Les conditions éprouvent les équipages

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C’est une des règles d’or de la course au large. Quand on a choisi une option, il faut savoir l’assumer. Vouloir changer de camp est une entreprise soumise le plus souvent à de graves déconvenues. C’est pourtant ce qu’ont réussi à faire Jean-Edouard Criquioche et Jacques Fournier, à bord de Groupe Picoty. En profitant d’un passage de front plus étendu que prévu, ils ont retardé l’échéance du virement de bord et ont pu se recaler légèrement en dessous du trio Tales, Aquarelle.com et Mare.de2.

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Car pour le groupe du sud, l’inquiétude est que les hommes du nord, au fur et à mesure qu’ils pourront ouvrir leurs voiles, bénéficient d’un flux d’ouest à nord-ouest un peu plus soutenu et puissent faire parler toute la puissance de leur Class40.

Retour à la Corogne
Mais il faut aussi pouvoir tenir : l’incident survenu à Tales, le démontre encore. La sortie du golfe de Gascogne par vent d’ouest, n’a rien d‘une sinécure. Sans être dans des conditions extrêmes, les Class40 tapent à chaque vague, fatiguant équipages et gréements. Gonzalo Botin et Pablo Santurde en sont les premières victimes et ce doit être d’autant plus rageant pour l’équipage espagnol qu’il avait réalisé jusque là une course exemplaire. En tête tout au long du parcours côtier de départ, le tandem avait ensuite démontré un sens stratégique subtil allié à une belle vitesse. Décidément, après son abandon à Horta lors de l’édition de 2009, Gonzalo Botin voit le chat noir s’acharner sur lui.

Petites misères
Dans ces conditions météorologiques difficiles, le moindre incident peut prendre des proportions importantes. Certains s’accommodent fort bien de ce rythme et vont profiter de ces conditions sélectives pour creuser l’écart. A ce petit jeu, l’expérience paie : ce n’est pas un hasard si l’on retrouve aux avant-postes les équipages les plus aguerris. Au nord Groupe Picoty, Aquarelle.com et Mare.de2 mènent la danse tandis qu’au sud c’est Bureau Veritas et l’Express Sapmer qui se portent aux avant-postes. Pour d’autres, c’est plus difficile : Patrice Bougard à bord d’Exedra avouait avoir manqué de la lucidité nécessaire pour tirer les bons bords. Pour Lionel Régnier et Pierre-Yves Cavan (Wanted Partner), c’est la difficulté à tirer sur un bateau neuf qui, si les deux ne parviennent pas à boucler leur budget pour leur tour du monde, devrait être à vendre rapidement. Etre en bonne forme physique et morale est une des conditions évidentes pour prétendre à la gagne.

Ils ont dit :

Vincent Barnaud (Bureau Veritas): « On tire des bords en essayant de perdre le moins possible sur ceux du nord. On n’a pas de souci technique, mais on cherche encore un peu les bons réglages, vu que l’on ne connaît pas encore très bien le bateau. Avec Stéphane, l’entente est excellente. On a tous les deux l’habitude de naviguer en solitaire, donc on se relaie régulièrement sur le pont et à chaque changement, on en profite pour faire le point affiner la stratégie. Pour l’heure c’est avantage à ceux du nord, mais on espère avoir des coups à jouer avant les Açores.»

Jean-Edouard Criquioche (Groupe Picoty): « Le bateau marche bien, mais on n’a pas su choisir notre camp la première nuit. J’étais un peu dans le pâté les vingt-quatre premières heures, du coup on a tergiversé et on s’est retrouvé au milieu de la flotte. Les fichiers annoncent encore du près pendant plusieurs jours. C’est assez fatiguant sur ces bateaux qui tapent beaucoup.»

Jörg Riechers (Mare.de2) : « C’est un peu humide, mais sinon tout va bien à bord. Ça fait toujours plaisir de remonter dans le classement. Ça va être un grand bord vers les Açores. Le vent devrait mollir légèrement et tourner un peu. Ça risque de nous faire un long bord de reaching vers l’arrivée. Ça tombe bien, on aime bien ça.»