et ajuster sa trajectoire pour l’attérissage sur Marie-Galante", a t-il expliqué. Les navigateurs du Trophée Banque Privée Européenne vont, en effet, devoir choisir d’arriver par le Nord ou par le Sud sur l’île. Dans la journée de demain vraisemblablement. Mais tout est relatif, car il n’y aura plus beaucoup d’écart entre les Sudistes et les autres.