Les concurrents de la 23e Mini Transat EuroChef s’étalent sur près de 350 milles en latéral, les uns et les autres ne bénéficient évidemment pas des mêmes conditions. François Champion est en tête en proto et l’étonnant Melwin Fink en série.
Pour les partisans de la route la plus directe, le vent commence à se montrer très irrégulier et de plus en plus faible. Pour les sudistes, il reste plus consistant mais aussi et surtout plus stable. Cela va devenir encore plus vrai à partir de demain et pour au moins 48 heures. Dans ce contexte, les premiers risquent de voir la donne se corser un peu tandis qu’à l’inverse, les autres devraient commencer à récolter les fruits de leurs options après avoir, dans un premier temps, accepté de perdre du terrain et de moins bien figurer au pointage.
Si hier les vitesses de l’ensemble des concurrents de la Mini Transat EuroChef étaient globalement similaires au nord comme au sud, la donne commence à changer doucement mais sûrement. Pour les marins positionnés au plus près de l’orthodromie, la situation risque même de se compliquer nettement dans les heures qui viennent, et en particulier à partir de demain. Et pour cause, sur leur trajectoire, le vent se transforme petit à petit en « gruyère ». Pour preuve, les vitesses de la petite bande, composée notamment de Tim Darni (432 – So’Kanaa jus 100% naturel) et Stéphan Guérin (427 – Birvidik) en Proto, mais aussi de Brieuc Lebec (914 – Velotrade), Cécile Andrieu (893 – Groupe Adré), Melwin Fink (920 – SignForCom), Lennart Burke (943 – Vorpommern), Federico Waksman (912 – Like Crazy Uruguay), Léo Debiesse (966 – Les Alphas), Jean-Marie Jézéquel (951 – FondApro) ou encore Hugo Dhallenne (979 – YC Saint Lunaire) en Série, oscillent allégrement entre 3 et 9 nœuds depuis ce matin. Et la situation ne va faire que s’empirer puisque devant leurs étraves, ce sont bels et bien de petits airs erratiques qui se présentent, pour au moins 48 heures. « Pour ma part, je ne miserai pas une pièce sur leur option. Le piège était pourtant annoncé depuis quelques jours déjà. Il est très probable qu’ils jouent davantage le jeu de la tactique que le jeu de la stratégie mais ils risquent de bientôt le payer un peu cher », avance François Jambou, tenant du titre chez les Proto et actuellement en pleine préparation de la Transat Jacques Vabre qu’il s’apprête à disputer en double avec Sébastien Audigane en Class40.
Un Arno Biston bluffant
Un avis partagé par Ambrogio Beccaria, vainqueur de la dernière édition en bateaux de Série. « Les vitesses des gars du nord sont de plus en plus irrégulières. Ils parviennent à avoir des petits « boosts » que les modèles ne voyaient pas, mais cela ne va pas durer longtemps. Peut-être qu’ils arriveront à profiter d’un peu plus de pression que prévu mais pour ma part, j’aime plus l’idée de la route sud. En ce sens, je suis assez impressionné de la trace de Giammarco Sardi (992 – Antistene) et plus encore par celle d’Arno Biston (551 – Bahia Express). Hier, il a croisé devant le paquet des leaders composé de Tanguy Bouroullec (969 – Tollec MP/Pogo), Fabio Muzzolini (945 – Tartine sans Beurre) et Pierre Le Roy (1019 – TeamWork) dont les machines sont les plus récentes et les plus abouties de la flotte. Ce qu’il parvient à faire avec son vieux prototype âgé de 16 ans est remarquable, surtout quand on sait qu’au printemps il venait de débarquer sur le circuit et était clairement le plus en galère de tous. Aujourd’hui, il montre qu’il n’a pas froid aux yeux et qu’il ne lâche rien. C’est génial », détaille le navigateur italien. De fait, le jeune Montpellierain qui a fait ses armes en voile légère puis en IRC sur le circuit Méditerranéen, ne manque pas d’audace. Même après avoir recroisé devant les gros bras de la classe, il se concentre sur sa propre route et assume ses choix en continuant de descendre au sud quand les autres semblent se montrer plus frileux à l’idée de plonger en dessous de la latitude du Cap Vert. Pourtant, c’est bel et bien là que pourrait se trouver la sortie si l’on en croit les deux anciens vainqueurs et les derniers routages. Les prochaines 24 heures devraient permettre d’y voir un peu plus clair.
Des petits bobos solutionnés
Ce que l’on retiendra par ailleurs de cette journée, c’est que Cyril Oms (591 – Fantomas) est parvenu à se hisser dans son mât puis à strater sa barre de flèche inférieure bâbord qui lui posait quelques soucis depuis hier, mais également à changer de sous-barbe. Hélène Clouet (697 – Minus), qui était contrariée par un souci de spi emmêlé autour de l’étai, semble avoir solutionné son problème puisqu’elle cavale de nouveau à plus de 7 nœuds de moyenne. Enfin, Camille Bertel (900 – Cap Ingelec), qui s’est brûlé le pied avec son Jetboil il y a deux jours, soigne sa petite blessure avec de la pommade et met les bouchées doubles pour recoller au score.