L´incertitude règne aux abords de la Guadeloupe

Veolia Environnement Route du Rhum 2010
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A moins de 200 milles de Pointe-à-Pitre, impossible de savoir quand le premier franchira la ligne d’arrivée. Samedi soir ? Dimanche matin ou plus tard ? Et malgré une bonne avance de 85 milles sur les suivants, Roland Jourdain (Veolia Environnement) n’est pas encore assuré de réaliser un joli doublé à 24 ou 36 heures d’un final haletant.

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La situation météo s’avère des plus confuses. Tous les navigateurs s’accordent pour dire que leurs conditions du moment ne correspondent pas aux prévisions. Avec une telle incertitude, un revirement de situation est envisageable. Devant, les deux premiers naviguent au près avec un vent contraire. Derrière eux, trois concurrents descendent au portant vers les Grandes Antilles. Entre ces deux groupes, le vent brille par son absence. Plus le dénouement approche et plus le risque de tout perdre augmente pour Roland Jourdain qui mène la flotte depuis neuf jours sur douze jours de course.

« Je me suis déjà fait assez de cheveux et de poils blancs sur les courses précédentes pour savoir que ça ne sert à rien de dépenser inutilement son énergie. » Roland Jourdain se veut philosophe. A moins de deux jours de l’arrivée, il sait que la messe est loin d’être dite. Concentré, battant, Bilou n’entend pas céder un pouce à ses adversaires. Derrière lui, la meute est aux abois. Armel le Cléac’h n’est pas facile à distancer. Les milles sont grappillés un par un sur le double vainqueur de la Solitaire du Figaro et de la Transat AG2R. Les deux hommes sont dans le même système météo, ce qui “facilite“ le travail de contrôle pour Bilou. Mais les trois suivants progressent au portant de l’autre côté d’un petit thalweg qu’il faudra peut-être traverser à un moment ou un autre. Impossible de les contrôler pour l’instant. Cela supposerait de traverser ce thalweg où le vent fait défaut.

Lemonchois prend les commandes
Après avoir perdu les commandes de la flotte, trois jours après le départ, suite à un problème de système de lashing, Lionel Lemonchois (Prince de Bretagne) pointe de nouveau en tête à 500 milles de l’arrivée en Guadeloupe après avoir dépassé, ce vendredi en milieu de matinée, Lalou Roucayrol (Région Aquitaine – Port Médoc). Les deux hommes continuent de naviguer au près sans trop s’éloigner de la route directe. Mais dès demain, ils devront composer avec une grande zone de calme qui s’installe près d’Antigua avant de récupérer un faible alizé. Leurs concurrents plus au sud poursuivent leur trajectoire dans des conditions plus agréables en enchaînant les empannages. Ils espèrent pouvoir jouer les trouble-fêtes sur la fin du parcours.

Ruyant toujours en tête de la flotte de Class40
A 1 000 milles de l’arrivée, sept solitaires se détachent du peloton de la série la plus représentée sur l’océan. 450 milles en latéral séparent toutefois les membres de cette famille de leaders sommés de retourner au front. Au propre comme au figuré avec une mer casse-bateaux et des violentes rafales. Très au Nord, l’actuel et solide leader Thomas Ruyant (Destination Dunkerque), après avoir vu hier ses coriaces poursuivants reprendre du terrain dans une zone de transition, a retrouvé du vent, de la vitesse… et le moral ! Imperturbable, il applique à la lettre la célèbre devise de Jean Le Cam, selon laquelle lorsque la situation météo est bouchée, il faut faire de l’Ouest. Droit dans le front donc, dans le plus dur du dur, avec le risque fort d’avoir à se rallonger sa route dans des conditions rugueuses.

Aux avant-postes, le concurrent le plus Sud, Nicolas Troussel (CMB) sera le moins concerné par ces fortes brises contraires, mais le flux au travers qu’il a attrapé dans ses voiles pour le propulser en 3è position, menace, lui, de s’essouffler à l’avant du front. Fort des ses 237 milles parcourus sur les dernières 24 heures, il semble paré à tirer tous les bénéfices de son options qui se présenteront devant son étrave. En pole position pour jouer la victoire jusqu’au bout : Yvan Noblet (Appart City). En embuscade, le skipper morbihannais reste le mieux placé pour arbitrer la guerre des trajectoires. Mais, il doit aussi surveiller ses arrières menacées par Samuel Manuard (Vecteur Plus), Damien Grimont (Monbana), Jorg Riechers (Mare.de) et Jean-Edaouard Criquioche (Groupe Picoty)…. Tous ceux là progressent au près et essuient un front costaud. Pour ne rien gâcher, ils sont réunis dans un rayon de 60 milles !