L’état de fatigue des coureurs :
Jean-Pierre Dick : « Notre niveau de fatigue, on va l’évaluer dans jours qui viennent. Il y a de l’adrénaline en permanence. On ne s’est pas figé dans des quarts trop rigides. On a réussi à se préserver l’un et l’autre par respect mutuel. Au niveau sportif, le mois le plus intense a été la descente de l’Atlantique avec Foncia. Et puis dans le fait de savoir se ménager, il y a aussi les vertus de l’expérience. »
Loïck Peyron : « En général, quand on a l’air trop fatigué à l’arrivée, c’est qu’on n’a pas gagné ! Bizarrement. Mais c’est vrai qu’en marathon, les derniers ont l’air plus fatigués que les vainqueurs. L’expérience sert à ça : éviter de dépenser de l’énergie inutile, de la gamberge inutile. C’est une question de gestion de la course. Mais ça n’empêche que c’est fatiguant. Étonnamment, jusqu’à la fin, on a été dessus en permanence. Ce sont des bateaux fatigants. »
Loïc Peyron à propos des qualités de Jean-Pierre :
« Il est peut-être le marin qui a le plus navigué ces dix dernières années. Il a fait des milliers de milles. Il est opiniâtre. C’est vrai que nous ne somme pas vraiment jumeaux tout les deux, mais nous sommes très complémentaires.»
L’ambiance à bord :
Loïck Peyron : « Non, il n’y a pas eu d’engueulades. Parfois, on s’engueule soi-même, on se fait des reproches quand on n’a pas réussi un truc. La nuit dernière, par exemple, on a fait des bêtises tous les deux en même temps. Mais non, il y a eu une vraie connivence, une vraie cohésion. Il a des moments inévitables. Quand on est comme nous deux célibataires endurcis qui vivent ensemble dans une chambre de bonne… Les petits défauts de l’autre se voient davantage. Mais on a bien géré ce paramètre-là. »
Un grand moment, un moment fort :
Jean-Pierre Dick : « C’est le passage du cap Horn, c’est la sortie. La vision de ce cap est magique. On est passé à moins d’un demi mille, je n’étais jamais passé aussi près. On s’est fait un peu déventer, mais j’étais vraiment heureux d’être là. Ça veut dire que c’est la fin d’un mois de conditions difficiles. »
Loïck Peyron : « On a battu le record des 24 heures, presque sans s’en apercevoir… Un record, il faut que ce soit facile, dans des conditions idéales. C’est quand le bateau souffre le moins qu’on y arrive. Et puis il y a le Horn, forcément, une symbolique."
Sur les tours du monde :
Jean-Pierre Dick : « Mon programme c’est la suite de l’aventure IMOCA. J’ai envie de gagner le Vendée Globe. Je vais essayer de réaliser une des courses de ma vie. Après, on verra. »
Loïck Peyron : « Non. Je n’ai jamais dit stop. Si je pouvais le faire en famille et en croisière, ce serait super. Bien sûr que j’aimerais en refaire. Cette petite angoisse du départ, la même envie d’arriver et une fois qu’on y est, on se demande quand on va y retourner. C’est assez marrant parce que pendant, il y a des longueurs. Pendant trois mois, on se demande parfois ce qu’on fout là. Mais il y a tellement pire ailleurs, sur terre. Des moments difficiles de par le monde. Sur l’eau, tout cela nous échappe. On n’est pas connecté en permanence sur Google actualité. On s’intéresse juste aux vols des albatros et à la prochaine déferlante. C’est un peu égoïste comme fonctionnement. Mais on essaye de le faire partager et de faire rêver un peu. Les conquérants de l’inutile que nous sommes, nous essayons aussi de servir à quelque chose, de temps en temps. »
Sur l’ampleur qu’a pris la course :
Jean-Pierre Dick : « L’épreuve a pris de l’ampleur à tous les niveaux. Au niveau sportif, le plateau est nettement plus relevé, très international. L’équipe espagnole était remarquable. Les Espagnols ont appris très vite. Notamment Iker et Xabi qui sont d’excellentes recrues. Leur vitesse d’apprentissage est impressionnante. »
Pendant ce temps, la course continue
Les paroles des vainqueurs ne doivent pas faire oublier que leurs poursuivants n’en ont pas tout à fait terminé avec ce tour du monde. Iker Martinez et Xabi Fernandez, à bord de MAPFRE, devraient en finir demain aux alentours de midi alors qu’à bord de Renault Z.E. Antonio Piris et Pachi Rivero s’apprêtent à franchir le détroit de Gibraltar. Les deux navigateurs basques sont privés de gazole et ne disposent plus d’énergie. Leur fin de course risque de s’apparenter à un long calvaire sans pouvoir s’alimenter, ni s’hydrater correctement.
Pendant ce temps aux antipodes, Central Lechera Asturiana, victime d’un bris de varangue, fait route sur le port d’Auckland. Juan Merediz et Fran Palacio n’ont cependant pas encore annoncé leur abandon à la direction de course.
Classement de 16h
1 Jean Pierre Dick – Loick Peyron VIRBAC-PAPREC 3 Arrivé le 04/04/2011 12:20:36
2 Iker Martinez – Xabi Fernandez MAPFRE à 152,8 milles de l’arrivée
3 Pachi Rivero – Antonio Piris RENAULT Z.E à 407,1 milles de Mapfre
4 Alex Pella – Pepe Ribes ESTRELLA DAMM à 624,1 milles
5 Boris Herrmann – Ryan Breymaier NEUTROGENA à 1034,8 milles
6 Dee Caffari – Anna Corbella GAES CENTROS AUDITIVOS à 1714,8 milles
7 Wouter Verbraak – Andy Meiklejohn HUGO BOSS à 2781,7 milles
8 Gerard Marin – Ludovic Aglaor FORUM MARITIM CATALA à 3649,5 milles
9 Jaume Mumbru – Cali Sanmarti WE ARE WATER à 6069,6 milles
10 Juan Merediz – Fran Palacio CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 10 344,3 milles